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Diaspora - Arts

Le National Arab Orchestra : la musique arabe, contre vents et marées

Créé aux États-Unis en 2009 par Michael Ibrahim, un Américain d'origine syrienne, l'orchestre est dédié à la préservation et à la promotion des traditions musicales arabes, classiques et contemporaines.

Le National Arab Orchestra s’est déjà produit dans de nombreux États américains, rencontrant à chaque fois le succès.

Écouter le National Arab Orchestra interpréter Ibn Il Balad de Mohammad Abdel Wahab équivaut à comprendre pourquoi le public s'enthousiasme devant tant de talent. C'est à Michael Ibrahim, un jeune Américain d'origine syrienne âgé d'une trentaine d'années, que l'on doit ces réalisations, lui qui dirige son orchestre de main de maître.
« Une merveille », un « moment d'enchantement »... Les critiques sont unanimes. Le National Arab Orchestra doit continuer, persévérer, surtout en ces temps critiques où les Arabo-Américains sont perçus avec méfiance. Mais le problème est que cette communauté n'est pas prête à accorder beaucoup d'importance au domaine de la musique.
C'est ce qui ressort du long entretien qu'accorde le chef d'orchestre Michael Ibrahim à L'Orient-Le Jour, au cours duquel il dresse un bilan des difficultés de son orchestre et du long chemin qui reste à faire pour convaincre les Arabes d'investir dans ce domaine. Pour lui, l'institution musicale qu'il a lancée en 2009 a pourtant un grand mérite. Elle remplit un vide réel qui existait depuis de nombreuses années. « En évoluant dans le domaine artistique, j'ai réalisé que chaque communauté avait son propre orchestre, dit-il. Mais ce n'était pas notre cas. »
En 2009, le jeune homme se lance dès lors dans un projet ambitieux : convaincre ses concitoyens qu'il faut bien une institution célébrant le patrimoine arabe tout en étant performante sur le terrain éducatif. Mais quel rôle éducationnel peut-elle donc jouer ? Faire découvrir la musique arabe classique au public américain, et surtout le sensibiliser à la richesse et à la diversité des sons et des notes orientales.
Après de nombreux concerts auxquels ont assisté des milliers de personnes, l'orchestre est en train d'atteindre ses objectifs. « Lors de notre premier concert, nous avons démarré avec cinq musiciens, se souvient Michael Ibrahim. Depuis, notre groupe s'est élargi. Il nous arrive désormais d'être trente musiciens sur scène lors d'un événement. »

« Pour eux, le concept de la philanthropie artistique n'existe pas »
C'est à Atlanta que le National Arab Orchestra a connu son plus grand succès. Plus de 5 000 personnes ont assisté à l'un de ses concerts grâce à un mécène qui a tenu à tout financer. « Il a cru en nous et a voulu nous soutenir, se félicite le chef d'orchestre. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. »
Michael Ibrahim souligne d'ailleurs un point essentiel : la communauté arabo-américaine se mobilise énormément pour les causes caritatives. « Ils sont prêts à payer des sommes exorbitantes pour construire des églises, des mosquées, remarque-t-il. Les Arabes sont également capables de mener des campagnes politiques. Mais quand il s'agit d'art, c'est une tout autre histoire. Pour eux, le concept de philanthropie artistique n'existe pas. »
Le musicien ajoute que sa communauté d'origine n'est pas vraiment convaincue qu'il faut renforcer le secteur artistique arabo-américain, qu'il est de sa responsabilité de le maintenir en vie. Pourtant, rappelle-t-il, Danny Thomas et d'autres artistes avaient, dans la première moitié du vingtième siècle, entre les années 1916 jusqu'au début des années 1950, bénéficié du soutien de leur entourage. Ils ont pu ainsi jouer du oud (luth) malgré toutes les difficultés qu'ils affrontaient. « Ce qu'ils ont fait au sein du milieu musical américain a permis à la musique arabe d'exister et de se transmettre d'une génération à l'autre, dit-il. Cet héritage doit être défendu. »
Pour se faire plus entendre, le chef de l'orchestre a envisagé une collaboration avec des artistes arabes vivant au Moyen-Orient ou dans le Maghreb. Mais cela s'avère compliqué car la majorité d'entre eux, lorsqu'ils se produisent aux États-Unis, viennent accompagnés de leurs propres musiciens. « Ils savent pourtant que nous sommes ici et que nous avons besoin d'eux pour nous produire plus fréquemment », déplore Michael Ibrahim.
Prochainement, l'orchestre jouera dans le Michigan. Depuis quelque temps déjà, on peut l'écouter au Music Hall de « Detroit for the Performing Arts ». C'est évidemment une excellente chose, reconnaît le jeune homme, mais ce n'est pas suffisant. Son rêve est de faire des tournées annuelles aux États-Unis. Avec de tels débuts, ce rêve devrait bientôt se réaliser.

Une évolution en flèche

Depuis 2009, le National Arab Orchestra s'est déjà produit dans divers États américains : Indiana, Virginie, Michigan, Géorgie, Floride, Californie... Deux événements en particulier lui ont permis de devenir une référence dans le monde artistique américain. Le premier est le concert interreligieux donné le 10 mai 2011. Depuis, le maire de Bloomington, Indiana, a décrété que cette journée serait celle de la paix. Le second est l'obtention d'une bourse offerte par la Fondation Knight. Grâce à ce projet, baptisé « Bâtir des ponts à travers la musique », des étudiants des écoles publiques de Michigan ont appris la musique arabe et ont même chanté en arabe.
(Pour les écouter, se rendre sur :

https://www.youtube.com/watch ? =SLBgkQZcvn0&list=UUW0q_FZnJxmNTVoD7inGh4A)

Écouter le National Arab Orchestra interpréter Ibn Il Balad de Mohammad Abdel Wahab équivaut à comprendre pourquoi le public s'enthousiasme devant tant de talent. C'est à Michael Ibrahim, un jeune Américain d'origine syrienne âgé d'une trentaine d'années, que l'on doit ces réalisations, lui qui dirige son orchestre de main de maître.« Une merveille », un « moment...