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Le plus haut dignitaire chiite du Bahreïn déchu de sa nationalité, le Hezbollah dénonce

Le parti chiite a appelé "le peuple du Bahreïn à exprimer sa colère".

 

En retirant sa nationalité à cheikh Issa Qassem, le pouvoir bahreïni a confirmé qu'il restait sur une ligne dure face à la contestation dans ce petit royaume du Golfe agité par des troubles sporadiques depuis 2011. Photo d'archives. REUTERS/Hamad I Mohammed

Le gouvernement bahreïni a déchu lundi de sa nationalité le plus haut dignitaire chiite du pays et un critique du pouvoir sunnite, une décision qui a entraîné des protestations dans son village. En retirant sa nationalité à cheikh Issa Qassem, le pouvoir a confirmé qu'il restait sur une ligne dure face à la contestation dans ce petit royaume du Golfe agité par des troubles sporadiques depuis 2011.

Pour justifier sa décision, le ministère de l'Intérieur a accusé le cheikh de servir "des intérêts étrangers" et d'"encourager le confessionnalisme et la violence", alors que Bahreïn accuse l'Iran chiite, qui dément, de s'ingérer dans ses affaires et d'entretenir la violence dans le pays.
Des organisations de défense des droits de l'Homme affirment que c'est plutôt le pouvoir à Manama dirigé par une dynastie sunnite qui encourage la violence en réprimant la contestation animée par la majorité chiite qui réclame une véritable monarchie constitutionnelle.

Considéré comme le chef spirituel de la majorité chiite et officiant comme imam et prédicateur dans une mosquée de la localité de Diraz, cheikh Issa Qassem est connu pour ses critiques contre le gouvernement dans ses prêches prononcés à la prière hebdomadaire du vendredi. Aucune indication n'a été donnée sur le sort de cheikh Issa Qassem. En principe, un déchu de sa nationalité devrait être expulsé de Bahreïn mais le processus est long.

Aussitôt après l'annonce des autorités, des milliers de manifestants ont envahi les rues de Diraz, dans la banlieue ouest de la capitale Manama, en brandissant des portraits de leur leader et scandant des slogans hostiles au roi Hamad ben Issa Al-Khalifa, selon des témoins. La police s'est déployée en nombre et a bouclé les accès au village, ont-ils ajouté.

"La déchéance de la nationalité du cheikh Issa Qassem constitue une décision dangereuse prise contre ce personnage qui représente le Bahreïn et son avenir", a de son côté dénoncé le Hezbollah dans un communiqué publié lundi. "Nous appelons le peuple du Bahreïn à exprimer sa colère", a ajouté le parti chiite.

 

(Lire aussi : Prison et retrait de nationalité pour huit chiites coupables d'avoir fondé le "Hezbollah bahreïni")

 

"Parties hostiles"
Cheikh Issa Qassem "a adopté la théocratie et proclamé l'allégeance absolue aux dignitaires religieux, par ses discours et ses fatwas", a indiqué le ministère de l'intérieur en l'accusant d'"avoir nui aux intérêts suprêmes du pays" et "entretenu des contacts réguliers avec des organisations étrangères et des parties hostiles au royaume".
Le ministère laisse entendre dans son communiqué que ce dignitaire n'était pas originaire de Bahreïn mais ne précise pas à quelle date il a obtenu la nationalité bahreïnie, alors que différentes sources en ligne indiquent que l'homme est natif de Diraz.

Le Premier ministre Khalifa Ben Salmane Al-Khalifa réaffirmé lundi "la fermeté" de la politique de son gouvernement pour "préserver la sécurité, renforcer la stabilité" du pays et prévenir "le confessionnalisme et la violence". "Il n'y aura pas de place pour ceux qui incitent à la violation de la loi ou qui menacent la sécurité du pays", a-t-il martelé.

Le retrait de la nationalité au dignitaire religieux illustre le durcissement du régime qui a accéléré les mesures répressives contre l'opposition et les militants chiites, malgré les inquiétudes exprimées par les Etats-Unis et l'Onu.
En mai, le chef du principal mouvement d'opposition chiite Al-Wefaq, Ali Salmane, emprisonné depuis décembre 2014, a vu sa peine alourdie en appel de quatre à neuf ans de réclusion, sous l'accusation de complot contre le régime et incitation à la désobéissance et à la haine confessionnelle. Les activités d'Al-Wefaq ont été ensuite suspendues par les autorités, alors que l'opposant et militant des droits de l'Homme Nabil Rajab a été de nouveau arrêté.

 

(Pour mémoire : A Bahreïn, la condamnation en appel du chef de l'opposition ravive les tensions)

 

"Tolérance zéro"
Après ces mesures, Washington s'est dit "profondément troublé" et appelé Bahreïn à les "reconsidérer".

La justice a rendu plusieurs jugements retirant leur nationalité à des Bahreïnis souvent reconnus coupables de violences, que les autorités attribuent régulièrement à des "terroristes" bénéficiant selon elles de la "complicité" de l'Iran. En 2015, 208 Bahreïnis ont été déchus de leur nationalité et au moins cinq ont été expulsés, selon Human Rights Watch. Ceux-ci sont généralement expulsés vers l'Iran, l'Irak ou le Liban, indique-t-on dans les milieux de l'opposition.

Siège de la Ve Flotte américaine, Bahreïn est le théâtre de troubles sporadiques depuis la répression d'un mouvement de contestation lancé en février 2011 dans la foulée du Printemps arabe.
Le pouvoir nie toute discrimination envers les chiites et accuse régulièrement l'Iran de "tentatives de déstabilisation". Washington entretient des relations compliquées avec Manama et garde un œil sur le dossier ultrasensible des droits de l'Homme.
Pour Amnesty International, le pouvoir a "une tolérance zéro vis-à-vis d'une opposition pacifique".

 

Pour mémoire
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Le gouvernement bahreïni a déchu lundi de sa nationalité le plus haut dignitaire chiite du pays et un critique du pouvoir sunnite, une décision qui a entraîné des protestations dans son village. En retirant sa nationalité à cheikh Issa Qassem, le pouvoir a confirmé qu'il restait sur une ligne dure face à la contestation dans ce petit royaume du Golfe agité par des troubles sporadiques...

commentaires (6)

Et donc, Thé - Eau - Zed !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

20 h 24, le 20 juin 2016

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Commentaires (6)

  • Et donc, Thé - Eau - Zed !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    20 h 24, le 20 juin 2016

  • et le hezb se mele de quoi !?!?! la c'est pas parcequ'il est chiite !?!?!

    Bery tus

    20 h 09, le 20 juin 2016

  • Comme ça l'UE pourra lui octroyer un visa définitif, comme si ça l'intéressait d'y aller .... Quand les bahreinis qui agissent sous accord implicite des démocraties d'occident, auront déchu 70% delà population , ils font quoi Après? Ils naturalisent des pakis et des bengalais ?

    FRIK-A-FRAK

    17 h 55, le 20 juin 2016

  • Mince alors, il va débarquer au Liban.

    Achkar Carlos

    17 h 48, le 20 juin 2016

  • On n'en finit jamais des escalades Les arabes ont ils un brin de bon sens autre autre que l'extrémisme religieux ? C'est à croire que non ! desespérant

    FAKHOURI

    17 h 46, le 20 juin 2016

  • DES GAFFES... ET DES GAFFES... ILS EXACERBENT LES SENTIMENTS AU LIEU DE LES CALMER... DECHU DE SA NATIONALITE... ET APRES... VONT-ILS FAIRE LA GRANDE GAFFE DE L,EXILER LOIN DU PAYS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 15, le 20 juin 2016

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