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À La Une - Syrie

Riyad accuse Damas de "crimes de guerre" à Alep

La poursuite des violences menace les chances d'un règlement politique, selon l'opposition.

Le leader druze Walid Joumblatt et son épouse Nora participant à une manifestation dans le centre-ville de Beyrouth en solidarité avec les habitants d'Alep. Anwar AMRO/AFP

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, a accusé dimanche le régime de Damas de "crimes de guerre" à Alep, la grande ville du nord de la Syrie cible de violents bombardements meurtriers depuis neuf jours en dépit de la trêve. "Les violations (de la trêve) à Alep par l'aviation du régime et de ses alliés sont des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre", a déclaré à des journalistes M. Jubeir, dont le pays est l'un des principaux soutiens de la rébellion syrienne.

C'est surtout la ville d'Alep, divisée entre secteurs rebelles et gouvernementaux, qui a été ravagée par de violents bombardements ayant fait en neuf jours 253 morts parmi les civils dont 49 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Après des bombardements nocturnes menés aussi bien par les forces du régime que par les rebelles, un calme précaire régnait dimanche dans la ville d'Alep (nord), où les rues étaient désertes, selon un correspondant de l'AFP sur place.
L'armée de l'air a toutefois largué des barils d'explosifs sur la route dite du Castello, seule voie d'approvisionnement en nourriture et médicaments pour la partie rebelle de la métropole, et unique sortie pour les civils de l'est d'Alep fuyant les bombardements de l'armée. Les rebelles ont eux lancé des roquettes dimanche sur la partie ouest contrôlée par le gouvernement, sans faire de victimes.

(Lire aussi : La bataille d'Alep offre un sursis supplémentaire à l'État islamique)

M. Jubeir doit, selon son entourage, se rendre en soirée à Genève pour des discussions avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, sur la trêve et le processus politique en Syrie.

Allié indéfectible du régime de Bachar el-Assad, la Russie a fait état de pourparlers en cours pour parvenir à une suspension des combats dans la province d'Alep. Les Etats-Unis avaient auparavant appelé à l'arrêt des bombardements du régime syrien sur le chef-lieu éponyme.
Samedi, la Russie affirmait pourtant qu'elle ne demanderait pas au régime de cesser ses bombardements sur Alep, arguant "d'une lutte contre la menace terroriste". "Actuellement, des négociations actives sont en cours pour établir un +régime de silence+ dans la province d'Alep", a déclaré dimanche le général Sergueï Kouralenko, cité par les agences russes.

Consolider la trêve

Le "Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en République arabe syrienne", qui surveille la trêve en Syrie, a confirmé dimanche soir que "les négociations continuent pour mettre en place une trêve dans la province d'Alep". Il a aussi annoncé que "les hostilités avaient cessé dans la plupart des régions de Syrie", ajoutant néanmoins avoir enregistré cinq violations du cessez-le-feu dans la ville d'Alep, imputées aux groupes rebelles Ahrar al-Cham et Jaïch al-Islam, que la Russie considère comme "terroristes".

Faisant part de sa "profonde douleur", le pape François a exhorté toutes les parties impliquées à respecter le cessez-le-feu en Syrie, où la guerre a fait plus de 270.000 morts depuis 2011.

La poursuite des violences menace les chances d'un règlement politique, a jugé Anas al-Abdeh, chef de la Coalition nationale syrienne, principal groupe d'opposition en exil, estimant qu'il revenait aux Etats-Unis de sauver le processus de paix de Genève dans l'impasse.

(Lire aussi : L'enfer d'Alep : une escalade pour pousser à une nouvelle trêve..., le décryptage de Scarlett Haddad)

A Genève, M. Kerry doit discuter avec l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura et ses homologues saoudien et jordanien d'une consolidation de la trêve, entrée en vigueur le 27 février et qui a volé en éclats avec les raids acharnés du régime sur Alep le 22 avril. "La fin des violences à Alep et le retour à une cessation durable (des hostilités) sont la première des priorités", avait dit avant son arrivée à Genève M. Kerry au téléphone à M. de Mistura et au coordinateur de l'opposition syrienne Riad Hijab. Il a aussi demandé à la Russie "de prendre des mesures pour arrêter les attaques aveugles (du régime) sur Alep".

#AleppoIsburning

Le régime s'acharne contre Alep "car il veut pousser à l'exode ses habitants en vue d'une offensive militaire" pour reprendre les quartiers rebelles, estime l'OSDH. Face à la tragédie dans cette ville, le hashtag "#AleppoIsburning" a été relayé massivement sur les réseaux sociaux appelant à des manifestations de solidarité dans plusieurs pays du 30 avril au 7 mai.

Dimanche, une cinquantaine de personnes, dont le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt et son épouse Nora, se sont rassemblées dans le centre-ville de Beyrouth en solidarité avec les habitants d'Alep. "Nous sommes tous Alep", pouvait-on lire sur une pancarte alors que des manifestants scandaient: "Celui qui tue son peuple est un traître".

La communauté internationale est notamment soucieuse d'en finir avec la menace des groupes jihadistes et de freiner la fuite des Syriens arrivés aux portes de l'Europe. L'EI a mené à l'aube deux attaques près du champ gazier de Chaer, dans la province centrale de Homs, et dans la région de Houwaises, à 30km plus à l'est, selon l'OSDH. 16 soldats syriens et miliciens prorégime et au moins sept jihadistes ont été tués.
Dans son fief de Raqa (nord), l'EI a exécuté quatre adolescents et jeunes hommes, qu'il accuse d'espionnage au profit de la coalition antijihadistes menée par les Etats-Unis, selon des militants et l'OSDH.

 

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, a accusé dimanche le régime de Damas de "crimes de guerre" à Alep, la grande ville du nord de la Syrie cible de violents bombardements meurtriers depuis neuf jours en dépit de la trêve. "Les violations (de la trêve) à Alep par l'aviation du régime et de ses alliés sont des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre",...

commentaires (5)

HITLER ET BERIA DE LOIN DEPASSES !

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 00, le 03 mai 2016

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Commentaires (5)

  • HITLER ET BERIA DE LOIN DEPASSES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 00, le 03 mai 2016

  • Le jour viendra lorsque le régime criminel syrien tombera et Bashir Assad comparaîtra devant la Cour Pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

    Tony BASSILA

    17 h 46, le 02 mai 2016

  • Je t'accuse...tu m'accuses...ils s'accusent... le Pape François fait part de "sa profonde douleur"...à qui au juste...? John Kerry revient à Genève... Mais en fin de compte, à quoi tout cela sert-il ? Pendant que tout ce beau monde bien en sécurité voyage, accuse, affirme "sa profonde douleur"... les civils continuent de mourir, sous les bombes chez eux ou dans la mer, noyés en tombant d'une embarcation pourrie fournie par des profiteurs criminels sans aucune conscience ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 23, le 02 mai 2016

  • Ça peut rapporter gros cette démarche, n'est ce pas mon joumgirouette ?

    FRIK-A-FRAK

    10 h 17, le 02 mai 2016

  • Joumblatt n'a pas envi de manifester pour la Yémen et Bahreïn ? ? Pour le compte de ryad bien sûr. Alep reviendra à la Syrie avec ou sans Joumblatt.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 54, le 02 mai 2016

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