Un tribunal de Bahreïn a condamné jeudi 8 chiites à 15 ans de prison chacun et au retrait de leur nationalité pour avoir formé un Hezbollah local, du nom du mouvement chiite libanais, selon une source judiciaire .
Les huit prévenus ont été reconnus coupables d'avoir fondé en 2014 le "Hezbollah bahreïni" avec l'objectif d'"empêcher l'application de la loi et d'entraver l'action des institutions de l’État", tout en recourant "au terrorisme", a ajouté la même source.
Ils sont accusés de détention d'armes et de tentative de meurtre sur des policiers, qui intervenaient pour disperser une manifestation le 23 juin 2014 à Nuwaidrat, un village chiite au sud de Manama, selon la même source. Deux autres personnes, jugées dans la même affaire, ont été condamnées à trois ans de prison chacune pour participation à "une manifestation non autorisée", a indiqué cette source.
La condamnation des membres du groupe fait suite aux décisions de la justice bahreïnie cette semaine de suspendre les activités d'Al-Wefaq, le principal groupe de l'opposition chiite, et d'arrêter l'opposant et militant des droits de l'Homme, Nabil Rajab.
En outre, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) a déploré jeudi la condamnation en appel lundi du photographe bahreini Sayed Ahmed Al Mousawi à 10 ans de prison et au retrait de sa nationalité alors qu'un blogueur, Ali al-Maaraj, sorti de prison le 5 avril, a de nouveau été arrêté le 5 juin à l'aéroport de Manama sans mandat d'arrêt.
Dans un communiqué, l'organisation de défense de la liberté d'expression "condamne fermement les poursuites et les peines injustes à l'encontre des journalistes et blogueurs harcelés par la justice dès lors qu'ils sont critiques".
"Accuser de soutien au terrorisme un journaliste qui n'a fait que prendre des photos pour couvrir une manifestation est scandaleux et inacceptable", a déclaré Alexandra El Khazen, responsable de RSF pour le Moyen-Orient, qui demande aux autorités bahreïnies de "libérer les journalistes emprisonnés pour avoir exercé leur profession".
Bahrein se place en 162ème position sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse établi en 2016 par RSF.
Bahreïn reste le théâtre de troubles sporadiques depuis la répression d'un mouvement de contestation lancé en février 2011 dans la foulée du Printemps arabe, et animé par la majorité chiite qui réclame une véritable monarchie constitutionnelle dans le pays dirigé par une dynastie sunnite.
Depuis, la justice a alourdi les peines de prison contre les suspects reconnus coupables de violences, que les autorités attribuent régulièrement à des "terroristes" bénéficiant selon elles de la "complicité" de l'Iran chiite.
Le pouvoir nie toute discrimination envers les chiites à Bahreïn, où de nombreux opposants sont actuellement emprisonnés, dont le chef du Wefaq, cheikh Ali Salmane.
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22 h 03, le 16 juin 2016