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Liban - Municipales

Dans le Metn, les limites de l’entente CPL-FL

Les deux partis s'efforcent, sans toujours le dire, de réduire l'influence des notables.

Inauguration du nouveau siège municipal de Sin el-Fil il y a plus d’un an : symbole de développement, ou consolidation de l’influence des notables ? Photo d’archives tirée du site officiel de la municipalité de Sin el-Fil

Les municipales du Metn sont perçues par d'aucuns comme un premier test de la représentativité réelle du Courant patriotique libre et des Forces libanaises sur le terrain chrétien. C'est en tout cas l'avis des indépendants, de certains sympathisants du député Michel Murr, ou encore des partisans Kataëb, lorsqu'ils se retrouvent en lice face à des listes soutenues par le tandem CPL-FL – ce qui est le cas dans plusieurs municipalités du caza.
Cet avis est corroboré par un fait, rapporté à L'Orient-Le Jour par des sources concordantes du CPL et des Kataëb : alors que s'ouvraient les préparatifs des consultations au Metn, le tandem chrétien était certain de pouvoir « rafler » de nombreuses municipalités. Une certitude qui avait encouragé les deux nouveaux alliés à présenter les candidatures des adhérents directs à leurs partis respectifs. Mais leur méthode s'est vite assouplie, s'étant heurtée à des spécificités familiales, doublées de l'influence de Michel Murr, dont relèvent 22 des 33 municipalités sortantes de la Fédération des municipalités du Metn (toutes ayant voté par ailleurs pour Mirna Murr à la présidence de la fédération).

Au moins trois cas seraient représentatifs de l'influence des familles, des traditions et des doléances locales sur le déroulement du scrutin. Le cas de Bsalim, où l'appui du CPL est scindé entre deux listes rivales, l'une d'elle étant appuyée en outre par les Kataëb. Le cas de Baskinta, où le CPL et les FL se font face. Les aounistes se sont alliés au Parti social nationaliste syrien et aux « Anciens FL » en soutien à Élias Karam et Georges Alam, candidats à deux présidences alternatives du conseil. Face à eux, le sortant, Tanios Ghanem, soutenu comme en 2010 par les FL et les Kataëb, l'est aussi par Razi Hajj, pourtant proche du CPL, dont le nom avait été proposé au départ pour faire l'objet d'un consensus entre les partis politiques. Le cas enfin de Jal el-Dib où le face-à-face est d'abord à caractère familial, entre une liste présidée par Raymond Attieh, parrainée par Édouard Zard Abou Jaoudé (annoncée hier), et une seconde présidée par André Zard, parrainée par William Zard Abou Jaoudé. Même si la première serait forte d'un appui partisan (celui des Kataëb, des FL, du CPL et du PNL, en plus de Michel Murr, selon une source proche de la liste), la rivalité au sein d'une même famille est axée sur un enjeu de développement : le projet de reconstruction du pont de Jal el-Dib (la liste d'André Zard plaide pour un pont en U, alors que celle de M. Attieh plaide pour la construction d'un pont au même emplacement que le précédent avec deux voies en L le reliant aux routes secondaires).


(Lire aussi : À Roumieh, une bataille pour le « changement »)

 

« Réappropriation des municipalités »
Il est toutefois des municipalités où la course, menée de pair par le CPL et les FL, contre des présidents de conseils sortants, se veut une tentative de renverser le statu quo favorable aux notables.
Bien sûr, aussi bien le CPL que les FL se défendent officiellement d'utiliser les municipales pour tester leur nouvelle alliance. S'ils ont décidé, comme à Antélias ou à Sin el-Fil, de former des listes contre les groupements traditionnels d'influence, c'est pour « tenter une percée réformiste », comme l'explique Eddy Abillamaa, responsable FL, à L'Orient-Le Jour. Comment expliquer dès lors l'appui des FL au président sortant du conseil municipal de Dbayé, Kabalan Achkar (ancien PSNS), et pas à son homologue d'Antélias, Élie Abou Jaoudé (qui fait face à une liste soutenue officiellement par les FL et le député Ibrahim Kanaan), sachant que les deux municipalités relèvent de Michel Murr et sont pour le moins comparables en termes de développement ?

M. Abillamaa répond que son parti ne décide de mener la bataille que « s'il se trouve un candidat à la hauteur de la réforme ». Dénonçant « les Loya Jirga » du Metn, il révèle que les FL ont décidé cette année de la « réappropriation des municipalités par les partis politiques ». Une décision qui serait née non pas de l'accord de Meerab mais de la crise des déchets, qui a révélé « l'impotence des municipalités ».
Mais pour certains notables du Metn, l'un des critères du choix des batailles par les partis politiques, en l'occurrence les FL et le CPL, serait l'importance de la municipalité en question en termes de services et autres.
Pour une source des Kataëb, « les FL et le CPL décident de mener une bataille lorsqu'ils sont certains de pouvoir écarter les autres partis de l'équation ». Les Phalanges auraient opté en revanche pour une méthode plus prudente. « Respecter d'abord la volonté des familles, afin d'éviter les répercussions des tiraillements éventuels sur les législatives », explique la source.

 

(Lire aussi : Des méthodes archaïques à l’origine d’un retard inacceptable dans le décompte des voix)

 

Sin el-Fil
C'est à Sin el-Fil (près de 10 000 inscrits, dont 5 000 votants en pratique), que l'enjeu politique des municipales pour le CPL et les FL est le plus net. Les deux formations soutiennent une liste présidée par l'avocat Joseph Chaoul, membre du CPL, face au sortant, Nabil Kahalé, soutenu par le député Michel Murr et les Kataëb. En 2010, M. Kahalé avait bénéficié du soutien des FL en plus des autres, face à Abdo Chaoul, appuyé alors par un CPL isolé. L'ancien rival de M. Kahalé a décidé de le soutenir cette année, en partie pour désavouer le CPL qui se targue de lui avoir apporté « à lui seul » en 2010 quelque 1 500 voix.

La liste complète de dix-huit membres de M. Kahalé compte en tout cas « dix partisans du CPL, deux des FL et deux du Parti national libéral », explique-t-il à L'Orient-Le Jour. Mais les FL ne reconnaissent qu'un seul candidat de leur parti sur la liste de M. Kahalé, un candidat qui risque d'ailleurs l'expulsion du parti « pour dérogation à la consigne de vote », apprend-on auprès des FL.
Loué par des habitants (notamment parmi les non-inscrits) comme « un homme de services », M. Kahalé est accusé par les partis de « dilapidation des fonds sur des projets pompeux, comme la construction du nouveau siège municipal sur un terrain trop cher ». « L'attaque frontale des partis ne change rien à la donne en ce qui me concerne, dit-il. Ce que nous reprochons toutefois au CPL et aux FL, c'est de chercher à imposer leur mainmise par le biais des municipales. Nous saluons la réconciliation de Meerab, mais estimons que le terrain où elle devrait se tester est celui des législatives, non des municipales. »

 

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Pourquoi appelez vous cela une entente ? Une mascarade politicard des plus néfastes

FAKHOURI

10 h 15, le 13 mai 2016

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Commentaires (1)

  • Pourquoi appelez vous cela une entente ? Une mascarade politicard des plus néfastes

    FAKHOURI

    10 h 15, le 13 mai 2016

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