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Liban - Familles des militaires otages de Daech

« Nous sommes sûrs que l’EI tendra la main au gouvernement libanais »

À Riad el-Solh, dans la tente dressée par les parents des militaires otages, Hussein Youssef, père du militaire Mohammad Youssef, est fatigué mais déterminé. Depuis un an et quatre mois, il ne cesse de lutter pour que son fils et ses huit compagnons reviennent, cumulant réunions, visites politiques et sécuritaires et interviews. Hier matin, il s'est encore rendu avec les autres familles auprès du ministre de la Santé, Waël Bou Faour, afin de relancer le dossier des militaires retenus par Daech (acronyme de l'État islamique EI) depuis août 2014.

La libération, mardi dernier, de 16 policiers et militaires détenus par le groupe al-Nosra a redonné espoir aux familles. Ces dernières espèrent que l'accord conclu avec al-Nosra aura des répercussions positives sur les futurs pourparlers avec Daech, « à condition que l'État respecte cet accord ». « Nous sommes sûrs qu'au vu du résultat des négociations avec al-Nosra, l'EI tendra la main au gouvernement libanais », indique M. Youssef, entouré de proches venus lui apporter leur soutien.

Pour les familles, qui se sont rendues plus tôt chez le député Walid Joumblatt, la réunion avec le ministre de la Santé était positive, d'autant que la cellule de crise ministérielle devait se réunir hier après-midi pour proposer une feuille de route. « M. Bou Faour se porte garant, en tant que membre de la cellule de crise et porte-parole de M. Joumblatt, de la poursuite du travail », précise M. Youssef, qui se dit positif. Avant de lâcher : « J'espère que les négociations autour de ce dossier ne prendront pas beaucoup de temps parce que les familles n'en peuvent plus. » Une phrase qui en dit long sur l'état dans lequel se trouvent les parents des neuf militaires otages de l'EI.


(Lire aussi : « Dire que le Front al-Nosra est devenu modéré est honteux », dénonce le père d'un soldat tombé à Ras Baalbeck)

 

Des informations contradictoires
Sans nouvelles de leurs enfants depuis presque un an et ignorant tout de leur lieu de détention ou de leur état de santé, les familles souffrent le martyre, et l'ambiance s'en ressent place Riad el-Solh. Les militaires sont-ils toujours dans le jurd de Ersal ou ont-ils été transférés à Raqqa, comme certaines rumeurs l'affirment ? Et, surtout, sont-ils toujours en vie ?

Les parents des otages sont soumis en permanence à des informations contradictoires, et, en l'absence de preuves tangibles, ne savent plus qui ou quoi croire. Certains d'entre eux essaient, tant bien que mal, d'établir par eux-mêmes des contacts sur les réseaux sociaux et sur Internet, dans le but d'avoir des nouvelles de leurs enfants. « Nous entendons beaucoup de choses au sujet de nos fils, mais nous ne savons pas si ces informations sont sérieuses ou non. Nous avons toujours cherché des intermédiaires pour contacter Daech, mais ces derniers n'ont jamais pu obtenir de résultats. Quant aux personnes contactées sur Internet, elles n'ont pas pu prouver quoi que ce soit non plus », explique M. Youssef. « Nous cherchons de nouvelles pistes pour reprendre le contact avec l'EI parce que nous travaillons sur ce dossier depuis un an et quatre mois sans succès », déplore-t-il.

 

(Lire aussi : « Nous craignons que les otages détenus par Daech aient été liquidés », souligne l'épouse d'un soldat)


Des pourparlers difficiles qui s'expliqueraient par le fait que les dirigeants de l'EI sont mutés en permanence... Présent sur place avec les familles, l'ancien candidat à la députation Khalil Chaddad explique que les changements de direction au sein de l'EI sont un vrai casse-tête et compliquent les contacts. « Les dirigeants de Daech ont été changés maintes fois au cours des derniers mois. De ce fait, nos contacts en sont au point zéro. Mais nous avons appris qu'un ancien responsable est toujours en place et c'est avec lui que nous allons essayer de communiquer », a-t-il expliqué.
Les proches des otages, qui indiquent être en contact permanent avec les autorités, n'hésitent pas à partager les informations qu'ils arrivent à obtenir avec les officiels et surtout avec le général Abbas Ibrahim. « Le Premier ministre Tammam Salam, avec qui nous nous sommes réunis il y a quelques jours, a affirmé qu'il tiendra ses promesses et qu'il ne laissera pas tomber nos enfants. Nous n'avions pas de doutes là-dessus, mais l'entendre de vive voix nous a fait du bien. Le général Abbas Ibrahim nous tient également le même langage et nous lui communiquons toutes les informations que nous collectons », indique M. Youssef.

À Riad el-Solh, le soutien des seize familles dont les fils sont rentrés est indéfectible. Certains prennent des nouvelles par téléphone. D'autres se rendent sur place pour réconforter ceux dont les enfants sont toujours absents. Parmi eux, Fadi Mouzahem, oncle de Lameh Mouzahem, un des policiers libérés par al-Nosra. « Même si Lameh est rentré, le dossier des militaires otages de l'EI me concerne toujours », explique-t-il, installé à côté de Hussein Youssef dans la tente. « Notre joie est incomplète puisque neuf de nos enfants sont encore aux mains de Daech. Nous demandons à l'État de faire tout son possible pour qu'ils soient libérés », ajoute-t-il.

Plusieurs des militaires libérés se sont rendus auprès des familles de leurs camarades. Lameh Mouzahem fait partie de ceux qui n'ont pas hésité à se rendre à Riad el-Solh le lendemain de leur libération. « La plupart des familles et des militaires libérés sont venus nous voir, dont Lameh Mouzahem. Vous ne pouvez pas savoir à quel point nous étions heureux qu'un soldat qui vient à peine de recouvrir sa liberté se déplace pour nous soutenir. Toutes les familles et les militaires m'appellent régulièrement et m'assurent qu'ils sont là pour nous. Cette tente est celle de vingt-cinq familles unies, même si seize des détenus ont été libérés », conclut Hussein Youssef.

 

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À Riad el-Solh, dans la tente dressée par les parents des militaires otages, Hussein Youssef, père du militaire Mohammad Youssef, est fatigué mais déterminé. Depuis un an et quatre mois, il ne cesse de lutter pour que son fils et ses huit compagnons reviennent, cumulant réunions, visites politiques et sécuritaires et interviews. Hier matin, il s'est encore rendu avec les autres familles...
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UNE MAIN... ARMÉE D'UN COUTEAU !

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 40, le 08 décembre 2015

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  • UNE MAIN... ARMÉE D'UN COUTEAU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 40, le 08 décembre 2015

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