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Moyen Orient et Monde - Repère

L’histoire troublée des relations entre Riyad et Téhéran

La photo du guide suprême iranien, Ali Khamenei, en face de celle du dignitaire chiite exécuté en Arabie saoudite, Nimr Baqer el-Nimr, à Téhéran. Reuters/Raheb

Voici les principaux moments de vingt années de relations diplomatiques difficiles entre l'Iran révolutionnaire chiite et l'Arabie saoudite conservatrice sunnite.

1987 - Le drame de La Mecque
Les deux puissances régionales frôlent la rupture en juillet 1987 après la mort de 402 pèlerins, parmi lesquels se trouvent 275 Iraniens, lors d'affrontements à La Mecque, lieu de naissance du prophète Mahomet en Arabie saoudite. À Téhéran, les manifestants descendent dans les rues, occupent l'ambassade saoudienne et mettent le feu à l'ambassade du Koweït. Un diplomate saoudien, Moussa'ad al-Ghamdi, meurt à Téhéran de ses blessures après être tombé d'une fenêtre de l'ambassade. Riyad accuse Téhéran d'avoir ralenti son transfert à l'hôpital.
Les relations diplomatiques entre les deux pays sont finalement rompues par le roi Fahd d'Arabie saoudite en avril 1988. Elles seront rétablies en 1991.

Fin des années 90 – début des années 2000 – amélioration
En 1999, le président iranien Mohammad Khatami, considéré comme un réformiste par les Occidentaux, se rend en Arabie saoudite. C'est la première visite d'un président iranien depuis la révolution iranienne de 1979. Khatami, un religieux chiite, a travaillé au rapprochement avec l'Arabie saoudite après avoir été élu en 1997. Les deux pays scellent l'amélioration de leurs relations par un pacte de sécurité en avril 2001. Réélu en juin 2001, Mohammad Khatami est félicité par le roi Fahd d'Arabie saoudite.

Les années 2000-Rivalité régionale
La guerre menée par les États-Unis à partir de 2003 en Irak pour renverser Saddam Hussein porte au pouvoir à Bagdad la majorité chiite du pays avec pour résultat son alignement politique sur l'Iran.
En outre, le programme de l'Iran en matière d'énergie nucléaire fait craindre aux Saoudiens que l'Iran du président Mahmoud Ahmadinejad, le successeur de Mohammad Khatami, ne cherche à dominer la région du Golfe et ne donne des idées à ses populations chiites.
En janvier 2007, l'Arabie saoudite dit à un émissaire iranien que l'Iran met le Golfe en danger, référence au différend de la république islamique avec les États-Unis au sujet de l'Irak et au sujet de son programme nucléaire.

2011-Les printemps arabes
L'Arabie saoudite envoie ses troupes pour aider Bahreïn à écraser de grandes manifestations en faveur de la démocratie, craignant que cette opposition, en grande majorité chiite, ne s'aligne sur Téhéran. Par la suite, les deux royaumes accuseront l'Iran de fomenter les violences contre la police bahreïnie.
Les câbles diplomatiques des États-Unis rendus publics par l'ONG WikiLeaks montrent que les dirigeants saoudiens, et notamment le roi Abdallah, poussent leur allié américain à adopter une position dure face à l'Iran à propos de son programme nucléaire, en envisageant notamment l'usage de la force militaire.
Après des heurts entre la police et les chiites, l'Arabie saoudite accuse le cheikh Nimr et les chiites de sa province de l'Est de coopération avec un État étranger, à savoir l'Iran, pour semer la discorde.
Washington dit avoir mis au jour un projet iranien d'assassinat de l'ambassadeur d'Arabie saoudite aux États-Unis. Riyad dit que les preuves sont accablantes et que Téhéran devra
payer.

2012-2015-Guerres par procuration
En Syrie, l'Arabie saoudite devient le principal soutien des rebelles qui cherchent à renverser le président Bachar el-Assad, un alaouite soutenu par l'Iran. Riyad accuse M. Assad de « génocide » et l'Iran d'être une « puissance occupante ». Téhéran accuse Riyad de soutenir le « terrorisme ».
Fin mars 2015, l'Arabie saoudite prend la tête d'une coalition de pays arabes et entame une campagne de frappes aériennes au Yémen pour empêcher les rebelles houthis, alliés à l'Iran, de prendre le pouvoir. Riyad accuse Téhéran d'utiliser des milices pour préparer un coup d'État. Téhéran rétorque que les frappes de la coalition menée par Riyad visent des civils.

24 septembre-L'incident du hajj
Le 24 septembre dernier, plus de 2236 personnes ont trouvé la mort lors d'une importante bousculade à La Mecque, durant le pèlerinage du hajj. L'Iran a accusé la famille royale saoudienne d'être responsable de la catastrophe due à des mouvements de foule incontrôlés. La disparition, suite à cette tragédie, de l'ancien ambassadeur de l'Iran au Liban, Ghadanfar Rokon Abadi, dont le sort est longtemps resté inconnu, a provoqué une nouvelle escalade verbale entre Riyad et Téhéran.

2016-La rupture totale
Le samedi 2 janvier 2016, Riyad fait exécuter le dignitaire chiite Nimr Baqer el-Nimr, provoquant alors la foudre de Téhéran. Dans la foulée, des manifestants se retrouvaient devant l'ambassade de l'Arabie saoudite dans la capitale iranienne pour protester contre cet acte. Entrant dans l'ambassade et mettant à sac quelques pièces du bâtiment, les manifestants ont ensuite été arrêtés par la police iranienne. Le lendemain, le royaume saoudien, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, annonçait la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

Voici les principaux moments de vingt années de relations diplomatiques difficiles entre l'Iran révolutionnaire chiite et l'Arabie saoudite conservatrice sunnite.
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