Les responsables russes et américains sont réunis vendredi à Genève pour discuter d'un improbable cessez-le-feu en Syrie, qui aurait dû intervenir cette semaine mais que les belligérants ont ignoré.
Alors que le conflit va entrer dans sa sixième année, les espoirs de paix apparaissent plus minces que jamais, comme l'a reconnu l'émissaire de l'Onu, Staffan de Mistura.
Dans le même temps, la Turquie a étendu ses bombardements à plusieurs secteurs de la province d'Alep (nord) contrôlés par les forces kurdes syriennes, qu'elle accuse d'être derrière un attentat meurtrier à Ankara mercredi. "Il s'agit des plus violents bombardements" depuis le début le 13 février des frappes turques contre les Kurdes dans cette région, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé n'avoir "aucun doute" sur le fait que ceux qui ont perpétré l'attaque de mercredi étaient le Parti de l'union démocratique (PYD), la principale formation kurde syrienne, et ses milices, les Unités de protection du peuple (YPG), deux groupes qualifiés de "terroristes" par Ankara.
L'attentat a cependant été revendiqué par un autre groupe, proche des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les YPG et le PYD, qui contrôlent les trois quarts de la frontière syro-turque, sont honnies par Ankara mais ont l'appui de Washington car elles sont à la pointe du combat contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui contrôle de vastes territoires en Syrie.
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Irréaliste
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance dominée par les YPG, se sont d'ailleurs emparées vendredi de Chaddadé, un bastion de l'EI dans la province de Hassaké (nord-est), selon l'OSDH.
Elles ont aussi mis la main sur le champ pétrolier de Kbibé au nord-est de Chaddadé, grâce aux frappes de l'aviation de la coalition, a ajouté l'ONG.
Pour tenter de faire taire les armes conformément à l'appel lancé le 12 février par le Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG), des diplomates et responsables militaires russes et américains étaient réunis vendredi à Genève.
Les "consultations intenses" visent à aboutir à un "cessez-le-feu" et à "lutter contre notre ennemi commun, les terroristes du Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda) et de l'Etat islamique", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov.
Le secrétaire d'État américain John Kerry a, lui, admis qu'il restait "encore beaucoup de travail" avant de parvenir à un cessez-le-feu. "Travailler sur les modalités d'une cessation des hostilités dans une situation comme la Syrie est un processus très technique et minutieux; c'est pourquoi nos équipes sont toujours à l’œuvre", a expliqué le secrétaire d'Etat dans un communiqué publié à son arrivée à Londres vendredi soir pour une visite de quelques heures. "Les discussions ont été sérieuses et jusqu'ici constructives mais quelques questions difficiles restent à régler", a reconnu le chef de la diplomatie américaine.
Quant aux négociations entre le régime et l'opposition sous l'égide de l'Onu, suspendue le 3 février, elles sont au point mort. "Je ne peux pas de façon réaliste convoquer de nouvelles discussions à Genève le 25 février, mais nous avons l'intention de le faire bientôt", a déclaré Staffan de Mistura au quotidien suédois Svenska Dagbladet. "Nous avons besoin de 10 jours pour nous préparer et envoyer les invitations. Les discussions (...) peuvent être couronnées de succès si l'aide humanitaire se poursuit et si nous obtenons un cessez-le-feu".
"Epouvantable"
Furieuse que la Turquie ait plaidé mardi pour une intervention militaire terrestre, la Russie a décidé de convoquer une réunion du Conseil de sécurité.
"Nous allons soumettre un projet de résolution appelant à mettre fin à toutes les actions qui sapent la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie", précise le ministère russe des Affaires étrangères.
La France a rejeté le projet de résolution et a tenu Moscou pour responsable d'une "dangereuse escalade", juste avant des consultations au Conseil de sécurité. A un journaliste qui lui demandait si le projet russe pouvait être adopté, l'ambassadeur français à l'Onu, François Delattre, a répondu: "en clair, non".
Le président français François Hollande avait un peu plus tôt estimé qu'il existait un "risque de guerre" entre la Turquie et la Russie du fait de l'implication turque en Syrie.
Alors que la situation humanitaire empire de jour en jour, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit "profondément alarmé" par la situation dans la province d'Alep "où les combats s'intensifient, où les hôpitaux et le personnel de santé sont visés, où les habitants n'ont ni eau, ni électricité et où plus de 70.000 personnes ont fui leur maison".
Les forces gouvernementales, appuyées par l'aviation russe, ont lancé début février une offensive d'envergure qui leur a permis de reprendre des territoires au nord de la ville d'Alep, mais a provoqué un exode massif.
L'Arabie saoudite a prôné, elle, la fourniture de missiles sol-air aux rebelles syriens, tout en précisant qu'une telle décision appartient "à la coalition internationale", dans un entretien au Spiegel à paraître samedi.
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AH OUI ! ILS DISCUTENT ? MOI AUSSI JE DISCUTE AVEC MON CONCIERGE. QUE TOUT LE MONDE DISCUTE. JOUMBLATT DISCUTE AVEC TAYMOUR, HARIRI DISCUTE AVEC RAÏ, AOUN DISCUTE AVEC NASRALLAH, BERRI DISCUTE AVEC BASSIL, GEAGEA DISCUTE AVEC SA FEMME ET GEMAYEL DISCUTE AVEC SES ENFANTS ETC.... QUE LE MONDE DISCUTE SUR UN CAFÉ TURC.
01 h 16, le 20 février 2016