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Liban - Décryptage

Une victoire réelle... mais relative

La première étape des élections municipales à Beyrouth continue de susciter de nombreux commentaires et autant d'analyses. Étant le premier sondage concret de l'état d'esprit des Libanais après les reports successifs du mandat du Parlement, chaque parti politique scrute à la loupe les résultats et tente d'en tirer les leçons, surtout dans la capitale qui reste une image réduite de l'ensemble du pays. S'il est vrai que le mois prochain tout le monde aura oublié les scores électoraux pour s'occuper des nouveaux problèmes qui ne manqueront pas de se poser aux Libanais, les résultats méritent qu'on s'y arrête.

 

(Lire aussi : Beyrouth Madinati revendique « un exploit électoral » avec 40 % des suffrages)

 

La victoire de la « Liste des Beyrouthins » dans la capitale est évidente, claire et incontestable, et elle est à mettre au crédit du chef du courant du Futur, Saad Hariri, qui s'est démené personnellement pour la former, pour nouer les alliances nécessaires à son succès et pour organiser les meetings destinés à mobiliser la base. M. Hariri peut donc s'estimer satisfait. Il a réussi son pari et demain, il ne restera de cette campagne électorale et de la longue journée de dimanche qu'un conseil municipal qui se penchera sur les dossiers en suspens, sachant que le véritable pouvoir au sein des conseils municipaux est essentiellement entre les mains de son président et de son adjoint. Mais avant de tourner la page, il est bon de s'arrêter sur certaines réalités : la large coalition politique qui a donné naissance à la liste des « Beyrouthins » n'a pas pu obtenir plus de 16 % des votants inscrits (si l'on considère qu'elle a obtenu en moyenne 60 % des 20 % de suffrages exprimés). Ce qui est loin de constituer une majorité confortable qui lui permet de dire qu'elle bénéficie d'un grand appui populaire. De plus, si cette liste a obtenu une large majorité des bulletins de vote dans la troisième circonscription de Beyrouth, qui est la plus importante en nombre d'électeurs et dont la majorité des voix est sunnite, la réalité est différente dans la première et la deuxième circonscription.


Dans la première circonscription, selon les chiffres non officiels, la liste de la société civile « Beyrouth Madinati » a obtenu la majorité des suffrages. Ce qui a poussé le chef du courant du Futur à critiquer ouvertement certains « partis alliés au sein de la coalition » qui n'auraient pas respecté leurs engagements. Saad Hariri a visé ainsi le CPL dont la base n'était pas très convaincue de la nécessité d'intégrer la liste des « Beyrouthins », ayant plus de sympathie pour les listes d'opposition. Il y a d'ailleurs eu un mouvement de « rébellion » à Achrafieh par exemple, où des militants du CPL ont suggéré à des sympathisants de panacher leur bulletin de vote. Mais en réalité, ces électeurs ont été appelés à voter pour la liste des « Beyrouthins » après y avoir changé quelques noms. C'est donc ailleurs qu'il faut chercher les responsables du score élevé (relativement) de la liste « Beyrouth Madinati ». Les Forces libanaises et les Kataëb affirment avoir donné des instructions pour voter en faveur de la liste des « Beyrouthins ». Dans ce cas, il n'y a que deux possibilités : soit les partis politiques chrétiens n'ont pas vraiment donné des instructions strictes à leurs électeurs, soit leurs instructions n'ont pas été suivies. Dans les deux cas, le résultat est le même : la liste « Beyrouth Madinati » a obtenu plus de votes dans cette circonscription que la liste de coalition. La tendance de la rue à Achrafieh, Rmeil et Médawar ne serait donc pas en faveur de la liste de coalition et elle aurait souhaité sanctionner celle-ci la considérant dans le prolongement du conseil municipal qui a tenu les rênes de la ville entre 2010 et 2016. Certes, le taux de participation dans cette circonscription n'était pas non plus très élevé et le courant du Futur pourra dire qu'il ne s'agit pas d'un indice représentatif de la rue chrétienne. Sauf que concernant les chrétiens, il faut rappeler que près de 60 % d'entre eux ne vivent plus à Achrafieh alors que la grande majorité des familles inscrites sur les listes électorales dans cette circonscription ont une partie de leurs membres installés à l'étranger. C'est pourquoi la participation dans cette circonscription peut être considérée comme acceptable, compte tenu du nombre réel des électeurs présents en ville le dimanche 8 mai.

