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Économie - Liban - Infrastructures

Pourquoi une nouvelle centrale électrique à Jiyeh ?

Acté en janvier dernier, le projet de créer une nouvelle centrale à Jiyeh, plutôt que de continuer à réhabiliter l'ancienne – malgré les financements déjà reçus –, semble faire consensus.

EDL a un an pour préparer le terrain avant l’exécution du projet de nouvelle centrale à Jiyeh. Photo S. R.

La sous-commission parlementaire des Travaux publics, des Transports, de l'Énergie et de l'Eau doit se réunir cette semaine pour poursuivre l'examen du projet de construction d'une nouvelle centrale à Jiyeh. « Cette troisième réunion sera consacrée au financement de cette proposition, après la réunion du 20 janvier dernier sur son opportunité et celle du 3 février sur les difficultés techniques de son intégration au réseau », confirme le président de la sous-commission, le député Mohammad Hajjar (Futur). « Il faudra compter à peu près un an avant que la construction de la centrale n'entre dans sa phase d'exécution et deux années supplémentaires au moins avant que les nouvelles installations ne soient opérationnelles », estime-t-il.

Vétusté
Pour ses promoteurs, ce projet doit contribuer à résoudre la sous-production endémique d'électricité dans le pays : avec une capacité totale d'un peu plus de 2 000 mégawatts (MW), la production libanaise ne comble que les deux tiers d'une demande qui progresse de 8 % chaque année.
Opérant depuis 1970, la centrale thermique de Jiyeh possède une capacité maximale de 346 MW générée par cinq turbines alimentées en fioul lourd. Sa vétusté ne lui permet toutefois pas de déployer plus de 180 MW dans le meilleur des cas, selon la direction d'EDL. Le site accueille également le navire-centrale de la société turque Karadeniz qui alimente le réseau d'EDL à hauteur de 200 MW environ.

Or, la réhabilitation de la centrale de Jiyeh avait été inscrite à l'origine dans le plan Bassil pour moderniser le secteur de l'électricité au Liban, adopté par le Conseil des ministres en juin 2010. Un chapitre de cette stratégie prévoyait en effet d'augmenter les capacités de ce site ainsi que de celui de Zouk afin de permettre à EDL de fournir 3 heures de courant supplémentaires par jour à l'issue de l'opération. C'est dans ce cadre que l'État a signé en septembre 2012 un contrat de 348 millions de dollars avec la compagnie danoise BWSC et la société allemande Man Diesel and Turbo afin de doter les deux sites de générateurs diesel auxiliaires devant augmenter la capacité totale du réseau de plus de 272 MW. Mais la poursuite des travaux est compromise dès mars 2014 suite à un conflit entre le ministère de l'Énergie et celui des Finances, qui a entraîné plusieurs mois de retard dans les paiements. Le ministère des Finances ayant finalement consenti à régler ces sommes – mais pas encore les 130 millions d'euros (145 millions de dollars) de pénalités réclamées –, la société danoise a finalement repris les travaux début 2015. Si les deux ministères concernés n'ont pas donné suite aux questions de L'Orient-Le Jour sur ce dossier, EDL confirme de son côté la mise en service pour avril de 78 MW supplémentaires par la société BWSC sur le site de Jiyeh.

(Lire aussi : La gestion de Zahrani et de Deir Ammar confiée à Primesouth)

 

Dépense justifiée ?
C'est donc dans un contexte particulièrement délicat qu'intervient le projet de nouvelle centrale thermique au gaz pouvant déployer 450 MW et dont la facture devrait graviter autour de 400 millions de dollars. Une dépense supplémentaire qui pèse lourd alors que le budget de l'État commence à peine à bénéficier de l'impact de la baisse des prix du carburant sur les transferts à EDL. Si ces derniers ont effectivement baissé de près de 45 % sur les 8 premiers mois de 2015, leur montant sur cette période – 787 millions de dollars – reste très élevé.
Malgré tout, l'ensemble des responsables interrogés par L'Orient-Le Jour estiment cette dépense justifiée. « Le Liban ne produit pas suffisamment d'électricité pour discuter l'opportunité de construire ou non une nouvelle centrale », estime le député Ghassan Moukheiber (bloc du Changement et de la Réforme). « Mais il faut bien entendu s'assurer en préalable que la réhabilitation de la centrale ne soit plus techniquement envisageable », poursuit-il.

Une possibilité désormais écartée par M. Hajjar, qui affirme que « le budget nécessaire pour rénover efficacement la centrale de Jiyeh devrait dépasser les 300 millions de dollars ». Un avis partagé par Chafic Abisaïd, ancien directeur des études à EDL et à la retraite depuis 1999 : « La décision de réhabiliter Jiyeh a été prise il y a plus de cinq ans. Vu l'état de la centrale aujourd'hui, entreprendre de la réhabiliter n'est pas la solution la plus pertinente pour l'avenir. » Mais « le Liban ne pourra pas se passer de l'ancienne centrale tout de suite », ajoute-t-il. En d'autres termes, si la nouvelle centrale voit le jour, les deux installations fonctionneront simultanément jusqu'à ce que la capacité totale de production d'électricité au Liban permette de débrancher l'ancienne.

Étrangement, la question du financement du projet semble la plus facile à aborder pour M. Hajjar. « Il pourrait l'être par le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (FKDE), qui a déjà accordé un prêt de 85 millions au Liban – que le Parlement a approuvé le 13 novembre 2015 – pour la réhabilitation de la centrale de Zouk – et de Jiyeh avant que les députés ne décident de consacrer l'intégralité de cette somme à la rénovation de Zouk, NDLR. Le Qatar ou la Banque mondiale font aussi partie des pistes évoquées », souligne-t-il.

 

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