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Culture - Scène

« Mind and Soul », le paradis perdu d’avance

Sous le fragile dôme du Garten, le voyage Mind and Soul débute dans la nuit bleu pétrole du ciel du Biel. Le public disparate se répartit autour de la scène sur des fauteuils délicats; tout au long du spectacle, ils ne perdront pas une miette de la lente agonie des acteurs. Les performances des danseurs, de la peintre, de l'orchestre content la lente déchéance de deux artistes qui se rencontrent dans un monde torturé. Si les danseurs impressionnent de justesse, l'orchestre produit à dessein un chaos sonore et bruyant qui s'élève graduellement jusqu'à devenir un cri hystérique et strident. Les spectateurs, cherchant un répit dans ce ballet toxique, lèvent fébrilement les yeux et découvrent, sous les étoiles qui percent la coupole, une peintre suspendue et solitaire qui jette des éclats de peinture sur une plaque en verre. Et qui dessine peu à peu une forme sans vie, étendue et prostrée. Les peintures obscures de Noor Fakhoury sont exposées et vendues après chaque spectacle, comme le témoignage fugace d'une prestation qui ne se répète jamais à l'identique.

Âme... stram-gram
À propos de Mind and Soul, Feyrouz Abou Hassan déclare: «Le spectacle tourne autour de la dualité entre l'esprit et l'âme, la passion et la sagesse. Si l'on se laisse guider par eux, on peut survivre, mais si l'argent et le pouvoir s'emparent de nous, cela nous conduit à l'autodestruction.» La pièce réunit des âmes naufragées qui semblent destinées à sombrer. Évoluant entre terre et air, suspendus à des harnais qui les entravent, les danseurs se frottent désespérément les uns aux autres, faisant la mort et l'amour, avant d'être irrémédiablement séparés. «J'aimerais qu'en regardant la performance, le spectateur plonge dans son intériorité et se laisse guider par son imagination. Chacun est libre de voir ce qu'il veut», poursuit-elle. Le spectacle sert d'écrin aux angoisses brutes de corps en perpétuel combat; ils luttent pour ne pas perdre leurs âmes déjà damnées dans un monde qui les écorche.

Stairway to hell
L'un des personnages semble évoluer à part: la chef d'orchestre, dont la chevelure rousse et floue, l'ensemble mauve et les lèvres vermeilles dessinent une arborescence spasmodique au gré de ses mouvements saccadés. Les danseurs ne portent ni coque ni gaine, et se dévoilent autant dans leurs mouvements suggestifs que dans leurs formes révélées. Dérangeante et troublante, la pièce est plus expérimentale qu'esthétique. Mind and Soul fait partie de ces performances hétéroclites qui peuvent déplaire autant que subjuguer. Les muses vénales égarées dans un éden cauchemardesque se débattent contre un chaos fantasmagorique, avant de sombrer éperdument. Une dernière convulsion sonore et sensuelle, puis les dernières notes de l'orchestre s'éteignent enfin. Les archanges maudits, eux, continuent de danser en silence.

*Jusqu'au 4 août, au Garten, Biel. Ouverture des portes à 20h30.

Sous le fragile dôme du Garten, le voyage Mind and Soul débute dans la nuit bleu pétrole du ciel du Biel. Le public disparate se répartit autour de la scène sur des fauteuils délicats; tout au long du spectacle, ils ne perdront pas une miette de la lente agonie des acteurs. Les performances des danseurs, de la peintre, de l'orchestre content la lente déchéance de deux artistes qui se...

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