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Liban - Liban-Sud

Le Quai d’Orsay et la Finul insistent sur la liberté de mouvement des Casques bleus

Des députés du Hezbollah ont réitéré hier les critiques à l'égard des Casques bleus, tandis que le porte-parole de la Finul rappelait que, pendant les années de guerre, les soldats de la force de maintien de la paix se tenaient constamment aux côtés des habitants pour les protéger.
C'est un véritable branle-bas de combat politico-diplomatique, dépassant le cadre strictement libanais, qu'ont suscité au cours des dernières vingt-quatre heures les agressions répétées, perpétrées par des « habitants » contre les Casques bleus de la Finul au Liban-Sud, et dont certaines ont été délibérément orchestrées, comme l'a souligné à la fin de la semaine dernière M. Michael Williams, représentant personnel au Liban du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Cette question a été au centre de l'entretien impromptu que le Premier ministre Saad Hariri a eu hier à Paris avec le président égyptien Hosni Moubarak (voir par ailleurs). Dans le même temps, aussi bien le Quai d'Orsay que la Finul réaffirmaient leur attachement « ferme » à la liberté de mouvement de la force onusienne de paix au Liban-Sud. Et pendant que la polémique se poursuivait de plus belle entre les ténors du 14 Mars et les pôles du 8 Mars au sujet de la mission de la Finul et de la résolution 1701, le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, effectuait une tournée au Sud où il a notamment conféré avec le commandant de la Finul, le général Alberto Asarta, afin de renforcer la coopération entre les deux forces.
Selon des sources diplomatiques citées par l'agence al-Markaziya, la tension apparue ces derniers jours dans la région méridionale du fait des agressions contre la Finul serait le fruit, entre autres, de nouveaux tiraillements qui se seraient manifestés ces derniers temps entre l'Égypte et la Syrie, ou aussi entre la Syrie et le pouvoir libanais. Le régime syrien aurait en effet perçu d'un mauvais œil la visite du leader des Forces libanaises, Samir Geagea, au Caire, ainsi que la position du président Michel Sleiman concernant le dossier de la délimitation des frontières entre le Liban et la Syrie. Il était ainsi « naturel », souligne la Markaziya, que cette « mauvaise humeur » syrienne se répercute dans une certaine mesure sur la situation au Sud, parallèlement aux facteurs iraniens et hezbollahis, lesquels demeurent le principal facteur ayant déclenché les réactions d'hostilité des « habitants » à l'égard de la force de maintien de la paix.
En adoptant une position de recul, il paraît évident que le véritable enjeu de cette récente tension est la liberté de mouvement des Casques bleus dans leur zone d'opération, au sud du Litani. Car si le Hezbollah, par « habitants » interposés, parvient à imposer des contraintes au mouvement de la Finul, la résolution 1701 aura alors été vidée de son essence, ce qui laisserait la porte ouverte au parti chiite pour qu'il bénéficie à nouveau d'une liberté totale d'action dans les régions méridionales.
En tout état de cause, le Quai d'Orsay a adopté hier une position tranchée à cet égard, rappelant notamment que la Finul est « autorisée à prendre les mesures nécessaires dans les secteurs où elle est déployée ». Au cours de son point de presse électronique d'hier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et européennes a ainsi commenté en ces termes la situation au Sud-Liban : « La résolution 1701 demande à la Finul d'accompagner et d'appuyer les forces armées libanaises à mesure de leur déploiement dans tout le Sud. Par ailleurs, la résolution autorise la Finul à prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées et, quand elle le juge possible, dans les limites de ses capacités, à veiller à ce que son théâtre d'opérations ne soit pas utilisé pour des activités hostiles de quelque nature que ce soit, à résister aux tentatives visant à l'empêcher par la force de s'acquitter de ses obligations dans le cadre du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité, et à protéger le personnel, les locaux, les installations et le matériel des Nations unies, à assurer la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations unies et des travailleurs humanitaires. »
Et le porte-parole du Quai d'Orsay d'ajouter : « Nous rappelons plus généralement que la liberté de mouvement des Casques bleus dans leurs zones d'opérations est une des conditions indispensables à la mise en œuvre des opérations de maintien de l'ordre. Par conséquent, nous appelons fermement au respect de cette liberté de mouvement. »
Dans ce cadre, il convient d'indiquer que les sources diplomatiques citées par la Markaziya affirment que la France, l'Espagne et l'Italie adopteront d'ici à une dizaine de jours une position « ferme » au sujet de la situation au Sud. À ce propos, les ambassadeurs de France, Denis Pietton, d'Italie, Gabriele Checchia, et d'Espagne, Juan Carlos Gafo, devaient se rendre hier après-midi à la Maison de la Finul, à Bir Hassan, afin de s'entretenir avec le commandant des Casques bleus, le général Alberto Asarta, dans le but de s'informer des détails des derniers développements survenus dans la zone d'opération de la force de maintien de la paix. Dans un communiqué de presse, l'ambassadeur d'Espagne devait réitérer « l'engagement de l'Espagne au sein de la Finul et son appui à la mission des troupes internationales ainsi qu'à son commandant espagnol, le général Alberto Asarta ».

