Les ateliers de la rue Cambon ont ainsi été recréés dans les moindres détails sous la verrière du Grand Palais. Tables, machines à coudre, miroirs, épingles, tissus, fils multicolores, toiles et mannequins: l'univers des couturières est mis en lumière et animé devant les spectateurs par les premières d'atelier, suivies de leurs secondes et de soixante-dix-huit couturières de la maison Chanel qui en comptent plus de cent vingt. «Je trouvais qu'il était très moderne de les faire participer. Elles ne voient jamais le défilé et doivent être mises à l'honneur.»
Silhouettes épurées et tissus précieux
La coupe définit cette saison une silhouette épurée. Elle est le fil conducteur d'une collection structurée et graphique. Des épaules lamelles ou biseautées, tendues de coutures en crête à «effet debout», encadrent un profil plat, sans aucun padding (rembourrage). Des manches 3/4 répondent aux ourlets 7/8 des jupes-culottes, ou à des pantalons larges, portés sur des cuissardes drapées en peau. Les vestes en tweed soulignent la taille, avec des poches décollées aux hanches, ou la frôlent à peine. Des jeux de trompe-l'œil composent des robes-manteaux ou des robes-vestes en tweed. Une coiffure vaporeuse, nouée d'un bandeau de gros-grain, vient rehausser et flouter ces formes strictes et géométriques. Le soir, la silhouette s'inspire de l'œuvre de l'illustrateur anglais Aubrey Beardsley. Tandis que les épaules et les bas de robe sont parés de crêtes de plumes, les tailles hautes, parfois ponctuées de poches décollées, lissent la silhouette. Les robes s'évasent sur des cages souples ou tracent une ligne presque crayon. Les radzimir, ziberline, mikado, taffetas et faille côtoient les mousselines, crêpe georgette, organza et tulle de soie, les dentelles rebrodées et les gros grains légèrement transparents. Le même raffinement se retrouve dans le traitement de la couleur.
Minutie des détails
Les teintes automnales – des bruns, des marrons glacés, des orangés, des beiges et des gris – se nuancent et s'enrichissent d'une palette de roses, de noirs et de blancs unis ou tissés en duo. L'exigence de perfection propre à la haute couture se traduit par la minutie de détails parfois à peine perceptibles. Ainsi, les doublures des poches décollées sont retravaillées, les coutures filées de spirales frangées, les galons nattés de tulle et de tweed. Les broderies de pierres, de paillettes mates, de perles et de plumes sont combinées et démultipliées à l'infini pour figurer des fleurs féeriques, ou composer des bretelles tour de cou. Les drapés main alternent avec les plissés en plein biais, les plis accordéon, cône, soleil ou plats. Les bijoux articulés se transforment en brandebourgs et poignets précieux. Point d'orgue de cette collection, la mariée. Karl Lagerfeld l'a imaginée cette saison en bustier et pantalon de dentelle, tulle et satin incrustés de mèches de laine roses et blanches, et réchauffée d'une veste à traîne brodée de plumes.
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