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À La Une - Interview

Ludovic Torbey, jeune Français d'origine libanaise et militant convaincu de Nuit Debout

"Le mouvement Nuit debout représente un grand bol d'air frais", estime ce vidéaste actif sur YouTube, originaire de Tannourine.

Ludovic Torbey est l'un des créateurs de la chaîne YouTube "Osons Causer". (YouTube/Osons Causer)

En France, l'une des figures de la contestation de la loi sur la réforme du travail, portée par la ministre du Travail Myriam el-Khomri, s'appelle Ludovic Torbey. Et il est d'origine libanaise.

Vidéaste sur la chaîne YouTube "Osons Causer", "Ludo" était apparu, le 24 février, dans une vidéo dans laquelle plusieurs "youtubeurs" prennent parti contre la loi El-Khomri et lancent le hashtag #OnVautMieuxQueÇa, appelant les internautes à partager sur Twitter et Facebook leurs expériences de précarité au travail.
Celui qui se présente comme "un jeune précaire de 29 ans" s'est ensuite greffé au mouvement citoyen Nuit debout, né le 31 mars, au soir d'une manifestation contre la loi travail.

 

"Notre représentation nationale est à bout de souffle"
Malgré plusieurs manifestations organisées ces deux derniers mois par les opposants à la loi El-Khomri, le texte a été adopté sans vote jeudi dernier à l'Assemblée nationale après le recours par le gouvernement présidé par Manuel Valls à l'article 49-3.
"Le 49-3, qui permet au gouvernement de faire adopter un texte sans vote ni débat à l'Assemblée, illustre l'aveuglement des politiciens. Ils ne se rendent pas compte que plus personne ne croit ni en leurs lois, ni en ce système qui n'a de démocratique que le nom", estime Ludovic Torbey, interrogé par L'Orient-Le Jour.
Critiquant l'attitude des députés "frondeurs" du groupe parlementaire socialiste qui ont renoncé à voter la motion de censure déposée par la droite "alors qu'ils étaient prêts à faire tomber le gouvernement de Manuel Valls", Ludovic Torbey, dont la famille est originaire de Tannourine, dans le caza de Batroun, estime que "les députés français n'ont jamais été aussi isolés". "Notre représentation nationale est à bout de souffle", ajoute-t-il.

Mardi, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont de nouveau défilé contre le projet de loi travail, lors d'une journée de mobilisation marquée par de nouveaux débordements. Une autre journée d'action est prévue jeudi.
"La mobilisation se poursuit malgré les violences policières et les assignations à résidence. Vu le niveau d'indignation provoqué par cette loi, le déni démocratique du 49-3 et la gestion policière des cortèges, j'ai bon espoir que la lutte se poursuive et s'amplifie", déclare Ludovic Torbey.

 

(Lire aussi : Berezina politique pour Hollande, qui y croit toujours)

 

Nuit debout, "un grand bol d'air frais"
S'il a élargi son champ d'intervention, le mouvement Nuit debout n'est pas parvenu à attirer plus de quelques centaines ou quelques milliers de personnes sur la place de la République qu'il occupe à Paris.
Ce mouvement représente "un grand bol d'air frais", assure toutefois Ludovic Torbey. "Les gens ordinaires se retrouvent sur des places publiques, discutent de politique, de la société qu'ils veulent, et agissent sans attendre le 'feu vert' des partis ou des experts", explique-t-il. "Ce joyeux bordel se construit grâce aux volontés des citoyens. C'est extrêmement spontané et foisonnant", ajoute-t-il, estimant que "Nuit debout tranche vraiment avec les années d'apathie sociale que la France a traversées".

L'image du mouvement a cependant été écornée par des scènes de violence ayant éclaté à la fin de certaines manifestations, opposant partisans du mouvement et casseurs aux forces de l'ordre.
"La violence existe, même si elle est restée rare à Nuit debout", juge Ludovic Torbey. "Certains manifestants veulent en découdre avec les forces de l'ordre et, en face, la répression policière est particulièrement importante", indique-t-il.

 

(Lire aussi : Un mois après sa naissance, « Nuit Debout » marque le pas)

 

L'importance des réseaux sociaux
Ludovic Torbey a enraciné son engagement contre la loi travail sur les réseaux sociaux, vecteur important de cette contestation.
"Les réseaux sociaux ont fait une véritable irruption sur la scène politique française durant cette séquence politique", note Ludovic Torbey. "Avec le hashtag #OnVautMieuxQueCa, nous avons légitimé la parole ordinaire et élargi la contestation au-delà de cette seule loi, ajoute-t-il. "On vaut mieux que ça" est également le titre d'un manifeste écrit avec huit autres jeunes de 26 à 33 ans.

Sur sa chaîne YouTube, Ludo poste, avec deux amis, des vidéos de 5 à 35 minutes dans lesquelles il aborde de nombreux sujets d'actualité comme la déchéance de nationalité, les attentats ou les sondages.
"J'ai échoué aux concours de recrutement pour devenir professeur de philosophie et d'économie", raconte ce jeune Strasbourgeois, titulaire d'un master 2 en philosophie et sociologie. "Je suis précaire, j'ai fait quelques petits boulots, mais je me jette corps et âme dans ce projet auquel je crois. Franchement, je m'épanouis dans ce que je fais et, une fois notre modèle économique en place, on pourra dire que je me serai trouvé !", lance-t-il.
Et ça marche : leurs vidéos comptabilisent 30.000 à 60.000 vues voire plus de 100.000 pour certaines. Ses monologues, sous forme d’éditos ultra-engagés, attirent plus de 45.000 abonnés.

 

Le Liban

Lorsqu'on l'interroge sur ses liens avec le Liban, Ludovic Torbey se décrit comme quelqu'un qui ressemble "à beaucoup d'enfants de la diaspora". "Je vais presque tous les étés au Liban. Je connais le pays et m'y sens bien. Je ne parle pas la langue mais je maîtrise la cuisine ! Je visite la famille dans notre montagne et apprends à découvrir les charmes de Beyrouth", raconte-t-il.
"Même si je me sens profondément français, la culture libanaise, celle de mon père, m'a immensément influencé", explique le jeune homme, avant de conclure : "Je passe sur les classiques culinaires et musicaux, ça tout le monde connaît ! Je pense surtout à mon amour pour les gens, le blabla (souvent avec les mains) et la politique. J'ai beaucoup de respect pour ma mère et l'Alsace qui m'a vu naître, mais je sais d'où je tiens le goût pour ces choses là !"

 

 

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