Depuis que la Russie a mené ses premières frappes aériennes en Syrie, le 30 septembre dernier, de nombreux observateurs s'accordent sur le fait que ces développements sur le terrain vont incontestablement changer la donne du conflit syrien et obliger les différents protagonistes à revoir leurs calculs. Toutefois, Israël, qui observe la guerre chez son voisin et mène des frappes ponctuelles lorsqu'il estime être menacé par le régime de Bachar el-Assad et son allié, le Hezbollah, n'est toujours pas sorti de son silence.
Avant même l'intervention militaire russe en Syrie, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'était rendu le 21 septembre à Moscou pour rencontrer le chef du Kremlin, Vladimir Poutine. Objectif : « Éviter des malentendus » entre les forces israéliennes et russes, selon les propos de M. Netanyahu, qui avait fait part de son inquiétude suite aux livraisons russes d'armes sophistiquées aux forces du régime syrien.
Hier, Israël a bombardé deux positions de l'armée syrienne sur le plateau du Golan pour répliquer à des tirs de roquettes vers la partie de cette région qu'il occupe. Du déjà-vu, qui ne risque probablement pas de mener vers une escalade.
Quels sont pour Israël les enjeux d'une intervention militaire russe dans un conflit qui embrase toute la région ? Yezid Sayigh, chercheur principal au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient, a répondu aux questions de L'Orient-Le Jour.
Quelle est la position officielle du gouvernement israélien par rapport à l'intervention militaire russe en Syrie ?
Israël n'a pas vraiment de position « officielle » concernant l'intervention militaire russe en Syrie. Il a seulement tièdement critiqué les récents développements. Mais il est clair que la récente visite de M. Netanyahu à Moscou et l'absence de commentaires sur les derniers développements de la part de son gouvernement montrent qu'Israël ne se sent pas vraiment concerné par l'intervention russe. De même que l'Égypte, Israël ne s'oppose pas vraiment à l'intervention russe, même si Le Caire a été plus clair dans ses prises de position.
(Lire aussi : Al-Nosra et l'EI se déchaînent contre Moscou)
Comment la Russie et Israël comptent coopérer militairement à la lumière des derniers développements ?
La visite du Premier ministre israélien à Moscou et les contacts militaires bilatéraux ont pour objectif d'aboutir à des arrangements en vue d'éviter les frictions ou les affrontements dans le ciel syrien. Mais les véritables questions qui se posent sont les suivantes : la Russie a-t-elle accepté de fermer les yeux sur d'éventuelles frappes israéliennes en Syrie ciblant des transferts d'armes stratégiques au profit du Hezbollah? Ou bien Israël a-t-il désormais perdu sa liberté d'action? Israël aurait-il accepté de ne plus frapper des objectifs de l'armée syrienne, ou du moins d'être plus sélectif dans ses frappes contre le Hezbollah en ne visant que des objectifs vraiment stratégiques ou en éliminant des menaces réellement imminentes ? Israël aurait-il accepté de rester à l'écart des zones aériennes où la Russie est active, spécialement celle de Tartous-Lattaquié, afin de limiter son action aux régions du sud de la Syrie ?
Quels sont les avantages et les inconvénients de l'intervention russe en Syrie pour Israël ?
Depuis le début du conflit en Syrie, Israël n'a pas décidé s'il était en faveur d'une victoire de l'opposition syrienne ou du régime de Bachar el-Assad. Ce dernier a maintenu le cessez-le-feu sur les hauteurs du Golan, tout en soutenant le Hezbollah. Israël est principalement préoccupé par la présence d'islamistes jihadistes à ses frontières. L'intervention militaire russe en Syrie ne change rien à cette donne. C'est pourquoi je ne pense pas qu'Israël sentirait le besoin de changer sa position générale. Après l'accord sur le nucléaire iranien, il est en tout cas moins probable de voir un affrontement entre Israël et le Hezbollah. Mais Israël sera à l'affût, au cas où le parti chiite décide de déployer ses forces de manière permanente au niveau de la ligne de démarcation sur les hauteurs du Golan.
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commentaires (5)
Israel n'est pas concernée et pour cause : Israel ne peut plus compter sur la chiffe molle qui habite la Maison Blanche, Et comme les arabes s'entretuent entre eux, encore moins Et comme la Russie (superpuissance) vient y mettre son grain sel, pardon , ses bombes, encore moins Ce n'est pas le Hezbollah qui l'inquiète, trop occupé en Syrie à monter à l'assaut des moulins à vent don quichonesque" Et Bn a été à Moscou !!!! Et nous petit peuple d'un petit pays nous sommes au milieu de tout ça
FAKHOURI
22 h 17, le 14 octobre 2015