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À La Une - coup d'Etat manqué

La purge en Turquie s'étend aux entreprises, des journalistes menacés de prison

A ce jour, plus de 18.000 personnes ont été mises en garde à vue à un moment donné.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, donnant un discours le 29 juillet 2016 devant une caserne des forces spéciales de la police endommagée par les affrontements qui ont eu lieu dans la nuit du putsch raté, le 15 juillet. Photo Kayhan Ozer/Courtesy of Presidential Palace/Handout via REUTERS

La purge en Turquie s'est étendue vendredi au monde des affaires, avec de premières gardes à vue de dirigeants d'entreprise tandis qu'une vingtaine de journalistes étaient menacés de prison, deux semaines après le putsch raté.

Le ministre de l'Intérieur Efkan Ala a annoncé vendredi de nouveaux chiffres donnant la mesure de ce "grand ménage" après la nuit du soulèvement du 15 juillet qui s'est soldée par 270 morts et a représenté la pire menace pour le pouvoir islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan.

A ce jour, plus de 18.000 personnes ont été mises en garde à vue à un moment donné. Près de 10.000 d'entre elles sont poursuivies et placées en détention préventive, a dit le ministre, et 3.500 ont été libérées.
Quelque 50.000 passeports ont été annulés, une "précaution contre le risque de fuite des terroristes", a précisé un responsable turc, alors que la Turquie s'est installée dans l'état d'urgence pour trois mois, ce qui autorise la prolongation des gardes à vue jusqu'à 30 jours pour éradiquer "le virus".

Accusé du putsch par le président Erdogan sans qu'aucune preuve publique n'ait été fournie, le prédicateur septuagénaire Fethullah Gülen a démenti tout rôle dans le coup d'Etat avorté, depuis son exil américain.
Mais ses sympathisants présumés sont les victimes d'une chasse aux sorcières radicale qui touche l'armée, les médias, la justice et l'éducation.

La Turquie a étendu vendredi au monde de l'entreprise sa traque aux gulénistes, alors que l'Union européenne laissait entrevoir un gel des négociations d'adhésion d'Ankara en cas de violation de l'Etat de droit.
Mustafa Boydak, président du conglomérat familial Boydak Holding, a été arrêté à Kayseri (centre), en même temps que deux dirigeants de son groupe, Sukru Boydak et Halit Boydak, a rapporté l'agence progouvernementale Anadolu.

Des mandats d'arrêt ont également été délivrés contre l'ex-président de ce groupe qui a des intérêts dans l'énergie, la finance, et les meubles, ainsi que contre deux proches.
Mustafa Boydak est également le président de la Chambre de commerce de Kayseri, qui fait partie des "Tigres d'Anatolie", ces villes ayant prospéré sous le règne de M. Erdogan.

 

(Lire aussi : En Turquie, 16.000 personnes en garde à vue, 50.000 limogées : les purges en chiffres)

 

'Tigres d'Anatolie'
L'économie turque repose sur des conglomérats familiaux qui possèdent les plus grandes marques du pays.
La purge des médias -- dont 131 ont été fermés abruptement -- s'est poursuivie avec la comparution de 21 journalistes devant un tribunal d'Istanbul. Le parquet a requis pour 20 d'entre eux la détention préventive et pour Bulent Mumay, ancien éditeur du quotidien Hurriyet, une libération sous caution.

Parmi eux figure Nazli Ilicak, ancienne députée, licenciée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 après avoir critiqué des ministres empêtrés dans un scandale de corruption -- orchestré, a assuré Ankara, par Gülen.

Des confrères s'étaient rassemblés devant le tribunal pour les soutenir, a constaté une journaliste de l'AFP, qui les a vus ressortir sans menottes mais flanqués de policiers les tenant par les bras.
Parmi les 47 employés de Zaman, quotidien guléniste jusqu'à sa brutale reprise en main en mars, 13 ont été placés en garde à vue, dont l'ex-éditorialiste et poète Hilmi Yavuz, 80 ans.

 

(Lire aussi : « Profil bas » pour les communautés chrétiennes de Turquie)

 

Critiques américaines 'ridicules'
Profondément "purgée" elle aussi, l'armée turque continuera la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique et sortira renforcée de son remaniement, a affirmé le chef de la diplomatie Mevlut Cavusoglu, en réponse aux critiques "ridicules" du général américain Joseph Votel, commandant des opérations du Pentagone au Moyen-Orient.

Le président Erdogan a accusé ce général de "prendre le parti des putschistes".
"Celui qui a ourdi le coup d'Etat est déjà dans votre pays et vous le nourrissez", a-t-il lancé au sujet de Gülen, dont Ankara demande l'extradition.

Le général américain avait dit "craindre l'impact que pourraient avoir" les purges dans l'armée turque sur les relations entre Washington et la hiérarchie militaire turque, selon des médias américains.
L'armée turque a subi un vaste remaniement après le limogeage de près de la moitié de ses généraux (149). Le vice-chef d'Etat major, le général Yasar Guler, prend la tête de la gendarmerie et le commandant la 1re armée, le général Umit Dundar, assume les fonctions de vice-chef d'Etat-major.

Pour combler le vide créé par la saignée dans la hiérarchie de la deuxième armée de l'Otan, 99 colonels ont été promus général ou amiral.
"Nous allons fermer la base d'Akinci", a déclaré le Premier ministre Binali Yildirim au sujet de la base aérienne, près d'Ankara, d'où ont décollé les appareils des mutins avant de semer la panique à Istanbul et dans la capitale.
"Toutes les bases dont sont partis les hélicoptères et les chars seront fermées", a-t-il lancé, "nous éliminerons tous les risques de nouveau putsch", a-t-il tonné devant la presse.

 

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La purge en Turquie s'est étendue vendredi au monde des affaires, avec de premières gardes à vue de dirigeants d'entreprise tandis qu'une vingtaine de journalistes étaient menacés de prison, deux semaines après le putsch raté.
Le ministre de l'Intérieur Efkan Ala a annoncé vendredi de nouveaux chiffres donnant la mesure de ce "grand ménage" après la nuit du soulèvement du 15 juillet...

commentaires (1)

Par contre pour ça on ne lui en voudra pas . Y a pas qu'en turquie qu'on devrait purger l'économie ... c'est mondial ...hahaha..

FRIK-A-FRAK

17 h 18, le 29 juillet 2016

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Commentaires (1)

  • Par contre pour ça on ne lui en voudra pas . Y a pas qu'en turquie qu'on devrait purger l'économie ... c'est mondial ...hahaha..

    FRIK-A-FRAK

    17 h 18, le 29 juillet 2016

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