Du 21 au 29 août, 90 étudiants de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) ont investi quatre localités du Liban-Sud pour réhabiliter des bâtiments et des équipements publics. À la sueur de leur front et sous une chaleur écrasante, ces ingénieurs, architectes et paysagistes en devenir ont mis la main à la pâte et conduit plusieurs chantiers de rénovation à Tyr et dans les villages avoisinants de Beflay, Mansouri et Jbeil el-Battem. Une main-d'œuvre experte mais confrontée, pour la première fois pour certains, au dur labeur du terrain. En d'autres termes, une formation express.
Depuis neuf ans, l'association professionnelle américaine des ingénieurs civils, American Society of Civil Engineers (ASCE), organise ce programme en collaboration avec le comité des étudiants de l'AUB, avec le soutien de la faculté de génie civil et d'architecture puis celui du bureau des affaires étudiantes, ainsi que divers sponsors privés. Le processus est donc parfaitement rôdé.
«Au début de l'été, nous avons envoyé un e-mail à tous les étudiants expliquant en quoi consistait notre projet», explique à L'Orient-Le Jour Nihal Abou Ghali, l'une des coordinatrices du programme. «Cette année, 90 étudiants se sont portés volontaires pour cette aventure. Nous avons choisi ensemble les projets que nous comptions mener et constitué les équipes», poursuit l'étudiante en master. Elle ajoute par ailleurs que le budget alloué à la réalisation des chantiers tourne autour de 6000 dollars, cela sans compter les dépenses liées à l'hébergement, les repas et les déplacements.
Une première équipe de 18 étudiants s'est rendue à l'école Saint-Joseph à Tyr pour l'un des plus gros chantiers du programme. