Un responsable iranien soupçonne Riyad d'avoir "enlevé" Rokon Abadi

Un haut responsable iranien, Alaeddine Boroujurdi, a affirmé mardi que l'ancien ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Ghadanfar Rokon Abadi, disparu lors de la bousculade de La Mecque en septembre dernier, était encore vivant lorsqu'il a été transporté par les secours saoudiens et que Téhéran soupçonne Riyad de l'avoir "enlevé".

"Un rapport démontre que Rokon Abadi a été transporté à l'hôpital dans une voiture de secours saoudienne", a déclaré M. Boroujurdi, président de la commission parlementaire de sécurité nationale lors d'une réunion extraordinaire de cette commission à Téhéran, faisant état de l'existence de "preuves" et de "témoignages" et appelant le gouvernement saoudien à "assumer ses responsabilités".

"Le gouvernement saoudien est incapable de prouver que Rokon Abadi est décédé et n'a pas remis sa dépouille. L'hypothèse selon laquelle il a été enlevé va être envisagée, a-t-il dit. Jusqu'à preuve du contraire, nous refusons l'hypothèse selon laquelle il est décédé".

L'agence iranienne Isna rapportait le 1er octobre que Ghadanfar Rokon Abadi est mort lors de la bousculade de Mina, près de La Mecque, lors du hajj. Ghadanfar Rokon Abadi, âgé de 49 ans, a été ambassadeur à Beyrouth entre 2010 et 2014.

Téhéran avait déjà accusé Riyad d'entraver ses démarches pour rapatrier les dépouilles en territoire iranien. "Le gouvernement saoudien ne fait pas son devoir en ce qui concerne le rapatriement des corps", avait déclaré le guide suprême iranien Ali Khamenei lors d'une cérémonie de remise de diplômes à des officiers de la Marine à Noshahr (nord de l'Iran). Il avait également promis de réagir "durement" si l'Arabie saoudite ne remplissait pas "son devoir" de renvoyer dans leur pays les corps des pèlerins iraniens.

La semaine dernière, le secrétaire général du parti Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait également critiqué l'Arabie Saoudite. "Cette tragédie reflète le mépris de l'Arabie à l'égard des lieux saints et des pratiques islamiques", avait-il affirmé estimant que "parmi les droits les plus élémentaires des États dont des ressortissants ont été victimes de cette catastrophe est la participation à l'enquête".

Le bilan de la bousculade s'est encore alourdi mardi, atteignant au moins 1.958 morts, selon des chiffres officiels donnés par 34 pays, ce qui en fait la catastrophe la plus meurtrière de l'histoire moderne du hajj. Depuis un bilan officiel de 769 morts fourni le 26 septembre, deux jours après le drame, les autorités saoudiennes n'ont plus donné de nouveaux chiffres. Le nombre de pèlerins tués a toutefois nettement plus que doublé par rapport aux chiffres officiels saoudiens, selon des gouvernements et des commissions nationales du pèlerinage. Des pèlerins sont toujours portés disparus.

Pour mémoire
Arabie: le roi rejette toute remise en cause de son organisation du pèlerinage après la bousculade

La bousculade de la Mecque serait la plus meurtrière de l'histoire du hajj

Drame du hajj : un chef religieux saoudien dénonce des "mensonges"