L'échéance présidentielle est bloquée, et le blocage intérieur découle du bras de fer entre Riyad et Téhéran dans la région. Cela, le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a pu s'en rendre compte en deux étapes : d'abord, à travers sa tentative de médiation pour débloquer l'échéance, lors des visites de son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, et du prince héritier saoudien en second, Mohammad ben Salmane, à Paris, puis lors de son passage à Beyrouth et de ses entretiens avec les différents leaders libanais. En dépit de l'impasse régionale, M. Ayrault a pourtant tenté d'exhorter les responsables libanais à la libanisation de l'échéance, dans l'esprit du rôle historique de soutien de Paris au Liban, à sa souveraineté, son unité et son intégrité territoriale, mais aussi par crainte des dangers qu'un vide prolongé pourrait avoir sur la formule et l'entité libanaises. Sans succès.
Le chef de la diplomatie française a pu constater, à travers ses rencontres, l'ampleur du fossé qui divise les chefs politiques libanais et l'impact monumental du choc saoudo-iranien sur la scène libanaise. Il a également pu se rendre compte, de sources bien informées, combien le dossier présidentiel est prisonnier du conflit régional, une solution n'étant plus envisageable hors d'un règlement global incluant la crise syrienne. Or cette option inquiète la France et la pousse à agir, de peur que les développements régionaux ne se répercutent de plein fouet sur le pays du Cèdre.
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M. Ayrault a en tout cas pu constater l'immobilisme interne à travers l'absence absconse des deux candidats du 8 Mars à la séance électorale. Pourtant, lors de sa réunion avec la délégation du Hezbollah, les représentants du parti chiite ont prétendu soutenir la candidature de Michel Aoun à la présidence, « l'homme le plus populaire chez les chrétiens » et « qui dispose désormais du soutien de Walid Joumblatt et de Samir Geagea », rejetant ainsi la responsabilité du blocage sur le courant du Futur et l'Arabie saoudite, « qui refusent d'appuyer l'homme le plus fort au sein de sa communauté ». En d'autres termes, le Hezbollah se retranche derrière l'idée selon laquelle le président doit faire l'objet d'un plébiscite général préalable à son élection – opinion que ne partage pas Saad Hariri, lequel a fait savoir qu'il continuerait d'appuyer la candidature de Sleiman Frangié. Qu'il y ait une opération de vote en bonne et due forme et que le meilleur gagne, a fait valoir l'ancien Premier ministre.
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De son côté, Jean-Marc Ayrault aurait appelé le Hezbollah, s'il souhaite réellement préserver le modèle libanais, à trouver une solution à l'échéance présidentielle et ne pas attendre la fin de la crise syrienne, plus que jamais incertaine, attitude qui met le Liban et sa formule en danger. « Le Hezbollah ne peut pas tout bloquer, notamment la présidentielle. Il faut agir vite et d'une manière forte », aurait ainsi indiqué le chef de la diplomatie française à ses interlocuteurs libanais. « Nous sommes là pour vous aider à vous entendre sur l'élection d'un président, et notre rôle est d'assurer une ombrelle extérieure, internationale et régionale à tout accord », aurait-il noté. Le responsable français aurait demandé, dans ce cadre, au patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, d'user de son influence dans ce sens.
Les efforts français pour débloquer l'échéance face au conflit irano-saoudien se poursuivront donc, même si rien n'augure d'une fin prochaine à l'antagonisme entre les deux puissances régionales. À moins que, affirme une source diplomatique, Washington n'exerce une pression sur l'Iran pour l'inciter à débloquer la présidentielle en échange de quelque chose et séparer, partant, le dossier libanais de la crise régionale, en général, et syrienne, en particulier. Or les États-Unis refuseraient toujours de lier la crise libanaise aux efforts en cours pour trouver une solution au problème syrien afin, précisément, de ne pas devoir donner à Téhéran une compensation quelconque en échange d'un déblocage de la présidentielle au Liban ou un rôle dans une solution à la guerre en Syrie.
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commentaires (7)
Hélas ni M. Hérault ni avant lui François Hollande ou Laurent Fabius n'ont pu rien faire pour débloquer une situation inextricable qui ne dépend que des 2 grandes puissances régionales que sont l'Iran et l'Arabie Saoudite.
Tony BASSILA
14 h 59, le 17 juillet 2016