La position de la Finul
C'est une position tout aussi ferme et tranchée que le porte-parole de la Finul, Niraj Singh, a définie hier en soulignant que « les derniers événements ont mis l'accent sur la nécessité d'assurer la liberté de mouvement des soldats de maintien de la paix ». « La Finul est là à la demande du gouvernement libanais afin d'exécuter une mission limitée fixée par le Conseil de sécurité, a déclaré le porte-parole. Il existe un consensus libanais concernant la mission de la Finul sur base de la résolution 1701. Afin qu'ils puissent accomplir efficacement la mission qui leur a été confiée, il est nécessaire que les membres de la Finul puissent bénéficier d'une liberté totale de mouvement dans leur zone d'opération, et il est du devoir des autorités libanaises de garantir » cette liberté de mouvement.
Le porte-parole a, d'autre part, souligné que le commandant de la Finul a relevé que « la résolution 1773 adoptée en 2007 presse toutes les parties à respecter fermement leur engagement à préserver la sécurité des membres de la Finul et à garantir leur liberté totale de mouvement dans sa zone d'opération ». Et d'ajouter : « La Finul œuvre en coopération étroite avec l'armée libanaise et toutes ses activités sont totalement coordonnées avec l'armée. Le but de sa mission est de garantir la sécurité des Libanais, de même que des liens humains étroits existent entre la Finul et les habitants du Liban-Sud. Ces liens ont été forgés durant de longues années, à l'ombre des guerres et des destructions, lorsque les forces de maintien de la paix se sont tenues aux côtés des habitants afin de leur assurer une protection ».
En conclusion, le porte-
parole de la Finul a relevé qu'un « calme sans précédent a été établi au cours des quatre dernières années grâce aux efforts conjoints de l'armée libanaise et de la Finul ».

La tournée de Kahwagi
Dans ce contexte, le commandant en chef de l'armée a inspecté hier les unités régulières en poste au Liban-Sud et a ensuite conféré avec le commandant de la Finul. Dans un communiqué de presse, le commandement de l'armée a indiqué que cet entretien a porté sur « les moyens de renforcer le mécanisme adéquat d'action dans le but d'accroître la coordination et la coopération entre l'armée et la force onusienne, en renforçant la relation avec les habitants ».
Et le communiqué de l'armée d'ajouter : « Depuis leur arrivée au Liban, les forces de l'ONU ont été bien accueillies par les habitants. De ce fait, il ne faut nullement craindre pour la sécurité de ces forces. Les participants à la réunion ont affirmé que les malentendus passagers qui se produisent parfois n'influent pas sur l'exécution de la mission de la force internationale. Ces incidents sont dépassés, ce qui consolide le calme et la stabilité dans la région, et renforce les actions de développement communes. Le commandant de l'armée a souligné que les forces internationales, bien que formées de diverses nationalités, sont liées aux Nations unies pour tout ce qui a trait à leur mission. Elles ne subissent donc pas l'impact des prises de position politiques adoptées par les pays participant à la force de maintien de la paix. »
Par ailleurs, au cours de sa rencontre avec les unités régulières en pose au Sud, le général Kahwagi a réaffirmé « l'attachement du Liban à la résolution 1701, en préservant les règles d'engagement définies dans cette résolution ».

