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Liban - Crise des déchets

Chehayeb : Que la politique ne se serve pas de l’environnement comme d’une barricade

Le ministre de l'Agriculture et son comité d'experts ont poursuivi hier leurs réunions avec les écologistes. Ils devront aujourd'hui rencontrer les membres du mouvement civil.

Imaginez, comme c’était le cas à Zahlé hier, un déluge pareil... Photo Danièle Khayat

C'est à l'issue d'une réunion avec le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk que le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb, chargé de résoudre la crise des déchets à la tête d'une commission d'experts, a choisi de s'exprimer hier. La symbolique est claire : c'est le ministère de l'Intérieur et son équipe technique qui seront chargés du comité qui effectuera le suivi de la mise en application du plan des déchets dans la période transitoire comme à plus long terme, un comité dans lequel seront représentés les différents ministères concernés ainsi que des experts et des représentants de la société civile.

Dans sa déclaration, M. Chehayeb a dit s'être entretenu avec M. Machnouk des contacts avec les notables du Akkar (région où devrait se situer l'une des décharges), tout comme il lui a décrit ses réunions avec les acteurs de la société civile. « Nous avons profité de certaines remarques qui servent les intérêts du pays, tout comme nous avons défendu certains des principes que nous avons adoptés, a-t-il dit. Toutes ces discussions sont primordiales, mais le plus important reste d'arriver à un point où nous pourrons commencer le travail pour ramasser les ordures empilées dans les rues. Quand ? Je dirais que nous faisons de notre mieux pour obtenir des résultats positifs le plus vite possible, à condition que la politique ne se serve pas de l'environnement comme d'une barricade, mais qu'elle lui serve d'appui. »

Interrogé sur le mouvement civil né de la crise des déchets, qui refuse toujours l'utilisation d'anciennes décharges, M. Chehayeb a réitéré que ce mouvement a joué un rôle primordial dans la naissance de ce plan, mais qu'il n'accepterait pas les objections qui ne sont pas fondées. « Ce problème concerne tout le pays et chacun est invité à le résoudre », a-t-il dit.

En réponse à une question sur la durée de la construction des décharges (plusieurs mois), M. Chehayeb a expliqué que, « dans un premier temps, les ordures seront transportées vers des aires de stockage où elles seront triées, alors qu'une cellule de la décharge sera en cours de construction ». « Un premier tri sera effectué dans les centres de Amroussieh et de la Quarantaine dans les biens de l'État, les matières de grand volume seront acheminées vers la décharge de Bsalim, et le reste des ordures envoyé sur les sites où elles seront triées une seconde fois, la municipalité étant appelée à profiter de la vente de matières premières », a-t-il poursuivi.
Le ministre a confirmé que c'est Sukleen qui transportera les déchets, précisant que suivant la loi, la compagnie devrait poursuivre son travail jusqu'à l'annulation des contrats de balayage et de collecte. Sur la réouverture de la décharge de Naamé durant sept jours, il a assuré que cela ne pouvait pas être considéré comme une réouverture, mais que cette mesure fait partie d'une solution plus globale.

 

(Repère : Les grandes lignes du plan présenté par la commission d'experts présidée par Chehayeb*)

 

La pluie et les risques de contamination
Entre-temps, les montagnes de déchets restent sur place, alors que la météo annonce des pluies assez prochainement. La course contre la monte, d'autant plus grave avec l'arrivée de la saison des pluies, a été évoquée hier dans un communiqué du ministère de la Santé, qui a mis en garde contre les dangers multiples de pollution et de contamination si les déchets sont toujours dans les rues lorsque la pluie viendra. Le ministère de la Santé « a demandé aux forces politiques de ne plus tarder à mettre en œuvre le plan proposé par le ministre Akram Chehayeb, avec toutes les modifications qui résulteront du débat national ».
Parmi les risques évoqués par le ministère, celui de l'infiltration des liquides produits par les déchets (lixiviat) dans le sol, polluant les récoltes et disséminant les bactéries comme la shigella et la salmonelle, ce qui contribuera à la prolifération des rongeurs. De plus, l'infiltration de ce lixiviat dans les eaux souterraines y amènera les métaux lourds présents dans les déchets, tels le cadmium, le nickel, le mercure et d'autres. Ces métaux lourds dans l'eau sont des agents de maladies graves comme les tumeurs, les malformations congénitales, la maladie d'Alzheimer et d'autres. Ces métaux lourds ne se dissolvent dans la nature qu'après de longues périodes. De plus, souligne le ministère, l'accumulation d'ordures dans les rues pourra causer des obstructions de canalisations, donc des inondations.

Sur un autre plan, Samy Gemayel, président du parti Kataëb, a déposé une plainte auprès du procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud, en se portant partie civile dans l'affaire de détournement de fonds et de gaspillage de deniers publics dans le dossier des déchets ménagers, contre tous ceux que l'enquête désignera comme acteurs, participants, instigateurs ou complices dans les crimes cités précédemment.

 

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commentaires (2)

Où SONT LES ORGANISATEURS DES MANIFESTATIONS PASSÉES... CERTES MANIPULÉES... ET ABUSANT DE LA BONNE FOI DES CITOYENS... POUR PROTESTER CONTRE CEUX QUI METTENT DES CONDITIONS POLITIQUES ET PARALYSENT LA SOLUTION DES DÉCHÊTS ???

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 05, le 16 septembre 2015

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Commentaires (2)

  • Où SONT LES ORGANISATEURS DES MANIFESTATIONS PASSÉES... CERTES MANIPULÉES... ET ABUSANT DE LA BONNE FOI DES CITOYENS... POUR PROTESTER CONTRE CEUX QUI METTENT DES CONDITIONS POLITIQUES ET PARALYSENT LA SOLUTION DES DÉCHÊTS ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 05, le 16 septembre 2015

  • "...un comité dans lequel seront représentés les différents ministères concernés, ainsi que des experts et des représentants de la société civile..." Ca en fait du monde ! D'ici que tous se mettent d'accord après d'interminables contacts, réunions, discussions et autres passe-temps typiquement libanais, les premières pluies seront tombées, avec leurs cortèges de problèmes habituels...et vive la prochaine catastrophe écologique et sanitaire !!! Décidément,nos IRRESPONSABLES-INCAPABLES n'ont toujours pas réalisé l'urgence absolue de ce problème! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 54, le 16 septembre 2015

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