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À La Une - Conflit

La Russie veut mettre les deux pieds en Syrie, centre de gravité du Proche-Orient

Pour l'expert militaire russe Alexandre Golts, si l'armée russe déploie des forces en Syrie, c'est bien pour s'en servir.

Quel est l'objectif du président russe Vladimir Poutine ? Sauver Assad ? Défaire les jihadistes du groupe Etat islamique ? PHOTO MIKHAIL KLIMENTYEV/ARCHIVES/AFP

La montée en puissance de la Russie en Syrie affole les Occidentaux mais quel est l'objectif de Vladimir Poutine ? Sauver Assad ? Défaire les jihadistes du groupe Etat islamique ? Oui. Mais aussi mettre les deux pieds en Syrie, centre de gravité du Proche-Orient.

Après plus de quatre ans d'une guerre civile marquée par l'émergence de l'Etat islamique et par l'échec collectif des Occidentaux, des Arabes et de la Russie à régler un conflit qui a fait plus de 240.000 morts et provoqué l'exode de millions de réfugiés, le président russe a pris l'initiative.

Fin juin, il a d'abord proposé la création d'une grande coalition militaire qui s'appuierait en partie sur l'armée syrienne pour combattre l'Etat islamique. Et parallèlement, alors que son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov tentait de vendre l'idée à ses homologues américain et saoudien, ainsi qu'aux différents groupes d'opposants syriens, le complexe militaro-industriel russe accélérait ses livraisons d'armes au régime de Damas.

Dans un second temps, les passionnés de bateaux ont assisté à Istanbul à un ballet de navires de guerre russes passant par le détroit du Bosphore et se dirigeant vers le port syrien de Tartous, où la Russie dispose d'installations logistiques. Dernier acte ces dernières semaines: les satellites américains ont enregistré une recrudescence d'activités militaires russes sur un aéroport de seconde zone, au sud du fief pro Assad de Lattaquié. Hélicoptères, bombardiers, avions d'attaque au sol, chars, soldats: selon Washington et l'Otan, l'armée russe construit une base aérienne militaire.

Si ce déploiement se vérifiait officiellement, et surtout s'il était utilisé, il s'agirait du tout premier engagement officiel de la Russie sur un théâtre de guerre éloigné depuis l'intervention soviétique en Afghanistan en 1979. L'armée russe ne s'était pas aventurée depuis la fin de l'URSS (1991) au-delà de l'ex-URSS : en Géorgie en 2008.

 

(Repère : Les armes déployées par la Russie en Syrie)

 

Passer à l'action
A Moscou, une source diplomatique russe haut placée résume l'état d'esprit au Kremlin: "Ce n'est plus le moment de tergiverser. Nous passons de la théorie à la mise en œuvre pratique de nos propositions".

Ce n'est pas le premier coup de poker de Vladimir Poutine dans cette crise. Fin août 2013, Barack Obama avait renoncé à des frappes aériennes immédiates proposées par la France sur les installations du régime syrien, et s'était retranché derrière l'avis du Congrès. Le chef de l'Etat russe avait alors mis dans la balance la destruction des armes chimiques syriennes. Résultat: Bachar el-Assad avait échappé aux frappes et retrouvé de la crédibilité et de la légitimité.

Deux ans plus tard, les efforts de Moscou visent au même objectif : soutenir l'armée syrienne et s'implanter en Syrie, un pays au carrefour de toutes les problématiques géopolitiques au Proche-Orient, à deux pas du Liban multiconfessionnel, de l'Irak chiite aux prises avec les combattants sunnites, du royaume hachémite et de la Turquie, Sublime Porte vers l'Europe.

"L'intensification de nos activités a commencé quand nous avons compris que la coalition (menée par les Etats-Unis) était vouée à l'échec et qu'il n'y avait pas de plan clair pour le futur", révèle la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Pour l'expert militaire russe Alexandre Golts, si l'armée russe déploie des forces en Syrie, c'est bien pour s'en servir. "C'est comme dans le théâtre de Tchekhov : si la pièce prévoit qu'un fusil soit sur la scène, c'est qu'il doit être utilisé", estime M. Golts, considérant des bombardements comme "possibles".

