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À La Une - Liban

Le gouvernement débloque 50 millions de dollars pour financer l'exportation des déchets

Achraf Rifi, furieux de l'absence de décision sur l'affaire Samaha, se retire de la réunion.

Le gouvernement libanais, réuni en Conseil des ministres au Grand sérail, le jeudi 11 février 2016. Photo Ani

Le gouvernement libanais, qui s'est réuni en Conseil des ministres pour la deuxième journée consécutive jeudi, a débloqué, entre autres, 50 millions de dollars pour le compte du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) en vue de financer l'exportation des déchets.

"Le gouvernement a accordé un crédit de 50 millions de dollars au CDR afin de financer l'exportation des déchets", a annoncé le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, dans un communiqué lu à l'issue de la réunion. Le Liban fait face à une crise d'ordures sans précédent qui dure depuis le 17 juillet dernier.

La signature du contrat entre le CDR et la compagnie britannique Chinook, en vertu duquel celle-ci devrait être chargée de l'exportation des déchets du Liban vers diverses destinations, dont la seule confirmée jusqu'ici est la Russie, était attendue hier. Or cette signature, selon une source proche du dossier, "a été reportée pour des raisons techniques et pour de plus amples vérifications des papiers fournis par la compagnie".

Commentant ces développements, le président du CDR, Nabil Jisr, a affirmé jeudi que "l'accord sera signé dans deux jours", et a confirmé que c'est la Russie qui accueillera les déchets du Liban. Il a par ailleurs précisé que les 50 millions de dollars approuvés par le gouvernement représentent un premier paiement pour les six prochains mois.

"Lorsque le principe de l'exportation des déchets a été admis, chaque pôle politique a exprimé ses positions. Aujourd'hui, ces mêmes parties ont réaffirmé leurs positions initiales sans toutefois faire obstruction au financement de l'exportation, et ce afin que l'opération puisse débuter immédiatement", a expliqué M. Jreige. Toutefois, le ministre de l'Education, Elias Bou Saab, a affirmé qu'il s'est opposé à l'exportation des déchets et qu'il n'a en conséquence pas voté pour l'octroi des crédits nécessaires à l'opération.

Par ailleurs, le ministre de l'Information a annoncé que le gouvernement a accordé un crédit de 138 milliards de livres libanaises (92 millions de dollars) afin de payer les salaires des fonctionnaires d'Ogero, la compagnie qui gère notamment le réseau de téléphonie fixe au Liban. Ceux-ci avaient manifesté leur mécontentement il y a quelques jours et avaient menacé d'escalade en cas de non-paiement.

M. Jreige a également annoncé que le gouvernement a approuvé le paiement des rémunérations des enseignants contractuels qui n'avaient pas touché leurs salaires depuis six mois. Le ministre de l'Education avait menacé la veille de mettre un terme aux contrats de ces enseignants s'ils n'étaient pas payés.

Le ministre de l'Information a enfin souligné que les dossiers qui n'ont pas été abordés jeudi le seront lors du prochain Conseil des ministres, prévu le 18 février. 

 

(Lire aussi : Le Conseil des ministres relance le débat budgétaire)

 

Rifi se retire du Grand sérail

Par ailleurs, le ministre de la Justice, Achraf Rifi, s'est retiré, peu avant 13h, de la réunion du gouvernement  en signe de protestation contre l'absence de décision concernant sa demande de transfert du dossier de Michel Samaha devant la Cour de Justice.

M. Rifi dénonce la libération sous caution de l'ancien ministre par le Tribunal militaire. Michel Samaha a été relaxé 14 janvier dernier par la Cour de cassation militaire après avoir purgé une peine de 4 ans et demi de prison (trois ans et demi de facto) pour avoir transporté des explosifs qui lui avaient été remis en Syrie, en vue de perpétrer des attentats au Liban, en 2012. Son procès a repris le 21 janvier et une nouvelle audience a été fixée au 18 février. Cette relaxe a été largement critiquée, notamment dans les rangs de l'alliance du 14 Mars.

"Il y a une volonté politique de gagner du temps en évitant d'aborder le transfert du dossier de Michel Samaha, alors qu'il s'agit là d'une question de sécurité nationale" a estimé M. Rifi, à sa sortie du Grand sérail . "Je respecte le Premier ministre (Tammam Salam) et sa patience et je sais qui sont les parties politiques derrière ce blocage", a-t-il ajouté, sans nommer ces parties. "J'ai des prérogatives en tant que ministre de la Justice et j'étudie en ce moment les options qui sont entre mes mains. Elles sont au nombre de trois", a-t-il dit sans plus de détails.

Interrogé sur sa décision de quitter la réunion du Conseil des ministres, M. Rifi a affirmé : "Ma position est patriote et toute mon équipe me soutient. Même les ministres Kataëb m'ont soutenu". Et de conclure : "Je ne participerai pas aux prochains Conseils des ministres avant le transfert du dossier de Michel Samaha".

Réagissant sans tarder au coup de colère de M. Rifi, qui fait partie du groupe de ministres proches du Courant du Futur, le chef de cette formation, Saad Hariri, a affirmé que la prise de position de ce dernier ne l'engageait pas personnellement. "La prise de position d'Achraf Rifi ne m'engage pas et que personne ne fasse de la surenchère concernant (...) l'affaire Samaha. Quiconque a commis un crime sera puni", a écrit M. Hariri sur sa page Twitter.

Place Riad Solh, des dizaines de manifestants ont passé la nuit sur place afin d'afficher une nouvelle fois leur opposition aux politiques du gouvernement. Ils de nouveau mis en garde jeudi contre toute tentative d'imposer des taxes directes aux Libanais, notamment afin de financer l'exportation des déchets.

 

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Le gouvernement libanais, qui s'est réuni en Conseil des ministres pour la deuxième journée consécutive jeudi, a débloqué, entre autres, 50 millions de dollars pour le compte du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) en vue de financer l'exportation des déchets.
"Le gouvernement a accordé un crédit de 50 millions de dollars au CDR afin de financer...

commentaires (3)

Mr Hariri promet et promet des punitions et pourtant il ne fait que concession sur concession. Quellle deception de faire partie du 14 Mars!

sancrainte

21 h 31, le 11 février 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Mr Hariri promet et promet des punitions et pourtant il ne fait que concession sur concession. Quellle deception de faire partie du 14 Mars!

    sancrainte

    21 h 31, le 11 février 2016

  • Cinquante millions ! Juste pour 128 ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 10, le 11 février 2016

  • Voilà ..., le scandale du siècle ...!(parmi d'autres)... 50 millions de USD ,pour financer l'incurie des politiciens inexportables et pérenniser l'industrie du bakchich système....

    M.V.

    17 h 56, le 11 février 2016

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