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Liban - Environnement

Naqoura, futur village exemplaire, a déjà son école « zéro émission »

Une installation d'électricité à l'énergie solaire, des bennes pour le tri sélectif, un potager bio, un système d'éducation à l'environnement... Un projet de Bahr Loubnan a complètement transformé un lycée du Liban-Sud.

Rima Tarabay, en compagnie du président du conseil municipal de Naqoura, du responsable du Sud au ministère de l’Éducation et du directeur de l’école, inspectant l’installation solaire sur le toit du bâtiment.

Un lycée public du village frontalier de Naqoura est devenu un bâtiment totalement écologique suite à des travaux effectués dans le cadre d'un projet lancé par l'ONG Bahr Loubnan. « Le bâtiment était vétuste et nécessitait une réhabilitation totale, explique à L'Orient-Le Jour Rima Tarabay, vice-présidente de Bahr Loubnan. Nous avons effectué des travaux d'étanchéité dans toutes les salles, avons repeint les murs. Nous avons ensuite mis en place une installation photovoltaïque de production d'électricité, à l'énergie solaire, qui fournira une énergie propre à l'école 24 heures sur 24. »

Cette énergie propre permettra au bâtiment d'atteindre l'objectif de zéro émission. Mais ce n'est pas tout. « Nous avons instauré un système de tri sélectif à l'école, en y plaçant des bennes pour les différents types de déchets, poursuit Rima Tarabay. Non seulement cela permettra de trier les déchets, mais aussi d'éduquer les enfants à ces pratiques. » En matière d'éducation, l'ONG a également prévu la création d'un potager bio, où les enfants pourront pratiquer le jardinage, sans engrais chimiques. Des arbres ont été plantés dans le jardin de l'école, pour un environnement plus vert. Enfin, un programme éducatif à l'environnement a été intégré au cursus scolaire.

(Lire aussi : Crise des déchets : Entre les plans des uns et des autres, les solutions attendent toujours)

 

Une vision qui a évolué

Jeudi, le nouveau bâtiment a été inauguré à Naqoura, lors d'une cérémonie organisée par l'ONG Bahr Loubnan en collaboration avec la municipalité de Naqoura et la direction de l'école. Étaient présents, outre Rima Tarabay, le président du conseil municipal de la ville, Mahmoud Mahdi, le directeur de la région du sud au ministère de l'Éducation, Bassem Abbas, et le directeur de l'école, Jamal Hamza. Parmi les invités figuraient également les élèves de l'école, ainsi qu'un bon nombre de notables de la région, des représentants des secteurs de l'environnement, de l'éducation et des médias.

Mme Tarabay, qui est également fondatrice et présidente d'EcoTown, un réseau de villes méditerranéennes destinées à devenir des exemples de villes écologiques, a rappelé au cours de son discours que Naqoura est l'une de ces localités. « Quand nous avons commencé à travailler sur Naqoura, nous avions simplement pour but de préserver le village, a-t-elle dit. Mais cette vision a évolué en 2012 vers une volonté d'en faire un village écologique typique qui servira d'exemple à un grand nombre de villages libanais, aux niveaux de l'électricité, de la gestion des déchets, du traitement des eaux et de l'agriculture sans engrais chimiques. »
Et d'ajouter : « Le choix de l'école publique découle de notre intime conviction concernant l'importance des institutions publiques comme plateformes de diffusion de nouvelles cultures. À travers le projet de Naqoura, nous voulons prouver aux habitants que la préservation de l'environnement peut constituer une source de revenus pour un village frontalier qui a connu, pendant des décennies, tout genre de difficultés. »

(Lire aussi : À Baabda, les résidents parent au problème tant bien que mal)

Interrogée par L'Orient-Le Jour sur le suivi des activités à l'école, Mme Tarabay a assuré que « ce suivi sera assuré par Bahr Loubnan ». « Nous venons d'organiser une réunion avec les enseignants pour discuter du programme pédagogique des enfants, explique-t-elle. Je me déplace moi-même fréquemment au village pour rester en contact avec toutes les personnes concernées. Même quand nous procédons à des travaux dans le village, hors de l'école, nous demandons à des experts de venir en expliquer la teneur aux enfants. »

Au cours de la cérémonie d'inauguration, le président du conseil municipal a remercié Bahr Loubnan « pour son initiative et toute l'assiduité dont elle a fait preuve tout au long de la réalisation de ce projet ».

Pour sa part, M. Abbas a estimé, en s'adressant aux élèves et aux enseignants, que « le meilleur des rêves n'est autre que la préservation de l'environnement ». Il a insisté sur « le rôle essentiel de l'enseignant, complété par une solidarité avec les habitants du village, représentés par leur conseil municipal, ainsi qu'avec la société civile et les ONG comme Bahr Loubnan, qui s'est engagée à faire de ce projet une réussite ».

Le directeur de l'école a de son côté affirmé que « l'enseignant, pour être capable de jouer pleinement son rôle, devra comprendre tous les besoins des élèves, à une époque qui nécessite un grand savoir ainsi qu'une vision globale de l'enseignement. C'est la raison pour laquelle nous percevons l'éducation comme une préparation de nos enfants à la vraie vie », a-t-il ajouté.

(Lire aussi : À Zouk Mosbeh, une installation de tri éphémère pour donner l'exemple)


EcoTown, un réseau de villages méditerranéens

Le projet de Bahr Loubnan ne s'arrête pas à la réhabilitation de l'école, il s'étend à tout le village, grâce à un budget provenant de différentes aides. « Nous avons déjà réhabilité la côte et démantelé les constructions illégales en béton grâce à un budget des États-Unis, explique Rima Tarabay. Nous avons commencé des projets d'agriculture biologique avec des agriculteurs locaux. Un autre projet a porté sur les eaux usées du village : le président du conseil municipal a réussi à relier le réseau du village à la station d'épuration de la Finul, qui assure un traitement secondaire. »

Selon la vice-présidente de Bahr Loubnan, le prochain projet consistera à travailler sur la qualité de l'eau potable, afin que les habitants puissent, à terme, boire de l'eau de leur robinet.
EcoTown, rappelle-t-elle, est un réseau de villes et de villages sur le pourtour de la Méditerranée, qui deviendront, par leur conformité aux normes écologiques, des exemples dans leurs pays respectifs : outre Naqoura au Liban, le réseau compte des villes au Maroc, en Slovénie, en France, en Tunisie, en Égypte et en Grèce.
« Par rapport à Naqoura, notre travail avec tous les acteurs concernés, malgré nos différences d'opinions politiques, a montré que l'on peut transcender nos divergences dès qu'il s'agit d'œuvrer pour l'environnement, conclut Mme Tarabay. C'est une idée à prendre en compte dans la crise actuelle de déchets que traverse le pays. »


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