 

(Lire aussi : La présence des "visiteurs" russes ravit les Syriens de Lattaquié)

 

Zone d'influence
Pour un haut responsable syrien, cette implication militaire est un "tournant". "Moscou veut rappeler aux États-unis que ses relations avec Damas datent d'il y a plus de cinquante ans et que ce pays est dans sa zone d'influence. C'est aussi un message aux pays de la région que la Russie entend y redevenir un acteur principal", explique-t-il.

"Pour les Etats-Unis, la Syrie n'est pas une affaire qui touche à ses intérêts nationaux, et c'est pourquoi Obama n'est pas intervenu. Pour la Russie, il s'agit d'une affaire qui touche directement ses intérêts en raison de sa position en Méditerranée et au Moyen-Orient", résume ce responsable.

Quel impact possible sur le terrain ? "Même quelques sorties simples, de petites interventions très modestes élèveront le statut de la Russie et son pouvoir", estime Tony Cordesman, du groupe de réflexion CSIS (Center for strategic and international studies) à Washington.
L'engagement militaire russe dans la région a toutefois ses limites: face au port de Tartous et à l'apparente base russe de Lattaquié, les Etats-Unis disposent de bases militaires en Arabie saoudite, en Turquie, en Egypte, à Bahrein, au Qatar, dans les Emirats Arabes unis et à Oman.

 

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La montée en puissance de la Russie en Syrie affole les Occidentaux mais quel est l'objectif de Vladimir Poutine ? Sauver Assad ? Défaire les jihadistes du groupe Etat islamique ? Oui. Mais aussi mettre les deux pieds en Syrie, centre de gravité du Proche-Orient.
Après plus de quatre ans d'une guerre civile marquée par l'émergence de l'Etat islamique et par l'échec collectif des...

commentaires (9)

pardonnez moi mais prenons l'inverse, supposons que les USA mettent les 2 pieds en arabie saoudite et qu'Obama faisait et dirait la meme chose, QUE DIRONT LES FAMEUX RESISTENTS (RESISTANTS OUI, MAIS AU LIBAN EN FAVEUR DE L'IRAN (D'AILLEURS CE N'EST PAS MOI QUI LE DIT C'EST HN LUI MEME EN DISANT ETRE FIERE D'APPARTENIR A LA WALLIYAT EL FAKYH ET QUE SON ALLEGEANCE ALLAIT A KHAMANEII)) HAHA a faire dormir debout ouiiii !! la russie n'aurait pas fait ce qu'elle a fait sans accord implicite de la part des puissances mondiales !!

Bery tus

21 h 34, le 26 septembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • pardonnez moi mais prenons l'inverse, supposons que les USA mettent les 2 pieds en arabie saoudite et qu'Obama faisait et dirait la meme chose, QUE DIRONT LES FAMEUX RESISTENTS (RESISTANTS OUI, MAIS AU LIBAN EN FAVEUR DE L'IRAN (D'AILLEURS CE N'EST PAS MOI QUI LE DIT C'EST HN LUI MEME EN DISANT ETRE FIERE D'APPARTENIR A LA WALLIYAT EL FAKYH ET QUE SON ALLEGEANCE ALLAIT A KHAMANEII)) HAHA a faire dormir debout ouiiii !! la russie n'aurait pas fait ce qu'elle a fait sans accord implicite de la part des puissances mondiales !!

    Bery tus

    21 h 34, le 26 septembre 2015

  • Normal quand on en met un , il vaut mieux mettre l'autre .. pardi !