Les réactions
Sur le plan des réactions enregistrées hier au sujet des derniers développements au Sud, le leader des Kataëb, le président Amine Gemayel, a vivement stigmatisé les agressions contre les Casques bleus. À l'issue d'un entretien qu'il a eu à Bkerké avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, avec qui il a évoqué ce dossier, le président Gemayel a dénoncé la position incohérente de certaines factions locales. « D'une part, nous appelons les forces de l'ONU à assumer leurs responsabilités, mais dans le même temps, nous dressons toute sorte d'obstacles qui entravent leur mission », a notamment déclaré le président Gemayel qui a déploré le fait que « l'État libanais et ses services n'assument pas leurs responsabilités sur ce plan ». « Il est du devoir de l'État et ses services de protéger les forces de l'ONU politiquement et de les soutenir sur tous les plans, a souligné le leader des Kataëb. Ces forces sont venues au Liban afin de contribuer au maintien de la sécurité, d'appliquer l'accord d'armistice et de préserver les frontières internationales du Liban face à Israël. »
De son côté, le ministre Boutros Harb a passé en revue la situation au Sud avec l'ambassadrice des États-Unis, Michelle Sison, qu'il a reçue à son bureau du ministère. Dans une déclaration à la Voix du Liban faite plus tard dans la journée, M. Harb a condamné les agressions contre la Finul, appelant « l'État libanais et les factions politiques à assumer leurs responsabilités ». M. Harb a, d'autre part, demandé de saisir le Conseil des ministres de ce dossier « afin d'adopter une position officielle » à ce propos.
Plusieurs autres ténors et pôles du 14 Mars ont également condamné les agressions contre la Finul, mettant en garde contre toute tentative de torpiller la mission de la force onusienne et dénonçant la volonté d'utiliser la carte du Liban pour faire pression sur la communauté internationale ou « régler des comptes qui ne concernent pas le Liban ». Le vice-président de la Chambre Farid Makari, les députés Ziyad Kadri et Atef Majdalani, l'ancien député Moustapha Allouche, ainsi que le conseiller du président Fouad Siniora, Aref el-Abed, ont fait des déclarations en ce sens, tandis que le conseil national de la révolution du Cèdre publiait un communiqué s'élevant contre l'attitude du Hezbollah à l'égard de la Finul.

Les critiques du 8 Mars contre la Finul
Dans le camp adverse, le député Walid Succarieh, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a accusé la Finul de « chercher à violer la résolution 1701 car son comportement relève de la responsabilité de l'armée libanaise et non de la sienne », précisant à ce sujet que la Finul est « une force de protection et non pas une force de dissuasion, en ce sens qu'elle n'est pas habilitée à utiliser ses armes pour défendre le Liban ».
Pour sa part, le député Ali Fayad, également membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a déclaré que « le conflit ne porte pas sur la résolution 1701, mais sur l'interprétation de cette résolution, du fait des deux lectures libanaise et israélienne ». « Nous ne permettrons pas que soit imposée aux Libanais la lecture israélienne car cela inciterait Israël à porter atteinte à notre souveraineté et notre sécurité », a déclaré M. Fayad qui a ajouté qu' « il est erroné de penser que le malentendu oppose la Finul au Hezbollah, car il oppose avant tout la position officielle libanaise à la force internationale ».
Affirmant que « le Hezbollah et les habitants ne font pas preuve d'hostilité à l'égard de la Finul », M. Fayad a déclaré que « la force de l'ONU doit prendre en considération la situation et les spécificités des villages du Sud et ne pas traiter ces villages comme si la résolution 1701 les plaçait dans une situation d'accusé ». « Certains agissements de la Finul laissent penser que le problème se pose au niveau des villages et des civils libanais, et non pas au niveau d'Israël et de ses violations de la souveraineté libanaise », a affirmé le député du Hezbollah.
C'est un véritable branle-bas de combat politico-diplomatique, dépassant le cadre strictement libanais, qu'ont suscité au cours des dernières vingt-quatre heures les agressions répétées, perpétrées par des « habitants » contre les Casques bleus de la Finul au Liban-Sud, et dont certaines ont été...

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