Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Attentat d’Ankara

Les tensions vont crescendo entre les États-Unis et la Turquie

Interrogations autour de l'implication des milices kurdes de Syrie.

Hier, devant la mosquée Kocatepe, lors des funérailles des victimes de l’attentat d’Ankara. Adem Altam/AFP

L'empressement de la Turquie à mettre en cause les milices kurdes de Syrie pour l'attentat à la voiture piégée meurtrier d'Ankara suscite questions et scepticisme, notamment de la part des États-Unis qui les soutiennent.
Quelques heures seulement ont suffi pour désigner un coupable. Dès jeudi matin, les autorités turques ont assuré que l'attaque avait été planifiée par les Unités de protection du peuple (YPG), avec le soutien logistique des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le chef du Parti de l'union démocratique (PYD), dont les YPG sont le bras armé, Saleh Muslim, a catégoriquement nié. Mais M. Erdogan a balayé ses dénégations d'un revers de main. « Qui était le kamikaze ? Bien sûr qu'il était des YPG, a-t-il insisté hier, nous n'avons aucun doute. » Un groupe kurde proche du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), a toutefois revendiqué hier soir avoir commis l'attentat d'Ankara en représailles à la mort de civils tués par l'armée turque lors de ses opérations contre les rebelles dans le sud-est du pays.

Le gouvernement islamo-conservateur de la Turquie a pointé du doigt les milices kurdes de Syrie au moment où son artillerie pilonne leurs positions en Syrie. Les YPG ont profité de l'offensive du régime de Damas et de son allié russe sur la ville d'Alep pour prendre le contrôle de nouveaux territoires non loin de la frontière de la Turquie.
La progression des combattants kurdes inquiète la Turquie à double titre. D'abord parce qu'elle menace de couper le cordon ombilical qui la relie aux rebelles syriens qu'elle soutient contre le président Bachar el-Assad.
Ensuite car elle risque de consacrer la toute-puissance kurde tout au long de sa frontière avec la Syrie. Dans ce contexte, la mise en cause des milices kurdes suscite de nombreuses questions.

(Lire aussi : Les différentes options militaires, coup de poker inclus, de la Turquie en Syrie)

 

« Justification »
Selon un diplomate occidental, le ministère turc des Affaires étrangères n'a pas dévoilé de « preuve solide » d'une implication kurde dans l'attentat aux représentants des cinq pays membres du Conseil de sécurité de l'Onu qu'il avait invités jeudi. « Peut-être que c'est vrai, peut-être pas, ajoute-t-il, mais dans les deux cas ça justifie de bombarder les YPG en Syrie. » Washington a également exprimé ses doutes. Le porte-parole du département d'État américain, John Kirby, a déclaré jeudi ne pas être « en mesure de confirmer ou de démentir les affirmations du gouvernement turc ». « L'implication du PYD est très improbable », tranche Ege Seckin, analyste à IHS Country Risk. Elle « mettrait en péril sa capacité à contrôler les territoires qu'elle a récemment acquis » et « en danger le soutien qu'il reçoit des États-Unis », plaide-t-il. Les États-Unis soutiennent militairement les YPG, en première ligne du combat contre le groupe État islamique (EI). Une position qui suscite des tensions avec Ankara et que M. Erdogan a assimilée hier à de « l'obstination ».

 

(Lire aussi : Qui est derrière l'attentat d'Ankara ?)



Mais le président turc a peu de chances de faire fléchir son allié américain. « L'attentat (d'Ankara) accroît les tensions entre les États-Unis et la Turquie », confirme Max Abrams, professeur à la Northeastern University de Boston. Mais Washington « n'a pas d'autre choix que de collaborer avec les YPG en Syrie car il n'existe pas d'autres forces crédibles sur le terrain », ajoute-t-il. Pour d'autres, les accusations turques permettent également à Ankara de promouvoir auprès de ses alliés l'idée d'une intervention au sol qui viserait non seulement les jihadistes, mais aussi les milices kurdes et le régime de Damas, sa bête noire. Les dirigeants turcs ont évoqué clairement ce scénario. « Une opération terrestre maintenant ! » a titré hier l'éditorial du très en cour quotidien Sabah.

