Nouvelle municipalité de Beyrouth, jour II. Bonjour les espaces verts, la plage populaire au sable doré, la côte immaculée, les lignes d'autobus régulières, les pistes cyclables ? Hélas, non ! Au lendemain de l'élection de la Liste des Beyrouthins, ce sont les reproches de Saad Hariri qui fusent. C'est moins des chimères préélectorales que l'on parle que de trahisons feutrées et de déloyautés. C'est au point qu'un Mohammad Kabbani, député de Beyrouth III, s'aventure à parler d'un nécessaire « état des lieux des alliances », et qu'un Imad Wakim, le responsable des Forces libanaises dans la capitale, lui donne la réplique en justifiant ces écarts électoraux par « le bilan négatif » de la municipalité sortante.
Des cris de triomphe, pourtant, ont fusé. « À la simple idée que les municipales aient pu se tenir », Samir Geagea a parlé d'« une grande victoire », un sentiment partagé par le bloc du Futur qui y a vu, lui, « une victoire pour le Liban ». Pour Alice Chaptini, « il n'y a plus aucune excuse pour que l'on organise d'élections législatives », voire que l'on n'élise pas un président.
Méthodes archaïques
Cela dit, quelques remarques sur cette première étape de ce mois des municipalités s'imposent. Les 33 milliards de livres engagés pour l'organisation du scrutin ont-ils été bien employés à ce stade ? Pas à en croire la Lade, l'association qui s'est donné pour tâche de jauger le cachet démocratique du scrutin. Des remarques de cette association, comptage et nouveau décompte, parce que seuls les résultats des 24 premiers candidats ont été publiés, enveloppes non scellées, bulletins de décompte trop étroitement mélangés aux bulletins encore scellés, deux urnes parvenant seulement lundi au Biel, l'une à 6 heures, l'autre à 16 heures, on tire l'impression d'un paysage plutôt brouillon que suspect. Mais c'est à juste titre que l'on peut déplorer les méthodes archaïques suivies pour gérer cette échéance.
Consécration de Taëf
Des leçons du scrutin se distingue celle que tire le bloc du Futur, réuni hier. Ce dernier s'est félicité de l'épilogue heureux du scrutin « dans un Beyrouth symbole de l'unité des Libanais et de l'intégration nationale ». Le bloc y voit aussi une « consécration de l'accord de Taëf » et du principe de parité. Et quelque part, il est vrai que même le Hezbollah a tenu à préserver cet équilibre intercommunautaire emblématique de l'accord de Taëf et du vivre-ensemble, puisque aussi bien à Beyrouth qu'à Zahlé, il aurait pu le compromettre.
Pour le Futur, cette « victoire » fait assumer une plus grande responsabilité pour « le seul courant politique transcommunautaire » au Liban. Dans son communiqué, le bloc du Futur n'oublie pas de se féliciter de l'élection à Londres d'un maire musulman... Ce qui est de bonne guerre.
(Lire aussi : À Beit Chabab, une campagne sur fond de crise des déchets)
Fallait-il donc qu'une tragédie endeuille quand même les municipales. La mort du jeune Ahmad Ibrahim (16 ans), à Marj (Békaa-Ouest), atteint mortellement d'une balle perdue tirée en signe de réjouissance, pendant qu'il jouait au football avec ses camarades, a plongé son village dans la douleur. Autre bavure, un homme, le frère du candidat malheureux pour le siège de moukhtar a Achrafieh, Élias Trantik, a été heurté par une voiture du convoi du moukhtar vainqueur à Rmeil et hospitalisé pour une fracture invalidante à la jambe.
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commentaires (2)
Bref une question importante se pose quand élire un Président de la République à la libanaise ?
Sabbagha Antoine
22 h 44, le 11 mai 2016