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Liban - Municipales 2016

À Beit Chabab, une campagne sur fond de crise des déchets

Dans ce gros bourg du Metn, une liste de jeunes accuse l'actuel président de la municipalité d'avoir créé un dépotoir où des déchets de plusieurs régions sont déversés ; celui-ci dément.

Le site où s’empilent les déchets, à Beit Chabab. La liste « Chbabiyé » assure que la municipalité y enfouit des déchets de plusieurs localités environnantes, le président du conseil municipal affirme qu’il a été créé pour les déchets de la ville. Photo fournie par des habitants

Les relents de la crise des déchets, qui a sévi de juillet 2015 à mars 2016 (sans être réellement terminée), se répercutent sur certaines campagnes électorales. Comme à Beit Chabab, cette belle localité du Metn, où les habitants s'étaient déjà plaints d'un grand dépotoir sauvage dans une vallée verdoyante (voir L'Orient-Le Jour du 12 novembre 2015) donnant, selon eux, sur la vallée de Nahr el-Kalb (qui approvisionne en eau plusieurs localités libanaises).
À quelques jours du scrutin municipal au Mont-Liban, dimanche prochain, cette polémique marque toujours la campagne électorale. Myriam Jabre, tête de la liste appelée « Chbabiyé » (mot qui signifie autant « les jeunes » que « habitants de Beit Chabab »), déplore la présence de ce dépotoir « qui accueille des déchets de plusieurs localités, comme nous l'avons constaté par le ballet de camions qui s'y rendent régulièrement ». Elle ajoute que « ce site surplombe la vallée qui mène à Nahr el-Kalb, sachant que le poids des déchets a déjà causé un affaissement du sol à ce niveau ».

 

(Lire aussi : Beyrouth Madinati revendique « un exploit électoral » avec 40 % des suffrages)


Myriam Jabre souligne que le développement du village à tous les niveaux, notamment le règlement des problèmes environnementaux, est au centre du programme de sa liste. « Nous sommes des jeunes, représentant les différentes familles du village, unis par la volonté de le remettre en valeur », dit-elle.
La liste « Chbabiyé » compte 13 personnes, pour 15 postes municipaux à Beit Chabab, une municipalité qui inclut deux autres localités, Chaouiyé et Kneitra. « Nous avons voulu laisser aux électeurs la liberté du choix », explique Myriam Jabre, qui était elle-même membre du conseil sortant, où elle a fait de « l'opposition de l'intérieur », dit-elle. « Quand je constatais des irrégularités, je présentais des plaintes devant la Cour des comptes ou le mohafez, se souvient-elle. C'était un combat continu. »

 

Mettre un terme aux dégâts
Que répond Élias Achkar, président de la municipalité depuis 18 ans, à ces critiques ?
Concernant le dépotoir du village, il nie tout en bloc. « Il n'y a pas de déchets issus d'autres localités qui sont jetés chez nous, insiste-t-il. Nous avons simplement procédé, lors de la crise des déchets et afin de garder les rues propres, au stockage des déchets du village dans un seul terrain, loin des maisons. Et ce en attendant que les déchets empilés soient enlevés par l'État et emmenés vers la décharge. » Le gouvernement a commencé à enlever les déchets empilés durant huit mois des rues des autres villes, le fera-t-il à Beit Chabab ? « On nous l'a promis, mais je crois que la priorité va aux déchets qui se trouvaient entre les maisons, non aux déchets stockés dans des terrains lointains », répond-il.


Là où ils se trouvent, ces déchets empilés ne risquent-ils pas de polluer une rivière majeure qu'est Nahr el-Kalb ?
« Pas du tout, rétorque Élias Achkar. Nahr el-Kalb est très loin. Là où se trouvent les déchets, il n'y a qu'un petit cours d'eau saisonnier qui ne se déverse nulle part. N'importe qui peut vérifier cela aisément. »
Élias Achkar est actuellement à la tête d'une liste complète « formée de jeunes et de candidats plus expérimentés », selon lui. Il insiste sur les projets de son équipe, parlant de deux écoles construites presque terminées, d'un couvent acheté pour y faire un grand centre municipal... « Ceux qui nous critiquent omettent de préciser que nous avons planté plus de trois mille arbres dans le village », ajoute-t-il.

 

(Lire aussi : Après le scrutin de Beyrouth, les lendemains qui déchantent)


Myriam Jabre réfute les arguments de son adversaire. « D'une part, ce problème de dépotoir en pleine forêt dure depuis des années, il a seulement pris de l'ampleur dernièrement en raison de la crise des déchets, dit-elle. D'autre part, de par nos observations, nous remarquons des déchets hospitaliers et autres qui sont acheminés vers le dépotoir et ensevelis avec des remblais. Nous savons donc qu'ils proviennent de différentes localités. D'ailleurs, de nombreux pins ont été desséchés en raison de la pollution. Enfin, pour ce qui est du cours d'eau, il suffit de savoir qu'il y a des plaintes qui nous sont parvenues de Jeita concernant ces ordures. »
La jeune femme promet, si son équipe arrive au conseil municipal, de commencer par mettre un terme aux dégâts et de demander l'avis d'experts environnementaux sur la procédure à suivre pour dépolluer le site.
Dimanche, dans les urnes, le dossier des déchets ne sera probablement pas absent des esprits des électeurs de Beit Chabab.

 

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