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Liban - Indépendance

De petites cérémonies symboliques remplacent les célébrations d’usage

Vacance présidentielle oblige, le Liban a dû rompre avec la tradition pour marquer la fête nationale.

Le drapeau géant s’élève à 32 mètres du sol. (Ani)

C'est une fête nationale bien triste que les Libanais ont passée pour la deuxième année consécutive. Compte tenu de la vacance présidentielle, il n'était pas possible d'organiser la cérémonie officielle traditionnelle devant marquer le 72e anniversaire de l'indépendance du Liban : pas de défilé des forces armées donc, et, surtout, personne pour prononcer le message habituel à la nation, ce discours propre au chef de l'État, à la veille de la fête. Les autorités qui s'efforcent, plutôt mal que bien, de gérer les affaires du pays ont substitué aux célébrations d'usage une multitude de petites cérémonies symboliques, la plus imposante étant celle qui a été organisée samedi soir au centre-ville.
Il s'agissait de hisser le plus grand drapeau libanais, à 32 mètres du sol. Cet événement a été organisé à l'initiative du ministre des Télécommunications, Boutros Harb, « comme un cri devant freiner les déviations en cours et faire sortir tout un chacun de sa torpeur, pour nous réunifier de nouveau autour du drapeau libanais et renoncer à tout ce qui nous divise ». C'est en ces termes qu'il a expliqué les raisons à l'origine de son initiative, devant la foule de personnalités réunies au carrefour des hôtels Phoenicia, Saint-Georges et Monroe, où le mégadrapeau a été hissé. Étaient notamment présents le vice-président du Conseil, Samir Mokbel, représentant le Premier ministre, Tammam Salam, le général Chawki Masri, représentant l'ancien président Michel Sleiman, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, les députés Amine Wehbé, représentant le chef du courant du Futur, Saad Hariri, et Atef Majdalani, les présidents des organismes économiques, Adnane Kassar, et du Conseil économique et social, Roger Nasnas, et le président du conseil municipal de Beyrouth, Bilal Hamad, aux côtés de plusieurs autres figures politiques, diplomatiques, sécuritaires et sociales.
M. Harb a dressé un tableau désolant de la situation actuelle, s'attardant notamment sur « la primauté des intérêts privés au détriment de l'intérêt général ». « Nous assistons aujourd'hui à l'effondrement du pays et de l'État, au point que notre sort dépend pratiquement de la convergence des intérêts de certains ou de leurs conflits », a-t-il déploré, en mettant en relief le ras-le-bol de la population et notamment des jeunes. « Il n'est plus possible de se taire sur ce qui se passe, alors que la vie politique est devenue une course au pouvoir, au prestige et à l'argent. La population se soucie peu de savoir qui sera le leader le plus important et le plus fort. Ce qu'elle veut, c'est de pouvoir sécuriser son avenir et celui de ses enfants, et de s'assurer de la stabilité de l'État et de sa capacité à protéger les libertés », a poursuivi M. Harb, avant d'ajouter : « Le Liban que nous voulons est celui dont les héros de l'indépendance avaient rêvé. »
Il a lancé un appel à toutes les parties, les invitant à « surmonter les susceptibilités partisanes qui les divisent, renoncer à la course au pouvoir, au prestige et à l'argent, se libérer de toute allégeance étrangère et œuvrer pour une réunification des rangs ».
Le ministre Samir Mokbel a pour sa part plaidé pour l'élection sans tarder d'un chef de l'État, jugeant tout aussi nécessaire de donner aux deux autorités législative et exécutive la possibilité d'assumer leur rôle, « pour que l'indépendance puisse garder tout son sens ». Il a mis l'accent ensuite sur l'importance du rôle des forces armées et de sécurité en cette période trouble avant de s'arrêter sur la conférence de dialogue national et l'espoir qu'elle véhicule.
Prenant ensuite la parole, le ministre du Tourisme a mis l'accent sur la symbolique de l'événement « qui rappelle la bataille historique menée par les héros de l'indépendance pour hisser le drapeau libanais et arracher l'indépendance, ainsi que la gigantesque manifestation beyrouthine au cours de laquelle des victimes étaient tombées ». « Nous sommes cependant loin de l'ambiance de 1943 », a déploré Michel Pharaon qui s'est arrêté sur le vide présidentiel, la paralysie des institutions, les conflits confessionnels, la corruption et les problèmes socio-économiques. Estimant que les Libanais ne se laisseront pas aller au désespoir, il a plaidé en faveur d'un déblocage politique et invité les responsables à « être à la hauteur de leurs responsabilités ».

Des couronnes de fleurs
Parallèlement, samedi et dimanche, des ministres et des députés ont déposé des couronnes de fleurs sur les tombes des pères de l'indépendance, Sélim Takla, Abdel Hamid Karamé, Habib Abi Chahla, Camille Chamoun, Majid Arslane, Béchara el-Khoury, Riad el-Solh, Pierre Gemayel, Hamid Frangié, Sabri Hamadé et Adel Osseirane. Les ministres de la Défense et du Tourisme ont également déposé chacun une couronne de fleurs sur la tombe de l'ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri, ainsi qu'au pied du monument dédié à l'émir Fakhreddine.
D'autres cérémonies symboliques ont eu lieu dans les casernes, ainsi qu'à la frontière libano-israélienne, où le Comité des citoyens du Arkoub a organisé une cérémonie au niveau de la porte des hameaux de Chebaa, en présence des députés Ali Fayad et Kassem Hachem, et de représentants des députés Assaad Hardane et Anouar el-Khalil. Le drapeau libanais a été hissé dans ce secteur, où le président du comité, Mohammad Hamdan, a mis l'accent, dans son discours, sur l'importance du rôle de l'armée, avant de redemander aux autorités de former la commission qui aura pour mission de suivre le dossier des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba auprès des instances internationales.
À la Résidence des Pins, la commission nationale du centenaire du Grand Liban a organisé une cérémonie au cours de laquelle elle a rendu hommage à près de 90 Libanaises parmi les officiers et les soldats de l'armée et de la Finul, et les agents des services de sécurité. Étaient notamment présents Lama Salam, représentant le Premier ministre, Tammam Salam, la ministre des Affaires des Déplacés, Alice Chaptini, représentant l'ancien président, Michel Sleiman, le nonce apostolique, Mgr Gabriele Caccia, le premier secrétaire près l'ambassade de France, Arnaud Pescheux, représentant l'ambassadeur Emmanuel Bonne, les ambassadeurs de Belgique, Alex Lenaerts, de Palestine, Achraf Dabbour, le commandant en chef de la Finul, le général Luciano Portolano, la coordinatrice spéciale de l'Onu au Liban, Sigrid Kaag, ainsi qu'un grand nombre de personnalités politiques, diplomatiques, militaires et religieuses. Les orateurs ont tous mis l'accent sur la cohésion et la solidarité face aux menaces terroristes.

C'est une fête nationale bien triste que les Libanais ont passée pour la deuxième année consécutive. Compte tenu de la vacance présidentielle, il n'était pas possible d'organiser la cérémonie officielle traditionnelle devant marquer le 72e anniversaire de l'indépendance du Liban : pas de défilé des forces armées donc, et, surtout, personne pour prononcer le message habituel à la...
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