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À La Une - Municipales 2016

Ils votent pour le changement, pour les grandes familles, ou sans illusion : paroles d'électeurs, de Beyrouth à Zahlé

Dans un bureau de vote, à Beyrouth, au premier jour des municipales. REUTERS/Mohamed Azakir

Les électeurs de Beyrouth et de deux gouvernorats de la Békaa étaient appelés aux urnes, dimanche, dans le cadre de la première étape des élections municipales qui vont se poursuivre jusqu'au 29 mai dans les cinq autres provinces du pays. Il s'agit là du premier scrutin depuis six ans, date des dernières municipales, dans un pays sans président depuis deux ans, sans nouveau Parlement depuis 2009 --l'actuel ayant prolongé lui-même son mandat-- et qui est paralysé par des divisions politiques exacerbées par le conflit en Syrie voisine.

De Beyrouth à Zahlé, nos correspondants ont interrogé des électeurs libanais, dans le cadre d'un scrutin marqué par une grande nouveauté : une liste formée de 24 candidats indépendants, "Beyrouth Madinati", qui défie celle des politiciens traditionnels comme l'ex-Premier ministre Saad Hariri, dont le parti "Courant du Futur" domine généralement la municipalité de Beyrouth.

 

Entendu à Beyrouth
Dans le quartier de Baddaoui, Jennifer indique qu'elle avait choisi ses candidats entre ceux de la liste "Liste des Beyrouthins", parrainée par le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, et cautionnée par les forces politiques traditionnelles, et celle présentée par la campagne "Beyrouth Madinati". "J'ai décidé de panacher mon vote entre la liste Hariri et celle de "Beyrouth Madinati". C'est un avertissement aux responsables politiques. Ils doivent faire primer l'intérêt public sur les intérêts particuliers", déclare cette jeune femme de 21 ans à notre envoyée spéciale Nada Merhi.

A Beyrouth, en plus de la "Liste des Beyrouthins", parrainée par le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, et cautionnée par les forces politiques traditionnelles, trois listes, complètes ou incomplètes, vont se partager les voix. Il s'agit de celle présentée par l'avocat Imad Wazzan, celle présentée par la campagne "Beyrouth Madinati" et une liste incomplète présentée par l'ancien ministre Charbel Nahas.

 

Samer a, pour sa part, voté pour la liste de la campagne "Beyrouth Madinati".

Samer, électeur à Bachoura.

 

"J'ai décidé de voter pour la liste de Beyrouth Madinati car je veux éviter à Beyrouth six nouvelle années de passivité et de vol", explique cet ingénieur de 32 ans interrogé par notre envoyée spéciale Suzanne Baaklini devant un bureau de vote à Bachoura. "Il y a toute une stratégie sociale à revoir, notamment au vu de la croissance démographique", explique-t-il.

Interrogé sur les chances de "Beyrouth Madinati", Samer exprime l'espoir que la liste fasse "le meilleur score possible". "Je ne pense que la liste puisse l'emporter, mais on peut espérer qu'elle fasse un bon score, voire que certains membres de la liste percent", déclare-t-il.


A Tarik Jdidé, Rima, interrogée devant un bureau de voté situé du quartier, avoue ne pas espérer de "réel changement" en raison du système politique en place. "J'espère vraiment que le Liban ira mieux", déclare cette assistante médicale de 44 ans, à notre envoyée spéciale Suzanne Baaklini. Refusant de dire pour qui elle a voté, Rima a expliqué qu'"il ne peut y avoir de réel changement dans ce système en place". "Je viens voter pour exercer mon droit de citoyenne, parce qu'il faut participer".

Dans le même quartier Sana, elle, veut croire que le changement est possible. "Je me suis déplacée aujourd'hui afin de voter pour le changement', assure cette infirmière de 50 ans. "Le conseil municipal actuellement en place n'a rien fait. Il n'a bâti aucune interaction avec les habitants de Beyrouth", déplore-t-elle.


