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Liban - Polémique

Rifi démissionne : J’ai vu l’indicible, le cabinet est un outil du Hezbollah

Le ministre démissionnaire de la Justice a appelé le gouvernement à présenter des excuses officielles à l'Arabie, et démissionner.

Plusieurs personnes ont manifesté dimanche devant la maison d'Achraf Rifi pour soutenir sa position. Omar Ibrahim/Reuters

« À partir de ma position de ministre au sein de ce cabinet, j'ai vu de près l'indicible. Et, aujourd'hui, je voudrais faire part aux Libanais de l'état où nous en sommes, à cause des pratiques devenues inadmissibles du mini-État du Hezbollah et de ses alliés », a déclaré hier le ministre de la Justice, Achraf Rifi, dans un communiqué annonçant sa décision de présenter sa démission au Premier ministre.
« Le maintien en place du gouvernement serait une autorisation tacite à cette perversion de l'exercice politique, du moins un aveu d'impuissance (face au Hezbollah). En ce qui me concerne, ces deux cas de figure sont tout aussi condamnables », a-t-il expliqué.
« Notre pays traverse l'une des phases les plus difficiles de son histoire, sur fond de crise nationale provoquée par les forces de facto (le Hezbollah, NDLR), qui ont presque mis la main sur l'État et sur ses institutions. Ces forces de facto ont entraîné l'État dans la phase de l'émiettement et du vide, allant jusqu'à dénaturer l'identité nationale et menacer la souveraineté du Liban, son économie, son avenir et ses relations internationales et arabes », a constaté le ministre démissionnaire.

Il a ainsi condamné « la paralysie imposée par le Hezbollah à l'intérieur et l'extérieur du gouvernement, allant du maintien de la vacance présidentielle, jusqu'au sabordage des relations du Liban avec l'Arabie saoudite et nos frères arabes pour la première fois de l'histoire contemporaine du Liban ». Il a également évoqué « la farce du dossier des déchets qui s'amoncellent sous le nez des Libanais et menacent leur santé. Les Libanais ont témoigné directement de l'impuissance et de la course honteuse au départage des gains sur ce dossier, qui aurait dû être tranché dès le premier jour ». Il s'est attardé sur « le blocage, par le Hezbollah et ses alliés, du transfert du dossier de Michel Samaha devant la Cour de justice, révélant l'intention du Hezbollah de mettre la main sur la justice, par le biais du tribunal militaire ».

Il a déclaré que « la responsabilité de ce crime national (dont M. Samaha est accusé) incombe exclusivement au Hezbollah qui a, pour sa part, couvert le meurtrier et fait de lui un nouveau saint. La difficulté à faire face au Hezbollah à l'intérieur du gouvernement, et la reconnaissance, par des composantes ministérielles, de la portée nationale de ce dossier ne changent rien au résultat, qui est le suivant : un parti armé accapare la prise de décision au sein du cabinet, dont il fait, lorsque cela lui convient, un corps paralysé et sans vie ».
La position du ministre des Affaires étrangères au Caire sur la solidarité arabe, dont il s'est démarqué « à la demande du Hezbollah » et « malheureusement sans qu'aucune des parties libanaises concernées ne le dénonce », est un autre « exemple criant de la mainmise du Hezbollah sur le gouvernement ». « Le Hezbollah a utilisé le gouvernement comme moyen d'instaurer le projet du mini-État et en a fait un outil d'influence », a-t-il dit.

Solidarité à Tripoli

Et d'ajouter : « Alors que le cabinet avait pour vocation de contenir le conflit et d'éviter la généralisation du vide, d'aucuns en ont fait le socle de leur projet destructeur. Et alors que le cabinet devait contrer le risque d'un effondrement économique, d'aucuns ont veillé à le paralyser. »

Refusant d'être « un faux témoin et une couverture à ceux qui veulent mettre la main sur l'État », Achraf Rifi a donc présenté sa démission, en s'engageant à « maintenir sa lutte contre le mini-État ». Il entend ainsi « suivre jusqu'au bout le transfert du dossier Samaha devant la Cour pénale internationale », qu'il avait annoncé la veille. « J'appelle tous les Libanais à signer le mémorandum national relatif à la question », a-t-il ajouté.
Il a en contrepartie appelé le gouvernement « à présenter des excuses à l'Arabie saoudite, son leadership et son peuple, voire aussi à démissionner, au risque de se transformer intégralement en outil dans les mains du Hezbollah ».