 

(Lire aussi : Après le scrutin de Beyrouth, les lendemains qui déchantent)


Au sujet de la deuxième circonscription de Beyrouth, il faut noter que si la liste des « Beyrouthins » a obtenu la majorité des suffrages exprimés, c'est aussi parce que le Hezbollah a donné des instructions à ses électeurs de ne pas participer au scrutin, se contentant de leur demander de voter pour les listes des moukhtars. Ce sont donc les voix des Arméniens qui ont relevé le score dans cette circonscription. Et si les partisans du Hezbollah avaient voté, la tendance dans cette circonscription aurait peut-être été différente...
Reste donc le point fort de la Liste des Beyrouthins, la troisième circonscription de Beyrouth où il faut rappeler que le courant du Futur a conclu des alliances avec Fouad Makhzoumi et la Jamaa islamiya pour éviter une bataille électorale au sein de la rue sunnite. La volonté d'éviter une confrontation électorale dans cette circonscription peut être interprétée comme un souhait de rassembler mais elle peut aussi être comprise comme la crainte de ne pas pouvoir gagner seul... Autrement dit, la victoire des « Beyrouthins » est certes réelle, mais elle reste relative...

 

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commentaires (3)

LA OU VOUS ALLEZ DANS LA BONNE VOIE DE SUPPOSEMENT DIRE LA VERITE... TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD... TRES CHERE, VOUS VOYEZ QUE J,AI UN FAIBLE POUR VOUS... LE PARTI PRIS S,Y MET DE LA PARTIE... ET VOUS DEROGEZ COMME D,HABITUDE ! EXEMPLE : LES ELECTIONS MUNICIPALES DU PASSE N,AVAIENT JAMAIS ENREGISTRE UN TAUX DE PARTICIPATION PLUS HAUT QU,ENTRE LE 20% ET MAXIMUM LE 30PCT... DOMMAGE CAR L,ARTICLE EST BIEN ECRIT ! JE VOUS FELICITE AU MOINS POUR CELA... BONNE SOIREE.

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 21, le 11 mai 2016

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Commentaires (3)

  • LA OU VOUS ALLEZ DANS LA BONNE VOIE DE SUPPOSEMENT DIRE LA VERITE... TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD... TRES CHERE, VOUS VOYEZ QUE J,AI UN FAIBLE POUR VOUS... LE PARTI PRIS S,Y MET DE LA PARTIE... ET VOUS DEROGEZ COMME D,HABITUDE ! EXEMPLE : LES ELECTIONS MUNICIPALES DU PASSE N,AVAIENT JAMAIS ENREGISTRE UN TAUX DE PARTICIPATION PLUS HAUT QU,ENTRE LE 20% ET MAXIMUM LE 30PCT... DOMMAGE CAR L,ARTICLE EST BIEN ECRIT ! JE VOUS FELICITE AU MOINS POUR CELA... BONNE SOIREE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 21, le 11 mai 2016

  • Quand le danger guette, les politiciens savent se regrouper pour rester a leur poste et a leur interets Hariri et Aoun dans la meme coalition mais pas pour le Presidence ? Honte au Libanais qui ont vote pour cette liste contre nature sans exiger un vote pour la Presidence avant le Liban aurait pu etre sauve

    LA VERITE

    15 h 23, le 11 mai 2016

  • Dommage que les élections municipales à Bäälbick-Hirmil n'aient pas été aussi bien "décryptées" ! C'est bizarre ! Léééh ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 34, le 11 mai 2016

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