    FRIK-A-FRAK

    18 h 08, le 26 septembre 2015

  • Et la chapka entre les pattes....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 06, le 26 septembre 2015

  • NOUVEAU OURS TSARIEN OU SOVIET... IL PROFITE DE LA FAIBLESSE ET DE LA PARALYSIE CHRONIQUE QUI FRAPPE LE MASTODONTE ET SES MALADES ÉLÉPHANTEAUX... QUE CE SOIT AVEC LA BÉNÉDICTION DES PACHYDERMES OU SANS L'OURS SEMBLE GAGNER ET DES CHANGEMENTS RADICAUX VOIENT LE JOUR ! ESPÉRONS QU'OURS ET PACHYDERMES LE FONT DE CONCERT POUR LE BIEN DE LA RÉGION... SINON... L'APOCALYPSE GUETTE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 18, le 26 septembre 2015

  • Tous ces dirigeants et tous ces pays (Russie,Iran,..) que veulent ils en Syrie. Il n'y a plus rien. Le pays est détruit Poutine a muselé les opposants russes, le petit a Muselé depuis longtemps les syriens, l'Iran a l'ambition de mettre la région sous sa botte, C'est devenu de la folie d'intervenir en Syrie Et le petit Hitler n'a rien à proposer, même pas sa peau Maintenu ou éradiqué, il devra rendre justice à ses citoyens, Il ne peut pas s'échapper : il a atteint le point de non retour : La population de son pays est réduite à 12 millions d'habitants traumatisés par une guerre civile féroce, des villes entières détruites, ne parlons même pas d'économie nationale ou de devise, complètement inexistants, ni des milices qui n'ont pas l'intention de quitter le pays... Alors, Monsieur l'ex-colonel du KGB, que venez vous faire en Syrie ? du tourisme à la sauce russe comme en Pologne, Roumanie, Tchèque, Slovaquie, et autres pays dans les années 1945-1989 que ont été soumis sous le joug russe alias soviétique Les russes ne sont pas mieux que les américains. Pendant ce temps les palestiniens n'ont pas de pays, Israel prospère sous la protection US qui veille sur le pétrole arabe.... Le voyage de BN à Moscou n'a pas été inutile.

    FAKHOURI

    10 h 40, le 26 septembre 2015

  • LA Syrie n'existe déjà plus. Le titre de cet article n'est pas juste Il est impossible d'imaginer ou de croire que la Syrie est ou sera le centre de gravité de la région Entouré par des pays à problèmes et des peuples déracinés (Kurdes, Irakiens,), Israel, et l'eternel dualité sunnite-chiite, il est impossible de penser que les successeurs de la famille El Assad puissent offrir un intérêt quelconque Ce pays n'a rien à offrir que la destruction, le fanatisme, Il faudra des années pour reconstruire ce pays

    FAKHOURI

    10 h 15, le 26 septembre 2015

  • Après tout c'est un juste retour de boomerang ...les occidentaux ,USA en tête sont les victimes naturelles de leurs fiascos avérés ... en Irak ,Libye Syrie .....

    M.V.

    06 h 37, le 26 septembre 2015

  • Le tourisme militaire russe en Syrie va compliquer les choses. Je ne pense pas que le petit déploiement de matériels va impressionner Daech. Quant à l'armée syrienne , elle est très affaiblie par les nombreux déserteurs, et surtout de nombreux morts... Déployer des chars T90 pour combattre la guérilla, il y a trop d'exemples d'échecs face à l'impossibilité de combattre un ennemi invisible, (Vietnam Afghanistan, divers pays Amérique du Sud, etc), Cette petite démonstration de force ne permet pas de rassurer le petit Hitler... simplement pour l'impressionner et lui confirmer la fidélité de la Russie à son pays.. Si un conflit généralisé se déclare, les forces occidentales sont tellement nombreuses dans les environs de la région arabe et dans les pays arabes, que cette petite task force russe ne fait pas le poids Elle permet au petit Hitler de dormir sans somnifère Quant à Obama, il est bien au chaud dans son palais à Washington DC ... L'ONU aura des regrets et mettra en garde, le scénario classique d'un début de guerre larvée qui va durer quelques années avant d'aller à Genève pour trouver une porte de sortie sauvant la face à tout le monde

    FAKHOURI

    04 h 31, le 26 septembre 2015

  • "La Russie veut mettre les deux pieds en Syrie." ! Eh bien, elle finira comme l'ex-URSS en Afghanistan, la queue entre les jambes....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 08, le 26 septembre 2015

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