L'Iran a exigé mercredi de l'Arabie saoudite qu'elle cesse de s'opposer à ses "efforts" pour "la paix" au moment où la communauté internationale tente d'apaiser les vives tensions au Moyen-Orient survenues depuis l'exécution d'un dignitaire chiite saoudien. Cette exécution a été suivie des attaques contre l'ambassade saoudienne à Téhéran et du consulat de Machhad (nord-est de l'Iran), conduisant le royaume sunnite à rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran chiite.
Mercredi, les diplomates iraniens en poste en Arabie saoudite et leurs familles sont rentrées à Téhéran où le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a demandé à Riyad d'arrêter "de créer des tensions" dans la région. "Depuis deux ans et demi, l'Arabie saoudite s'est opposée aux efforts de la diplomatie iranienne" et "elle doit arrêter cette tendance à créer des tensions", a affirmé M. Zarif. Il a en particulier souligné que l'Arabie saoudite s'était "opposée à l'accord nucléaire" conclu en juillet entre l'Iran et les grandes puissances. L'Iran a "toujours recherché la paix (...) avec ses voisins", sans "chercher à créer des tensions", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse avec son homologue irakien Ibrahim Jaafari, en visite à Téhéran.
Ce dernier a pour sa part indiqué que l'Irak, "qui a de bonnes relations avec l'Iran et les pays arabes", travaillait à faire baisser les tensions afin de ne "pas entraîner la région dans une guerre qui ne pourrait avoir de vainqueur".
(Lire aussi : Pas de guerre frontale entre l'Iran et l'Arabie saoudite, mais une déstabilisation accrue)
'Affaires intérieures'
L'exécution samedi en Arabie saoudite d'un opposant et dignitaire religieux chiite, Nimr al-Nimr, a provoqué des manifestations de musulmans chiites dans plusieurs pays du Moyen-Orient, dont l'Iran et l'Irak. A Bagdad, environ 2.000 membres et partisans des puissantes milices chiites ont manifesté mercredi contre l'Arabie saoudite. 46 autres personnes condamnées pour "terrorisme" ont été exécutées en même temps que le cheikh al-Nimr et Riyad a procédé à encore deux mises à mort depuis. Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a jugé mercredi que ces exécutions relevaient "des affaires intérieures de l'Arabie saoudite".
Quelques heures après la mort de Nimr, des centaines de manifestants en colère avaient attaqué et partiellement détruit les représentations saoudiennes à Téhéran et Machhad. Lors de la réunion hebdomadaire de son cabinet mercredi, le président iranien Hassan Rohani a réitéré sa condamnation de ces violences, demandant en même temps à l'Arabie saoudite "de renoncer à la mauvaise direction" qu'elle a prise selon lui.
La décision de Riyad de rompre ses relations avec l'Iran a été suivie par Bahreïn, le Soudan puis Djibouti mercredi. Les Émirats arabes unis ont eux décidé de réduire leurs relations diplomatiques avec Téhéran, et le Koweït a rappelé son ambassadeur en Iran. La Jordanie a de son côté convoqué mercredi l'ambassadeur iranien à Amman.
Oman, seule monarchie du Golfe à entretenir des relations étroites avec Téhéran, a "profondément regretté" mercredi les attaques contre des représentations diplomatiques en Iran, sans annoncer de mesures de rétorsion.
( Lire aussi : Le pétrole : l'autre terrain de crise entre l'Arabie et l'Iran )
'Besoin de dialogue'
Bahreïn a annoncé mercredi avoir "démantelé" une cellule projetant des attentats et qu'il accuse d'être liée aux Gardiens de la révolution iraniens et au Hezbollah.
La communauté internationale craint que cette escalade n'accentue encore les conflits du Moyen-Orient. Washington, Moscou et les pays européens ont appelé les deux puissances régionales au calme. Le département d’État américain a "exhorté au calme, soulignant le besoin de dialogue et d'implication" de tous pour faire baisser la tension.
Une coopération entre Riyad et Téhéran est cruciale pour régler les conflits en Syrie et au Yémen, où ces deux grands rivaux régionaux soutiennent les camps opposés. L'Iran est avec la Russie le principal allié du régime du président syrien Bachar el-Assad alors que l'Arabie saoudite soutient l'opposition syrienne.
Au Yémen, Riyad a pris la tête d'une coalition militaire arabe qui soutient le gouvernement yéménite contre des rebelles chiites houthis appuyés par l'Iran.
Sur le plan économique, la crise diplomatique entre ces deux importants producteurs de brut reste un facteur affectant les prix du pétrole qui ont chuté mercredi à l'ouverture de la Bourse à New-York. L'Arabie saoudite a réduit pour février le prix de son pétrole pour l'Europe mais a augmenté le prix de toutes les catégories de pétrole destinées à l'Asie.
Lire aussi
Crise Iran-Arabie saoudite : Washington en porte-à-faux
Dans quelles arènes vont désormais se battre Riyad et Téhéran ?, le décryptage d'Anthony Samrani
Les fragiles tentatives de solution en Syrie compromises par l'escalade entre Riyad et Téhéran
Repère
L,IRAN EXIGE DE L,ARABIE SAOUDITE DE CESSER DE S,OPPOSER A SES EFFORTS DE (PAIX)... LA RIGOLADE EST DE TAILLE ! PAREILLE ANECDOTE SURPASSE TOUTES CELLES DEJA ENTENDUES...
10 h 35, le 07 janvier 2016