Un appel qu'il a réitéré lors d'un entretien avec la chaîne al-Arabiya. « Nous nous devons de présenter des excuses à l'Arabie et nos confrères arabes, ayant dérogé à leur unanimité », a-t-il affirmé, en déclarant que « nous comptons affronter le Hezbollah par une position claire et intangible, et non pas hésitante ». Il a en même temps assuré qu'il n'y « a aucun conflit » entre lui et le chef du courant du Futur, Saad Hariri. « J'agis en fonction de la stratégie du courant du Futur, axée sur une orientation stratégique unique. Nous nous situons à un moment déterminant pour l'unification des rangs du 14 Mars », a-t-il conclu.

Dans l'après-midi, un rassemblement populaire de solidarité s'est produit devant le domicile de M. Rifi à Tripoli. Aux manifestants ayant appuyé sa décision de démissionner, le ministre a transmis ses remerciements par la voix du directeur de son bureau, Rachad Rifi, qu'il a chargé de se rendre à sa place parmi les manifestants, « pour des raisons sécuritaires ».


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« À partir de ma position de ministre au sein de ce cabinet, j'ai vu de près l'indicible. Et, aujourd'hui, je voudrais faire part aux Libanais de l'état où nous en sommes, à cause des pratiques devenues inadmissibles du mini-État du Hezbollah et de ses alliés », a déclaré hier le ministre de la Justice, Achraf Rifi, dans un communiqué annonçant sa décision de présenter...

commentaires (5)

C'est bien pourquoi les FL ont refusé de faire partie d'un gouvernement qui s’annonçait fantoche. On ne forme pas de gouvernement avec ceux qui vous ont renversé! Ça ne tient pas la route! A présent il faut réagir, non pas pour défendre l'Arabie, la Colombie ou la Cochinchine, mais pour sauver le Liban d'abord et avant tout. Au travail Mr. Rifi, maintenant vous êtes libres de vos mouvements. Espérerons que vous arriverez a faire rectifier le tir de vos amis du Futur et reviendrez aux principes immuables et clairs de la révolution des Cèdres... 2oul Allah!

Pierre Hadjigeorgiou

16 h 55, le 22 février 2016

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Commentaires (5)

  • C'est bien pourquoi les FL ont refusé de faire partie d'un gouvernement qui s’annonçait fantoche. On ne forme pas de gouvernement avec ceux qui vous ont renversé! Ça ne tient pas la route! A présent il faut réagir, non pas pour défendre l'Arabie, la Colombie ou la Cochinchine, mais pour sauver le Liban d'abord et avant tout. Au travail Mr. Rifi, maintenant vous êtes libres de vos mouvements. Espérerons que vous arriverez a faire rectifier le tir de vos amis du Futur et reviendrez aux principes immuables et clairs de la révolution des Cèdres... 2oul Allah!

    Pierre Hadjigeorgiou

    16 h 55, le 22 février 2016

  • Si Achraf Rifi maintient sa démission du gouvernement, ce serait une perte irréparable pour le camp souverainiste. Depuis 1943, le Liban vit d'une manière cahin-caha dans un déséquilibre instable. Le départ d'Achraf Rifi l'éclaterait. Les Assad, père et fils, avaient juré de détruire le sandjak Liban, voilà c'est fait.

    Un Libanais

    15 h 59, le 22 février 2016

  • Rifi démissionne : J’ai vu l’indicible, le cabinet est un outil du Hezbollah ELLE TRES TARD CETTE VISION DE L'INDICIBLE DEJA A L'OEUVRE SOUS LA PRESIDENCE LAHOUSS QUI A SACRIFIEE L'ETAT SUR L'AUTEL DU MINI ETAT ET NEUTRALISEE L'ARMEE AU PROFIT DE LA MILICE DU DIEU IRANIEN ET DU FUSIL. CE QU'IL FAUDRAIT REVOIR AUJOURD'HUI C'EST LA VISION,LA STRATEGIE,LA TACTIQUE ET LA LOGISTIQUE QUI A ACCOMPAGNEE LA REVOLUTION DU CEDRE ET QUI A PERMIS DE FINALISER LA MAINMISE DU HEZBOLLAH SUR TOUT LE TERRITOIRE LIBANAIS.

    Henrik Yowakim

    14 h 56, le 22 février 2016

  • rifi a eu raison de partir maintenant , parce que ce qu'il verra dans un proche futur, le vrai, , ne sera pas du domaine de l'indicible , mais de l'indivisible . rifi n'est qu'un médaillon accroché au tableau des vainqueurs de la résistance !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 08, le 22 février 2016

  • AUX RESTANTS DE MADAME LA -MARQUISE- : LORSQUE ON SE LAISSE FAIRE... LORSQUE ON SE LAISSE ALLER... IL FAUT NE BLAMER QUE SOI-MEME... L,AUTRE FAIT SON TRAVAIL ET PROFITE DES BETISES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 01, le 22 février 2016

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