Rechercher
Rechercher

Liban - Déchets

Un Conseil des ministres ad hoc dépend du résultat des tractations politiques

Rien qu'à Beyrouth et dans sa banlieue, 70 000 tonnes de déchets ménagers se sont accumulées en sept semaines.

Akram Chéhayeb s'est entretenu hier avec le ministre de la Culture (photo Dalati et Nohra).

La proposition Chehayeb pour le ramassage et le traitement des ordures est prête depuis vendredi. Et depuis vendredi, les contacts politiques vont bon train afin de garantir son application sans accroc. La proposition en question prévoit, comme on le sait, un règlement en deux temps, devant déboucher dans sa finalité sur le célèbre « zero waste ». Il reste que dans l'immédiat, il faut passer par l'incontournable phase de stockage et de tri. Et pour cela, il faut des espaces. On a comme l'impression qu'on revient à la case départ...

Car pour pouvoir commencer à ramasser les ordures, il faut bien désigner auparavant des sites pour les entreposer et se mettre à les trier. Soucieuse de ne pas répéter l'erreur commise par le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, qui avait donné la liste des sites pressentis pour accueillir des décharges avant de s'assurer une couverture politique, déclenchant ainsi une vague de protestations populaires, la commission présidée par le ministre Chehayeb s'est gardée de donner la moindre précision à ce sujet. Tous ses membres se sont conformés au droit de réserve souhaité par son président. Depuis vendredi, c'est le black-out le plus total sur la question et la commission entretient le mystère jusqu'au bout : les médias ont cité des lieux, mais la commission s'est empressée hier de préciser dans un communiqué que les sites indiqués « ne sont pas forcément ceux qui ont été déterminés ».

Ce souci de réserve dénote bien une volonté de fournir un travail bien fait, mais ce qui est moins compréhensible, c'est le comportement des officiels qui considèrent que les Libanais peuvent se payer le luxe d'attendre encore que le problème des déchets, qui empoisonne littéralement leur vie, soit résolu. Ce commentaire se justifie par les informations selon lesquelles le gouvernement souhaiterait attendre que la conférence de dialogue convoquée par le président de la Chambre, Nabih Berry, pour demain, mercredi, ait lieu avant de plancher, lors d'une réunion ad hoc, sur la proposition Chehayeb, alors qu'il était question, la semaine dernière, que le gouvernement se réunisse dès que Chehayeb lui aurait soumis son rapport, c'est-à-dire samedi.

Apparemment, il semble que des tractations politiques aient été nécessaires afin de bétonner la proposition Chehayeb et de barrer la voie à de nouveaux mouvements de protestation populaire dans les régions qui auraient été sélectionnées pour le stockage et le tri des ordures, prévus durant la première étape du règlement proposé.
Selon des sources proches de la commission ministérielle pour le règlement de la crise des déchets, depuis que la crise des ordures s'est déclenchée, le 17 juillet dernier, soit depuis sept semaines, 70 000 tonnes d'ordures se sont accumulées rien que dans la capitale et sa banlieue. La priorité va donc au nettoyage des rues et des espaces publics qui, comme les rives du fleuve de Beyrouth, se sont transformés en de gigantesques dépotoirs à ciel ouvert, nauséabonds et malsains.


(Lire aussi : Assaillies de demandes, des associations aident les municipalités à gérer le dossier des ordures ménagères)

 

Un ramassage rapide des déchets
De même source, on assure que dès que le gouvernement aura avalisé la proposition Chehayeb, les ordures seront immédiatement ramassées des rues. L'aménagement des décharges, sélectionnées sur base de critères écologiques très précis, nécessite, il est vrai, un travail de près de trois mois pour chacune, mais il est possible dans l'immédiat d'aménager sur le site même choisi un espace qui permettra de s'attaquer sans tarder au traitement des déchets, selon ces sources.
La commission est déterminée à en finir avec ce problème, affirme-t-on de même source, en expliquant que parallèlement, il sera demandé aux municipalités d'enlever tous les détritus qu'elles avaient jetés dans les vallées. Un passage obligé pour les municipalités qui seront amenées, dans un deuxième temps, à gérer elles-mêmes le dossier des déchets.
Selon les mêmes sources, le nombre prévu pour les décharges est très limité, étant donné qu'il s'agit d'une étape transitoire, dans l'attente de l'application de la phase ultérieure que la commission ne veut pas non plus dévoiler mais qui doit permettre au Liban de se débarrasser de manière écologique et rationnelle de ses déchets.

Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a annoncé, lors d'une cérémonie sur le campus de l'Université libanaise à Nabatiyé, qu'il a commencé à préparer les décrets en vertu desquels les fonds dus aux municipalités leur seront versés, pendant que M. Chehayeb exprimait l'espoir, à partir de Aïnab, que « la politique ne fera pas avorter » son plan. « La priorité est toujours accordée à l'élection d'un président, la présidentielle étant un passage obligé pour que l'État fonctionne et pour lancer un chantier de réformes, a-t-il déclaré. Pour l'heure, nous sommes sensibles aux revendications de la population et de la rue. Il faut que la politique de blocage cesse et que la corruption soit combattue. Nous avons accepté la mission qui nous a été confiée en dépit de ses complications pour régler de manière technique et non pas politique le dossier des déchets. Nous avons réussi avec les experts à établir une feuille de route et nous espérons que la politique, ou plus exactement les personnes ayant des intérêts politiques, ne la compromettront pas », a déclaré M. Chehayeb, qui représentait le chef du PSP, Walid Joumblatt, à une cérémonie en l'honneur des lauréats du bac à Aïnab. Il a insisté sur le fait que les détails du plan qu'il propose seront « annoncés en temps voulu ».

 

Lire aussi
Le mouvement de protestation ouvrira-t-il la voie à un compromis global ?, l’éclairage de Philippe Abi-Akl

 

Pour memoire
Le bras de fer se poursuit entre le collectif « Vous puez ! » et les autorités

À Jal el-Dib, « c'est un paysage digne des bidonvilles qui se répète chaque jour »

À Baabda, les résidents parent au problème tant bien que mal

Crise des déchets : À Achrafieh, des démarches privées, au milieu du malaise

Dégoûtés, les habitants du Metn se plaignent

Le Kesrouan face à la crise : mesures « exceptionnelles » et désaccords

La proposition Chehayeb pour le ramassage et le traitement des ordures est prête depuis vendredi. Et depuis vendredi, les contacts politiques vont bon train afin de garantir son application sans accroc. La proposition en question prévoit, comme on le sait, un règlement en deux temps, devant déboucher dans sa finalité sur le célèbre « zero waste ». Il reste que dans l'immédiat, il faut...
commentaires (2)

DES TRACTATIONS POLITIQUES POUR PERMETTRE AU GOUVERNEMENT DE SE RÉUNIR POUR DÉBATTRE DE LA SOLUTION DES DÉCHÊTS ! ET IL Y A DES MANIPULÉS QUI VEULENT JUGER LE MINISTRE MACHNOUK ! LA SEULE REVENDICATION D'AUJOURD'HUI DEVRAIT ÊTRE : ÉLECTION D'UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE... QUI OUVRIRAIT LARGEMENT LA VOIE AUX CHANGEMENTS LEGAUX ET CONSTITUTIONNELS !!!

LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

09 h 49, le 08 septembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • DES TRACTATIONS POLITIQUES POUR PERMETTRE AU GOUVERNEMENT DE SE RÉUNIR POUR DÉBATTRE DE LA SOLUTION DES DÉCHÊTS ! ET IL Y A DES MANIPULÉS QUI VEULENT JUGER LE MINISTRE MACHNOUK ! LA SEULE REVENDICATION D'AUJOURD'HUI DEVRAIT ÊTRE : ÉLECTION D'UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE... QUI OUVRIRAIT LARGEMENT LA VOIE AUX CHANGEMENTS LEGAUX ET CONSTITUTIONNELS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    09 h 49, le 08 septembre 2015

  • "...et nous espérons que la politique, ou plus exactement les personnes ayant des intérêts politiques, ne la comprommettront pas..." Et voilà la réalité libanaise dans toute sa splendeur !!! Ne pouvez vous pas, Messieurs les "Ministres et autres Responsables" pour une fois et vu l'urgence du problème, laisser les tractations politiques de côté, et n'engager que des tractations responsables, honnêtes et surtout efficaces ??? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 27, le 08 septembre 2015

Retour en haut