« The Doll » de Hans Bellmer.
C'est le surréalisme dans tous ses états qui est à l'honneur au musée Hirshhorn sous le titre Magnifiques objets, de Paris à New York. Celui, défini par Frida Kahlo, « comme la surprise magique de trouver un lion dans un placard, là où on était sûr de trouver des chemises ». Cette exposition, qui veut explorer le lien d'une inspiration transatlantique entre les USA et l'Europe, est la première du genre de par son envergure. Elle réunit plus de 120 œuvres (sculptures, photographies, peintures) produites par plus de 20 artistes de sept différents pays : France, Espagne, Belgique, Suisse, Allemagne, Grande-Bretagne et États-Unis.
« Nous nous sommes longtemps axés sur le volet pictural du surréalisme, explique la curatrice Valerie Fletcher lors d'un point de presse. Nous avons voulu, ici, mettre la lumière sur l'envergure et la profondeur du processus sculptural, un aspect vital du surréalisme qui continue à être d'une grande pertinence. »
La présentation suit ainsi les deux approches de ce processus de création. D'une part, «l'abstraction organique», telle que développée par Jean Arp dans ses reliefs fantaisistes et qui a inspiré plusieurs artistes, dont le Britannique Henry Moore, l'Espagnol Jean Miro et Isam Noguchi. D'autre part, la technique de l'assemblage d'objets trouvés, mise au point par Marcel Duchamp et devenue une passion surréaliste.
La poupée cul-de-jatte
Les « Magnifiques objets » de cette exposition, ce sont plus précisément 85 spectaculaires sculptures qui ont notamment pour nom Plastron et fourchette de Jean Arp ; Why Not Sneeze Rose Selavy ou le prêt-à-sculpter de Marcel Duchamp; Femme égorgée de Giacometti; Objet à détruire de Man Ray; La Vénus de Milo à tiroirs; Le Téléphone homard de Salvador Dali; Le visage ficelé de Henry Moore; L'oiseau lunaire de Miro.
Une section a été réservée aux peintres et photographes de la tendance surréaliste qui ont aussi cherché à travailler en trois dimensions. Cela va de La poupée cul-de-jatte, si dérangeante, de Hans Bellmer, aux trois têtes de poupées de Ruth Bernhard, jusqu'aux mannequins en cire, si bizarrement habillés et ayant figuré à l'exposition surréaliste, tenue à Paris en 1938. Une sélection de documents (livres et revues de l'époque) est présentée pour avoir véhiculé les images des sculptures surréalistes.
Figurent en bonne place, les créations de quatre grands sculpteurs américains qui ont infusé une nouvelle vie au surréalisme lors des activités croisées entre Paris et New York: Joseph Cornell, Isa Noguchi, David Smith et Alexander Calder. Le premier déballe ses magiques Boîtes à construction et le deuxième étale ses sombres visions. Et c'est Calder qui a le fin mot de l'exposition avec deux œuvres (Le poisson diable et l'Araignée), car il a opéré la transition du surréalisme aux sculptures métalliques d'après-guerre.
Autant d'objets d'art animés et ayant une âme.
Comme le sont les sculptures de l'immense collection du musée Hirshhorn, qui avait été établie à partir des 6 000 œuvres d'art moderne, acquises par Joseph Hirshhorn, un richissime investisseur dans les mines d'uranium. En 1966, il lègue son trésor à l'État américain qui, à cet effet, fait construire un musée, placé sous l'égide de la Smithsonian Institution et qui ouvre ses portes en 1974. Restant dans la lignée de son mécène, ce musée, avec son grand jardin (accueillant notamment un très grand nombre de sculptures de Rodin et de Calder), reste consacré à l'art contemporain et à l'art moderne.
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