Mais là encore, il y a peu de chances que les Américains, très réticents, donnent leur feu vert à l'entrée de troupes turques en Syrie, notamment pour éviter une confrontation avec la Russie qui soutient le régime de Damas. « La Turquie mène déjà une opération secrète en Syrie », note Nihat Ali Ozcan, du centre d'études Tepav d'Ankara, « et il n'est pas possible de la transformer en opération officielle sans le soutien de ses alliés, dont les États-Unis ».

 

Lire aussi
Au Moyen-Orient, à chacun son terroriste

En Syrie, les Kurdes avancent résolument vers l'autonomie

La carte kurde, l’édito d’Émilie Sueur

 

« Une intervention terrestre turque en Syrie serait pour Erdogan une erreur fatale »

 

Quand les relations arabo-kurdes évoluent au gré des violences

 

L'empressement de la Turquie à mettre en cause les milices kurdes de Syrie pour l'attentat à la voiture piégée meurtrier d'Ankara suscite questions et scepticisme, notamment de la part des États-Unis qui les soutiennent.Quelques heures seulement ont suffi pour désigner un coupable. Dès jeudi matin, les autorités turques ont assuré que l'attaque avait été planifiée par les Unités de...

commentaires (4)

J'aime ce mot " crescendo ". Ca sonne comme une musique slave où on commence par des murmures et on finit par un emballement du type kazatchock .. ou bien plus proche de nous , une danse orientale où la danseuse commence par se tortiller lascive et finit par donner des coups de reins saccadés .. en général le turc succombe aux 2.

FRIK-A-FRAK

14 h 05, le 20 février 2016

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • J'aime ce mot " crescendo ". Ca sonne comme une musique slave où on commence par des murmures et on finit par un emballement du type kazatchock .. ou bien plus proche de nous , une danse orientale où la danseuse commence par se tortiller lascive et finit par donner des coups de reins saccadés .. en général le turc succombe aux 2.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 05, le 20 février 2016

  • C'est qui le dernier ami du sultan Erdogan maintenant Saqr saqr? Hariri fils? Baghdadi ?

    Ali Farhat

    11 h 50, le 20 février 2016

  • LA CONNIVENCE MASTODONTO/OURSIENNE FAIT SA ROUTE ! LE TURC RISQUE D,ETRE LACHE ET DES U.S. ET DE L,OTAN S,IL S,EMBOURBE DANS LES SABLES MOUVANTS DE LA SYRIE... IL FULMINE CAR IL VOIT LES DEUX GRANDS TRAVAILLER EN ACCORD SUR LA SYRIE ET CRAINT L,INEVITABLE SECOND ETAT KURDE SUR SES FRONTIERES. SA CRAINTE PEUT RESULTER EN UN COUP DE TETE INCALCULABLE QUI PRECIPETERAIT TOUTE LA REGION DANS UNE GUERRE CATASTROPHIQUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 02, le 20 février 2016

  • Cf. l'article de Samia Médawar d'hier : Les différentes options militaires, coup de poker inclus, de la Turquie en Syrie.... "La Turquie lancerait une offensive sur Raqqa, avec des troupes au sol, l'aviation, etc. Et, pour aller à Raqqa, les troupes turques seraient obligées de passer par la ville kurde de Tall Abyad et ce faisant, couper le territoire kurde en deux en séparant Kobané de Qamichli. Dans le même temps, les Turcs prouveraient qu'ils combattent réellement l'EI, en le chassant de Raqqa. Ils le remplacent alors par des rebelles qui leur sont proches, et qui prendraient à revers les Kurdes et l'armée loyaliste de l'aSSadique." !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 08, le 20 février 2016

Retour en haut