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Culture - Photomed 2016 / Regards croisés

Un chien qui vole, une femme qui se (re)découvre, des jouets en plastique : aimer sa Méditerranée...

Fenêtres grandes ouvertes au Beirut Exhibition Center – dans le cadre de Photomed 2016 – sur ces talents multinationaux qui savent capter l'essence d'une chose, d'un instant, d'une personne.

Fenêtres grandes ouvertes au Beirut Exhibition Center – dans le cadre de Photomed 2016 – sur ces talents multinationaux qui savent capter l’essence d’une chose, d’un instant, d’une personne : Alessandro Puccinelli (et son Rubber Duck, notre photo DR), Alvaro Sanchez, Angelo Antolino, Tony Hage, Lamia Abillama, Myriam Boulos, Lara Tabet (au BEC) et Karim Sakr (à Station)…

Quand le ressac rapporte, sur les plages, les fragments abandonnés des pêcheurs, des enfants, des nageurs... Quand les épouses napolitaines des narcotrafiquants se retrouvent seules au foyer... Quand les employées de maisons se font belles, le dimanche, pour (re)devenir femmes... Quand les Libanaises se regardent dans le miroir et se découvrent...

Être spectateur, au Beirut Exhibition Center, d'une exposition organisée par Photomed qui réunit des artistes espagnols, italiens, marseillais et libanais pour un ravissement des yeux, quoique quelque peu inégal, notamment pour certaines œuvres locales plutôt banales. Le sable a habillé les objets abandonnés et Alessandro Puccinelli les a récupérés. Un ballon crevé, des lunettes de nageurs, une bouteille vide, des jouets en plastique. Meurtris, blessés et iconisés sur fond noir, ils hurlent à l'humanité pour réveiller les consciences.
Les femmes sont debout tenant par la main leur enfant, les familles recomposées dînent autour d'un repas dominical, les ménagères au balcon regardent les passants, Gabino Diego collectionne depuis 18 ans de nombreuses œuvres qui rendent hommage aux femmes, aux enfants et à l'être humain en général.

Quand Alvaro Sanchez flirte avec le hasard, il fait voler un chien, transforme les nageurs en personnages de science-fiction, fait grimper les jeunes filles sur les trompes des éléphants, suspend une robe de mariée sur une façade glauque et ravit avec son art impromptu, ludique et riche en couleurs. Alors, les choses s'accommodent (ou pas) d'un moment inattendu.

 

(Regards croisés : Quand Karim parle de Myriam, Myriam de Lara, Lara de Lamia et Lamia de Karim...)

 


Têtes couronnées et matrones

Les hommes sont partis, arrêtés ou emprisonnés ; leurs épouses, qui ont longtemps côtoyé la mort, se retrouvent en charge de la famille. Angelo Antolino a choisi un angle différent pour capter, à travers son objectif, ces matrones qui affirment leur courage et leur virilité quand la vie les y contraint.
Quant aux femmes du Liban, elles se regardent dans un miroir, celui de la vie, et Lamia Abillama les regarde à son tour. Elle les voit découvrir leurs rides, attendre le bonheur, assumer leur masse corporelle, accepter la vieillesse ou refuser d'abdiquer.

Les anonymes de Gilbert Hage nous donnent du fil à retordre. Un effort supplémentaire est exigé pour qu'ils traversent nos pupilles. C'est alors que s'opère la magie : ils sont vivants, fragiles et vulnérables, comme s'ils ne demandaient qu'à sortir du cadre.
Le monde de Tony Hage n'est pas le nôtre. Il est celui des têtes couronnées, des célébrités et des stars. Mais il le devient quand on se retrouve en coulisses, derrière les rideaux, au détour d'un jupon ou à l'angle d'une cheville chaussée d'une ballerine pailletée. Et l'enchantement est là.
Les personnages, les figurants chez Luis Vioque n'ont pas le premier rôle. Dans un format réduit comme pour illustrer les possibles humains, il laisse la place aux ciels immenses, aux plages de sables, aux horizons sans fin, rythmé par un jeu de verticales qui semblent regarder le divin.

De l'œuf qui illustre la naissance aux femmes qui se dévoilent, Lara Tabet nous emporte dans son rêve où le corps est dans tous ses états, dévoile et laisse deviner le mystérieux féminin. Dans une boîte de nuit, au concert, chez le coiffeur, ou en communion avec le divin, Myriam Boulos donne à ses muses cette liberté de scander leur féminité et de la vivre pleinement.
De ces multiples regards méditerranéens auscultant ou caressant les villes, les personnages, les objets ou les instants, on retient une invitation à plonger, les yeux en premier, dans une Mare nostrum décidément très inspiratrice.

 

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Être spectateur, au Beirut Exhibition...

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