Le tunnel sous la Manche pris d'assaut par des centaines de migrants

Le tunnel sous la Manche reliant la France au Royaume-Uni a été l'objet d'une tentative d'intrusion d'une ampleur sans précédent par un groupe de migrants dans la nuit de vendredi à samedi, alors que l'afflux de migrants se poursuit dans l'est de l'Union européenne.

Quelque 168.000 migrants et réfugiés à la recherche d'un pays d'accueil ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Europe en septembre, un record mensuel, a annoncé vendredi le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

L'intrusion coordonnée d'une centaine de personnes qui ont réussi à parcourir 15 km dans le tunnel sous la Manche avant d'être interceptées est du "jamais vu", selon Eurotunnel.
Selon une porte-parole, "il est fort probable qu'il s'agisse d'une opération réfléchie ayant pour but d'attirer l'attention de l'opinion publique" sur la situation des milliers d'hommes, femmes et enfants qui affluent dans le nord de la France dans l'espoir de trouver un passage vers le Royaume-Uni.

Le trafic ferroviaire a été paralysé pendant toute la nuit pour reprendre progressivement samedi matin.
Deux gendarmes et quatre migrants ont été légèrement blessés, selon la préfète du Pas-de-Calais (nord de la France) Fabienne Buccio. Vers minuit, "une centaine de migrants ont forcé une clôture et le passage auprès d'agents de sécurité du tunnel", a indiqué à l'AFP une porte-parole d'Eurotunnel. Au nombre de 113, ils sont entrés "dans le tunnel sud, assez loin, sur 15 km environ", a indiqué Fabienne Buccio à l'AFP. Les gendarmes sont intervenus pour les empêcher d'aller plus loin et ont procédé à des interpellations.

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"C'est une attaque déterminée et bien organisée", a réagi un autre porte-parole d'Eurotunnel. Les migrants "ont couru à travers le terminal, plaquant au sol certains membres du personnel et lançant sur eux des pierres". La préfète a confirmé "une certaine agressivité" du groupe. "D'habitude ils reculent devant les forces de l'ordre, là ils voulaient passer".

Dans la matinée, une action similaire a eu lieu au port de Calais, avec la tentative d'environ 300 migrants de s'introduire en plusieurs points distincts sur le terminal voyageur et dans des camions, selon la sécurité portuaire. Ils ont commencé à être dispersés à l'arrivée des gendarmes vers 10H30 (08H30 GMT), selon un correspondant de l'AFP.

Le site du tunnel, qui totalise 650 hectares et un périmètre d'une vingtaine de km, a fait l'objet pendant l'été de nombreuses tentatives d'intrusion, généralement la nuit. Un pic à 1.700 avait été atteint le 3 août. Treize personnes sont mortes accidentellement depuis le 26 juin dans ces tentatives.

(Pour mémoire : Plus d'un demi-million de migrants ont traversé la Méditerranée en 2015)

'Bouts de chandelle'

Depuis les travaux de sécurisation entrepris - nouvelles barrières, renforcement d'effectifs, chiens renifleurs - le nombre d'intrusions est tombé à une centaine par nuit. Environ 3.500 migrants rêvant de gagner l'Angleterre, qui leur ferme ses frontières, vivent dans des conditions indignes dans le camp dit "de la nouvelle jungle", à l'est de Calais. Les associations humanitaires accusent les autorités françaises d'"inertie" face à la menace d'une "catastrophe à grande échelle".

Le gouvernement a annoncé la création de 1.500 places d'accueil en 2016, une politique de "bouts de chandelle" selon l'ONG Emmaüs qui a rompu vendredi le dialogue avec le gouvernement.

A l'autre extrémité de l'UE, l'afflux d'hommes, femmes et enfants à la recherche d'un refuge se poursuit. En Hongrie 4.987 nouveaux arrivants ont été recensés vendredi, portant le total à 300.159 depuis le début de l'année. Le passage de Beremend entre la Croatie et la Hongrie est toujours ouvert, et des bus attendent l'arrivée des migrants côté hongrois pour les acheminer vers l'Autriche, où 2.683 personnes sont arrivées vendredi et 2.363 samedi entre minuit et 05H00 GMT.
En Croatie, quelque 6.000 migrants pourraient entrer dans la journée depuis la Serbie voisine, selon un policier. La Hongrie est en train de finaliser l'installation d'une clôture barbelée à sa frontière croate, qu'elle entend rendre imperméable au migrants "dès que possible".

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