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À La Une - Syrie

Des milliers de Syriens bloqués à Manbij, un fief de l'EI assiégé

"S'il vous plaît monsieur, donnez-vous du pain, nous n'avons pas mangé de pain depuis deux jours".

Une jeune fille blessée assise sur un pneu non loin de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie. DELIL SOULEIMAN/AFP

Des dizaines de milliers de civils étaient samedi pris au piège à Manbij, un fief du groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie assiégé totalement par les forces arabo-kurdes soutenues par les frappes américaines.

Malgré ses revers et les offensives dont il est la cible, le groupe ultraradical sunnite garde encore sa capacité de frappe, revendiquant un double attentat qui a fait au moins 20 morts dont 13 civils près du mausolée chiite de Saydé Zeinab proche de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Vendredi, la très redoutée organisation jihadiste a subi un sérieux revers après que les Forces démocratiques syriennes (FDS) -une alliance de combattants arabes et kurdes- l'ont privée de son principal axe de ravitaillement avec la Turquie, en encerclant Manbij. Depuis le début le 31 mai de leur offensive pour reprendre cette ville de la province d'Alep, les FDS, secondées par des conseillers militaires américains et français, avaient coupé progressivement toutes les routes reliant Manbij aux autres zones contrôlées par l'EI en Syrie.
Mais avec le siège de la cité, des dizaines de milliers de civils selon les estimations des sources locales citées par l'OSDH, se retrouvent eux aussi pris au piège.
"Les avions de la coalition internationale bombardent en permanence Manbij et les dizaines de milliers de civils qui s'y trouvent encore ne peuvent pas sortir car toutes les routes autour de la ville ont été coupées", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
D'après ses sources dans la ville, la population vit "dans la terreur des bombardements".

Transit des assaillants de Paris et Bruxelles

Des milliers d'habitants de Manbij avaient fui vers des régions plus sûres avant que le siège total de la ville.
"Les boulangeries ont cessé de fonctionner depuis vendredi et les produits alimentaires commencent à se faire rares", a ajouté M. Abdel Rahmane. La bataille pour reprendre Manbij , durant laquelle les FDS ont pris 79 villages, a fait au moins 218 morts -159 jihadistes, 22 combattants FDS et 37 civils, ces derniers tués en majorité par les frappes de la coalition-, d'après l'OSDH.

L'envoyé spécial de Barack Obama auprès de la coalition antijihadistes, Brett McGurk, a qualifié la cité de plaque tournante de l'EI vers l'Europe, où le groupe jihadiste a revendiqué plusieurs attentats meurtriers. Manbij "est l'endroit par lequel les assaillants de Paris et les assaillants de Bruxelles ont transité".
Dans les environs de Manbij, sur la route bordant les villages d'où a été chassé l'EI, le journaliste de l'AFP a vu des maisonnettes complètement aplaties par les frappes.

A 13 km au sud-est de Manbij, dans le village de Jebb Hassan Agha, Mounzer Saleh est soulagé. "Nous sommes ravis car nous sommes désormais en sécurité. On espère que Minbej sera libérée car nous avons nos proches là-bas", dit-il, entouré de plusieurs enfants.

"Svp, du pain!"

Il raconte comment les jihadistes, quand ils contrôlaient Jebb Hassan Agha, les "harcelaient tout le temps" car leur village est connu pour la contrebande de cigarettes interdites par l'EI. "Que Dieu les maudisse", lance Doha Hajj Ali, une villageoise au voile vert. "Ils disaient aux femmes 'cachez vos yeux, soeurs'! ou encore 'N'ayez pas peur de nous, ayez peur seulement de Dieu'! Tout était interdit: le maquillage, les fêtes, les mariages".

Mais pour de nombreux villageois, le principal souci reste le manque de vivres. A l'entrée du village, un garçon de cinq ans tend la main vers les visiteurs: "s'il vous plaît monsieur, donnez-vous du pain, nous n'avons pas mangé de pain depuis deux jours".
Plus loin, des volontaires du Croissant rouge kurde soignent des blessés des mines laissées par les jihadistes avant leur fuite.

Dans la guerre qui ravage la Syrie depuis mars 2011, l'EI est la cible de plusieurs offensives menées par des forces soutenues par Washington mais aussi par les troupes du régime appuyées par l'aviation russe.
Dans la province de Raqa (nord), contrôlée en majorité par l'EI, les forces du régime sont désormais à moins de 15 km de l'aéroport militaire de Tabqa, dans le cadre de leur offensive lancée le 1er juin pour reprendre la ville, selon l'OSDH. Celui-ci se trouve à une cinquantaine de km de la ville de Raqa, capitale de facto du groupe jihadiste.
Le conflit en Syrie, déclenché par la répression de manifestations réclamant des réformes, s'est complexifié au fil des ans avec une multitude d'acteurs syriens, régionaux et internationaux. Il a fait plus 280.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.


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commentaires (2)

Syriens Civils passés, par les deux bords, par pertes et profits !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

22 h 02, le 11 juin 2016

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Commentaires (2)

  • Syriens Civils passés, par les deux bords, par pertes et profits !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    22 h 02, le 11 juin 2016

  • QU,ON EN FINISSE AVEC L,E.I. CAR IL Y A D,AUTRES AUSSI... BIL DAWRIYE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 07, le 11 juin 2016

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