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À La Une - Religion

Questions sur l'organisation d'un "islam de France" déboussolé par la radicalisation

"En bruit de fond, la concurrence algéro-marocaine pourrit tout", déplore une source proche du dossier.

Une réunion du Conseil français du culte musulman. Photo d'archives AFP/PIERRE VERDY

Les responsables musulmans ne cessent de condamner le "terrorisme", d'appeler à lutter contre la radicalisation. Mais leur parole est-elle audible ? Face aux défaillances du Conseil français du culte musulman (CFCM), certains réclament une révision complète de l'organisation de l'"islam de France".

 

Imams, recteurs de mosquées, présidents de fédérations islamiques ont été sonnés par les attentats parisiens qui ont fait 20 morts en trois jours, dont trois jihadistes nés en France. "Rien ne sera plus comme avant, la citoyenneté musulmane, laïque, démocratique et tenant à la liberté d'opinion devra s'affirmer autant que le désir de vivre ensemble au sein d'une même nation", a écrit le CFCM. Sous la plume de son président, le recteur de la grande mosquée de Paris (GMP) Dalil Boubakeur, l'instance créée en 2003 pour incarner l'islam de France a multiplié les communications ces derniers jours pour condamner sans ambiguïté les attentats, dénoncer les amalgames entre l'islam et des "actes barbares", ou encore appeler au calme une opinion musulmane chauffée à blanc par la résurgence des actes antimusulmans.

Mais les dirigeants du CFCM sont-ils seulement crédibles ? "Le CFCM n'existe plus, c'est clair", tranche, sous couvert d'anonymat, l'un des meilleurs connaisseurs du paysage musulman français. L'islam de France est très majoritairement sunnite, dépourvu de clergé et donc par définition peu organisé, une situation encore compliquée par la bataille d'influence plus ou moins feutrée que se livrent les grands pays d'émigration. "En bruit de fond, la concurrence algéro-marocaine pourrit tout", déplore une source proche du dossier.

 

(Lire aussi : La France déclare la guerre au terrorisme, au jihadisme et à l'islamisme radical)

 

Organisation ombrelle sans moyens dédiés à son fonctionnement, simple "guichet" dit même son ancien président Mohammed Moussaoui, le CFCM est dirigé par un bureau composé de représentants de fédérations liées à l'Algérie (GMP), au Maroc (Rassemblement des musulmans de France) et à la Turquie (CCMTF) notamment. Ses membres agissent souvent en ordre dispersé, comme l'ont montré les initiatives multiples (états généraux, colloque, table ronde...) prises ces derniers mois pour mieux prévenir et endiguer la radicalisation islamiste. Et certaines organisations influentes, comme l'Union des mosquées de France (de sensibilité marocaine) et l'UOIF (forte de membres proches des Frères musulmans ou non alignés), ne sont pas associées au fonctionnement de cette instance.

Résultat: le CFCM ne peut prétendre parler au nom des 3,5 à 5 millions fidèles musulmans. Sa légitimité est contestée, en particulier parmi les jeunes nés en France, qui souvent déplorent "une captation de la représentation de l'islam par des blédards (issus des pays d'émigration, NDLR) ou des apparatchiks", selon la formule du politologue Franck Frégosi.

 

(Pour mémoire : Charlie Hebdo : le Conseil du culte musulman condamne un "acte barbare" contre "la démocratie")

 

De véritables interlocuteurs des pouvoirs publics

La parole musulmane est morcelée, quand elle n'est pas monopolisée par des personnalités dont l'omniprésence médiatique est inversement proportionnelle à leur aura auprès des fidèles, à l'image de l'imam de Drancy Hassen Chalghoumi, au discours modéré mais au parcours et aux motivations flous.

Que faire ? Pourtant conseiller du recteur Boubakeur, Abdallah Zekri veut "remettre les choses à plat afin de permettre un choix de représentants dignes de ce nom, capables de gérer l'islam, d'être de véritables interlocuteurs des pouvoirs publics et non des Arabes de service". L'influent recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, invite "tous les musulmans" à se retrousser les manches pour "bâtir une véritable institution représentative" capable de "parler en leur nom lorsque le besoin ou l'urgence l'imposent". Sa proposition pour commencer: des "assises des associations musulmanes françaises".

"Une des principales critiques visant les représentants du culte musulman, c'est que ce ne sont pas des religieux, mais des associatifs, des gestionnaires", relève le chercheur Benjamin Bruce, spécialiste de la gouvernance de l'islam en France. D'où l'idée, relayée par certains observateurs, de faire émerger une "autorité théologique" qui, le cas échéant, pourrait émettre des fatwas (avis juridiques) respectant les valeurs républicaines sans être assujetti à un CFCM affaibli. "Les bonnes volontés ne manquent pas en France", note une source, citant des recteurs comme Tareq Oubrou (Bordeaux) ou Larbi Kechat (Paris XIXe). Mais même avec un mufti ou un conseil des oulémas à la française, la réorganisation de l'islam en France ne réglera certes pas la question du basculement dans le jihadisme. "Quelle autorité religieuse peut être légitime pour un Kouachi, un Coulibaly ? Pas Boubakeur, ni même l'UOIF...", dit Benjamin Bruce.

 

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Les responsables musulmans ne cessent de condamner le "terrorisme", d'appeler à lutter contre la radicalisation. Mais leur parole est-elle audible ? Face aux défaillances du Conseil français du culte musulman (CFCM), certains réclament une révision complète de l'organisation de l'"islam de France".
 
Imams, recteurs de mosquées, présidents de fédérations islamiques ont été sonnés...

commentaires (2)

L'ISLAM NE PEUT ÊTRE NI FRANçAIS... NI ALLEMAND... NI ANGLAIS NI RIEN D'AUTRE DE TOUS LES PAYS MÉCRÉANTS... CAR DE TELS ILS SONT TRAITÉS... FAUT SE LE METTRE DANS LA BOÎTE !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 42, le 16 janvier 2015

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Commentaires (2)

  • L'ISLAM NE PEUT ÊTRE NI FRANçAIS... NI ALLEMAND... NI ANGLAIS NI RIEN D'AUTRE DE TOUS LES PAYS MÉCRÉANTS... CAR DE TELS ILS SONT TRAITÉS... FAUT SE LE METTRE DANS LA BOÎTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 42, le 16 janvier 2015

  • J'ai bien regarde ce tour de table , j'ai aggrandi la photo , et je ne vois pas hollandouille !!! mais! tres chers musulmans de France , faites appel a lui , il sait qui est bon gentil et mignon et il sait qui est mechant . Pour ca il a une experience du tonnerre de Dieu , pour avoir permis aux combattants de la liberte de se rendre en Syrie . Avec son ministre delegue infaillible, fabius , evidemment !

    FRIK-A-FRAK

    17 h 08, le 15 janvier 2015

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