A Ras el-Nabah, Ibtissam indique qu'elle vote pour le changement. "Je viens voter pour le changement parce que l'ancienne équipe n'a pas bien travaillé", explique cette enseignante de 50 ans à notre envoyée spéciale Suzanne Baaklini. "J'espère une amélioration des conditions de vie, une solution à la crise des déchets, aux problèmes d'approvisionnement en eau et en électricité... Un nouveau conseil municipal peut faire une grande différence", affirme-t-elle.

 

(Lire aussi : Pots-de-vin, pressions... De nombreuses infractions relevées au premier jour des municipales (Lade))

 

Entendu à Zahlé
A Zahlé, grande ville de la Békaa, certains électeurs affichent leur enthousiasme pour la liste menée par Myriam Skaff, épouse du défunt député Élias Skaff.

"Je viens voter pour la liste Skaff d'abord parce qu'il s'agit d'un devoir national, et ensuite parce que je considère tout simplement que cette liste est la meilleure de toutes", déclare à notre envoyée spéciale Claude Assaf, Marie-Thérèse Kassouf, une enseignante de 32 ans, interrogée devant un bureau de vote, situé dans le quartier de Mar Mikhaël à Zahlé.

 

Marie-Thérèse Kassouf, électrice à Zahlé.

 

A Zahlé, la bataille s'annonce serrée. A la liste parrainée par Myriam Skaff, épouse du défunt député Élias Skaff, s'ajoutent celle du président du Conseil municipal sortant, Assaad Zogheib soutenue par les partis chrétiens, celle de Moussa Fattouche, le frère du député de Zahlé Nicolas Fattouche, ainsi que celle d'Élissar Samaha, soutenue par Charbel Nahas.

Simon Rayya, interrogé devant un bureau de vote situé dans le quartier de Mar Mikhaël à Zahlé, déclare lui aussi avoir voté pour la liste menée par Myriam Skaff. "J'ai voté pour la liste Skaff parce que je considère que le plus important dans ces élections, c'est de respecter l'équilibre des familles qui composent Zahlé", explique cet ingénieur de 34 ans qui a reporté un voyage en Allemagne pour pouvoir voter.

 

 SImon Rayya, électeur à Zahlé.

 

Les grandes familles politiques, Elie Homsi, interrogé devant le bureau de vote de l'école publique des filles à Haret el-Rassiyé à Zahlé, en a ras-le-bol. « Je suis partisan des Forces libanaises et j'ai voté à toute la liste de Assaad Zogheib, qui comprend des candidats aounistes, déclare le jeune homme de 33 ans à notre envoyée spéciale Nour Braidy. Il a voté pour cette liste, "parce que c'est une liste où l'on voit les chrétiens unis et parce que j'en ai marre du féodalisme politique. Je ne veux plus laisser une maison politique, comme celle des Fattouche et celle des Skaff, gouverner tout Zahlé », ajoute-t-il.

Ce qu'il attend des prochains élus : qu'ils créent « plus d'opportunités de travail à Zahlé et surtout pour les jeunes de Zahlé ».

Nabil Braidy, 73 ans, s'est, lui aussi, rendu au bureau de vote de l'école publique des filles à Haret el-Rassiyé ce dimanche. Mais il n'a pas pu voter. « L'accès à l'école est beaucoup trop difficile pour moi qui ai une polio. Je devais monter plus d'une vingtaine de marches pour accéder au bureau de vote, explique-t-il. C'est dommage parce que j'aurais voulu faire mon devoir de citoyen ». « C'est une honte que des passages n'aient pas été prévus pour les handicapés », ajoute-t-il.


Entendu à Ersal
A Ersal, la localité sunnite frontalière de la Syrie, Mohammad Braidy n'a pas hésité à voter.
« J'ai voté pour la liste 'Ersal d'abord' qui regroupe toutes les familles de Ersal, a-t-il déclaré, indiquant que le bureau de vote se trouvait dans une école du village. Selon lui, « des soldats de l’armée, environs 4.000, se sont déployés samedi dans la ville ». « C'est la première fois depuis longtemps que les habitants voient autant de militaires, souligne-t-il. Nous sommes heureux de voir la troupe dans la ville car, avant, c'était le chaos ».

 

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