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Liban - municipales

À Damour, un duel axé sur l’enjeu démographique

À trois jours du scrutin, le doux climat printanier de la ville côtière tranche avec la rude atmosphère d'une bataille âpre qui s'y prépare.

Le 20 février dernier, Charles Ghafari inaugurait le nouveau bâtiment du conseil municipal, construit grâce à une donation des États-Unis, par l’intermédiaire de l’armée libanaise.

Deux listes s'apprêtent à livrer dimanche un bras de fer municipal dont l'issue décidera du vainqueur et mettra fin aux campagnes électorales marquées par des accusations et contre-accusations qui se sont articulées autour de la démographie de Damour, cette ville chrétienne reliant Beyrouth au Liban-Sud.
Sur les 30 000 habitants de la bourgade, 10 000 sont inscrits sur les registres électoraux. Le taux de participation, qui selon les pronostics devrait atteindre 50 %, permettra à environ 5 000 votants de choisir 18 candidats parmi ceux que regroupe une liste menée par Élias Ammar, et ceux que compte la liste de Charles Ghafari, président du conseil municipal depuis 12 ans.

Selon des sources bien informées, les formations politiques ne semblent pas s'impliquer officiellement dans le scrutin. Quoique des cadres de partis appuient l'une ou l'autre liste, le mot d'ordre est de laisser aux votants la liberté de choix. Il paraît donc que les natifs de Damour rempliront leur devoir civique en se référant vraisemblablement pour la plupart à des considérations familiales.
Contacté par L'Orient-Le Jour, M. Ammar présente sa liste en insistant d'entrée sur son appellation : « Damour Hawiya » (Damour, une identité). Il accuse l'actuel conseil municipal d'avoir contribué au changement démographique de la localité. « Sous le label de la réalisation de grands projets et investissements, les terrains sont en train d'être vendus à des étrangers », affirme-t-il, appelant à « rendre Damour à ses fils ». Le candidat assure que « dès 2008, un décret ministériel avait autorisé le conseil municipal à changer le zonage (répartition des terrains dans des zones distinctes), et à octroyer un taux de construction allant de 30 à 40 % sur des parcelles d'une superficie de 650 000 m² qui ne bénéficiaient, selon l'ancienne réglementation, que de 5 % de surface constructible ».


(Lire aussi : Des méthodes archaïques à l’origine d’un retard inacceptable dans le décompte des voix)

 

Joint également par L'OLJ pour répondre à ces allégations de ventes de terrains à des non-Libanais, l'actuel président de la municipalité, Charles Ghafari, qui préside la liste « Wehdet Damour » (L'unité de Damour), estime que M. Ammar « évoque probablement des parcelles appartenant à la société immobilière de Mechref ». « Si tel est le cas, il faut savoir que le village de Mechref est, depuis sa création, prisé par des ressortissants saoudiens qui, depuis des décennies, y ont acquis de nombreux biens-fonds », indique-t-il, soulignant que « cette zone jouit d'une réglementation spécifique qui ne dépend pas de la municipalité de Damour ». Charles Ghafari affirme que c'est plutôt son rival qui compte modifier la division des terrains s'il remporte les élections. « M. Ammar envisage d'acquérir des biens-fonds sur la plaine et planifie, en cas de victoire, d'augmenter leur taux de constructibilité qui est actuellement de 5 %, en vue de les lotir et les vendre à des prix exorbitants », déclare-t-il, avant de s'interroger : « Qui des Libanais ou des étrangers pourra se permettre financièrement de telles acquisitions ? »


(Lire aussi : À Beit Chabab, une campagne sur fond de crise des déchets)

 

Un autre reproche qu'adresse la tête de liste de « Damour Hawiya » à l'actuel conseil municipal est « la fermeture de l'accès aux plages publiques ». « Ces biens-fonds maritimes appartiennent aux enfants de Damour, pourquoi donc leur ôte-t-on le droit d'en profiter ? » s'interroge-t-il. Ce à quoi répond M. Ghafari : « Il faut se rendre sur place pour se rendre compte que ces accusations sont dénuées de tout fondement. » « Toutes les plages publiques sont ouvertes », signale-t-il, indiquant même que « ce sont les Scouts du Liban qui prennent en charge leur entretien ». Il ajoute que grâce à un accord conclu entre la municipalité et les propriétaires des plages privées de Damour, celles-ci offrent également un accès libre à la plage. « Une fois par semaine, Damour Beach Resort, Janna et Océana ouvrent gratuitement leurs portes aux habitants munis d'une carte d'identification délivrée par le conseil municipal », affirme M. Ghafari, se demandant si toute autre municipalité procurerait de telles facilités.
Enfin, à la question de savoir ce qu'il pourrait répondre à Élias Ammar qui revendique « une alternance au pouvoir, au profit du changement », M. Ghafari souligne que « le droit de se présenter aux élections est un droit fondé sur la démocratie et ce sont les électeurs, à travers leurs votes, qui porteront dimanche au conseil les candidats de leur choix ».

 

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