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Liban - Crise des déchets

Crise des déchets : Entre les plans des uns et des autres, les solutions attendent toujours

Après les réunions marathoniennes de la veille, des points de convergence sont apparus entre les écologistes et la commission présidée par Akram Chehayeb. Le mouvement civil devrait annoncer sa position finale aujourd'hui.

Des déchets jetés près de la mer, à Zalka, au Metn. AFP PHOTO/PATRICK BAZ

Alors que les Libanais continuent de suffoquer dans les différentes régions de Beyrouth et du Mont-Liban, en raison des déchets amassés depuis le 17 juillet dernier, les tractations entre officiels et mouvement civil se poursuivent sur les détails de la mise en place d'un plan de sortie de crise, doublé d'un plan à plus long terme. La veille, les réunions s'étaient terminées tard entre les écologistes mandatés par le mouvement civil (qui avait présenté son propre plan, lundi) et la commission d'experts présidée par le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb. Hier, le mouvement civil a tenu une série de réunions pour discuter des résultats des tractations et devrait en annoncer les résultats aujourd'hui, selon des sources interrogées par L'Orient-Le Jour.
Entre-temps, aucun délai pour le début de la collecte des ordures empilées n'a encore été annoncé, même si le ministre Chehayeb a plus d'une fois reflété « des avancées positives », et que le président du Mouvement écologique libanais, Paul Abi Rached, s'est dit « satisfait des résultats obtenus », dans une entrevue avec l'agence al-Markaziya.

Ce qui a filtré à propos des réunions de la veille, publié dans un procès-verbal de l'Association libanaise de transparence (consultable en ligne), a montré que les points de convergence entre les écologistes et la commission officielle portaient principalement sur une primauté accordée au tri à la source, pour lequel des campagnes devraient être lancées dès le début de la mise en place de la phase transitoire de 18 mois. Les militants et les officiels n'étaient cependant pas d'accord sur le taux de tri à la source que l'on pourrait atteindre dans les premières années : la commission a insisté sur le fait que ce taux ne pourrait dépasser les 10 % dans une première phase, soulignant que le plan devrait être conçu de manière à augmenter ce taux progressivement. Il a été décidé, entre autres, que le ministère de l'Intérieur devrait publier une circulaire qui oblige à consacrer des bennes spéciales pour les matières organiques et d'autres pour les recyclables, avec un système de collecte séparé. Le paiement des dus aux municipalités a été soulevé, et la commission a présenté les projets de décrets visant à libérer les fonds.

 

(Repère : Les grandes lignes du plan présenté par la commission d'experts présidée par Chehayeb*)



Selon Bassam al-Kantar, membre de la commission, les deux points essentiels sur lesquels les négociateurs mandatés par le mouvement civil et la commission se sont entendus sont un nouveau processus de transport et de collecte des déchets, sur base du tri préalable et de collecte séparée, à terme dans des camions qui ne pressent pas les déchets (afin qu'ils demeurent triables par la suite), et le renforcement, autant que possible, du tri à la source, même si le processus doit être graduel. Pour cela, il affirme que les 18 mois de la période transitoire seront consacrés non seulement à la sensibilisation et à la formation des municipalités, mais à la surveillance des opérations, afin que celles-ci soient prêtes à jouer leur rôle durant la période durable.

Pour ce qui est du rôle joué par Sukleen, la compagnie serait appelée à poursuivre son travail durant la période transitoire, ayant l'infrastructure nécessaire. Mais les municipalités peuvent commencer à lancer leurs propres appels d'offres pour le ramassage et le balayage, afin de sortir du contrat avec Sukleen, fait remarquer Bassam al-Kantar. Même le manque de fonds ne serait plus un obstacle, puisque les municipalités peuvent, une fois un accord passé avec un nouvel entrepreneur, demander des fonds à l'État, selon lui.
Enfin, il semble que la réouverture de Naamé pour sept jours soit devenue inéluctable. « La durée de sept jours peut ne pas être suffisante pour y transporter tous les déchets empilés, nous le savons bien, mais c'est la promesse faite aux municipalités de la région et nous la tiendrons », souligne-t-il. Il ne peut cependant pas fixer un délai pour cette démarche, étant donné qu'elle doit être entreprise simultanément avec l'ouverture des autres sites d'enfouissement.

 

 

« Le coût du plan a-t-il été discuté ? »
Par ailleurs, le plan présenté par le mouvement civil lundi a suscité auprès de certains militants écologistes de sérieuses réserves. Un de ces militants, qui a requis l'anonymat, s'est demandé pourquoi « le mouvement civil, et notamment ses membres écologistes, ont accepté d'entrer dans le jeu de proposer des plans alternatifs, faisant par la même occasion la promotion de technologies plus ou moins bien testées, au lieu de s'en tenir au militantisme sur des concepts écologiques et d'imposer leurs vues aux plans de l'État ».

Pour sa part, Raja Noujaim, de la Coalition civile contre le plan gouvernemental pour la gestion des déchets, n'hésite pas à décrire ce plan comme n'étant pas suffisamment étudié et incomplet, reprenant des concepts sans les placer dans leur contexte adéquat. Il soupçonne les concepteurs du plan de suggérer le recours à des technologies et des idées dont l'efficacité n'a pas été testée, comme l'utilisation de la terre argileuse à Beyrouth et ses environs, ou encore l'emballage en plastique pour le traitement anaérobique (sans air).
Raja Noujaim a également critiqué le fait que le mouvement civil ait souscrit à la théorie suivant laquelle les déchets amoncelés depuis deux mois n'étaient pas triables dans leur état actuel, soulignant que leur plan « est étrangement similaire à celui de la commission Chehayeb à ce niveau ». Selon lui, le tri est possible en plusieurs étapes, étant donné que 80 % de ces ordures se trouvent dans des sacs en nylon fermés, favorisant un tri en deux étapes, manuel puis semi-automatique.

Le militant déplore enfin que les militants du mouvement civil n'aient pas discuté du coût de la mise en place du plan Chehayeb, estimé à 153 millions de dollars. « Certaines des sociétés qui avaient présenté des dossiers lors de l'appel d'offres qui avait eu lieu il y a un mois environ (NDLR : dont les résultats ont été annulés le lendemain de leur annonce) avaient donné des prix bien plus bas que ceux de Sukleen pour le balayage et le transport, pourquoi ne pas envisager cette solution pour minimiser les coûts de la période transitoire ? » s'est-il demandé.

 

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commentaires (2)

RIEN NE CHANGE DANS CET ATOLL... TOUT DIALOGUE EST DEVENU LE SYNONYME DE PARALYSIE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 32, le 01 octobre 2015

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Commentaires (2)

  • RIEN NE CHANGE DANS CET ATOLL... TOUT DIALOGUE EST DEVENU LE SYNONYME DE PARALYSIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 32, le 01 octobre 2015

  • franchement, tant de pourparlers et de discussions pour des ordures (menageres ou pas..)! j'ai l'impression que les pourparlers concernant le nucleaire iranien ont ete moins compliquees.

    Le Herisson

    07 h 31, le 01 octobre 2015

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