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À La Une - Crise

Au Danemark, un quotidien lève plus d'un million d'euros au profit des réfugiés

La somme récoltée vise à aider les enfants de familles demandant l'asile, alors que le gouvernement a annoncé que les allocations sociales accordées aux nouveaux arrivants ont été réduites "jusqu'à 50%".

Des réfugiés, principalement syriens, marcheat sur une autoroute près de Rodby, au Danemark, le 7 septembre 2015, en direction de la Suède. Photo AFP/Bax Lindardt

La crise actuelle des réfugiés, la plus grave pour le Vieux continent depuis 1945, divise toujours les pays de l'Union européenne qui ne sont pas parvenus lundi à s'accorder sur une répartition contraignante des demandeurs d'asile. Au sein des pays membres, le débat fait aussi rage. Ainsi au Danemark, dont les autorités cherchent à bloquer le flux de migrants, un grand quotidien s'est engagé pour faciliter les conditions de vie des demandeurs d'asile.

Politiken, journal danois dont la ligne éditoriale est considérée proche des sociaux démocrates du pays, a, en une dizaine de jours, réussi à lever plus d'un million d'euros afin de faciliter les conditions de vie des enfants de familles demandant l'asile, en majorité des Syriens fuyant le conflit sanglant qui ravage leur pays. "Le 1er septembre, au moment où le gouvernement votait une loi prévoyant des restrictions aux demandeurs d'asile, nous avons décidé d'agir", explique Michael Jarlner, rédacteur en chef de Politiken.

 

(Repère : Crise migratoire en Europe : les chiffres et les principales routes)

 

"Payer les frais des activités des enfants"
Le 7 septembre, les autorités danoises avaient acheté des espaces publicitaires dans quatre journaux libanais pour avertir les candidats à l'émigration du durcissement des conditions d'installation sur son territoire. Le gouvernement danois annonçait que les allocations sociales accordées aux nouveaux arrivants ont été réduites "jusqu'à 50%" et que le rapprochement familial n'est pas autorisé durant la première année pour les détenteurs d'un permis de résidence temporaire. Pour rester au Danemark, les migrants et réfugiés devront parler et comprendre le danois, précisait le texte, ajoutant que ceux qui n'obtiendront pas un permis de résidence seront "renvoyés rapidement" du pays.

"Nous étions inquiets de ces mesures qui allaient affecter les conditions de vie des enfants des familles de réfugiés, explique M. Jarlner. Nous craignons que ces familles ne puissent plus payer les frais des activités de leurs enfants, telles des leçons de piano, de sport, de théâtre. Ces activités sont nécessaires à l'intégration de ces enfants à la société danoise. Sans les aides du gouvernement, la plupart des familles ne pourront plus financer ces loisirs"

Le journal contacte alors le Conseil danois pour les réfugiés, "une ONG bénéficiant d'un large réseau au sein des demandeurs d'asile et qui a la capacité de localiser les familles en besoin", explique Michael Jarlner.

 

(Lire aussi : La crise des réfugiés n'est que "la pointe de l'iceberg", estime François)

 

"Un signal politique clair"
Mais cette levée de fond n'est pas sans complications : "Nous nous abstenons d'habitude d'interférer en politique, explique le rédacteur en chef. Pour préserver notre neutralité, nous avons décidé que seuls les journalistes de la section tribunes et commentaires s'occuperaient de la levée de fond". "Nous savons que nous envoyons un signal politique clair, reconnaît néanmoins Michael Jarlner. Nous voulons dire : Nous sommes la voix de l'humanité, de la conscience, qui proteste contre la politique du gouvernement. Car le Danemark a deux visages. Celui reflété par le gouvernement, et l'autre, par les Danois, par leur solidarité et leur humanité".

Le message a été reçu. "En deux semaines, c'est plus d'un million d'euros qui ont été récoltés, via SMS, Internet ou autres virements bancaires, s'enthousiasme le rédacteur en chef. Cela dépasse largement nos attentes".

Il n'en demeure pas mois qu'au printemps dernier, c'est le parti de droite du Premier ministre Lars Løkke Rasmussen qui a remporté les élections en faisant campagne sur la baisse des prestations destinées aux demandeurs d'asile. Ces prestations avaient été relevées par le gouvernement précédent de centre gauche, rappelle l'AFP. Minoritaire, le parti de Lars Løkke Rasmussen dépend du soutien du Parti populaire danois, une formation de droite anti-immigration, pour faire passer des lois au parlement.

Cela n'a toutefois pas empêché le gouvernement de saluer l’initiative de Politiken : "Nous avons notifié le Conseil des ministres de notre projet, souligne Michael Jarlner. Il a estimé qu'il était bon, sachant qu'il s'agit d'une démarche privée".

L'appel au dons lancé par Politken restera ouvert durant deux semaines encore. C'est le Conseil danois pour les réfugiés qui percevra la somme afin de la répartir entre les familles concernées en fonction de leurs besoins. "Nous sommes sûrs de pouvoir couvrir les besoins de ces familles pour une durée de deux ans", conclut Michael Jarlner.


Le Danemark a reçu près de 15.000 demandeurs d'asile en 2014, presque deux fois plus que l'année précédente, rapporte l'AFP. Lundi, les pays membres de l'UE, réunis à Bruxelles, ne sont pas parvenus à un accord unanime sur la répartition contraignante de 120.000 réfugiés supplémentaires. Copenhague, qui dispose d'une option de retrait de la politique d'asile de l'UE, avait fait savoir, quelques jours plus tôt, qu'il refuserait de rejoindre un système contraignant de répartition.

 

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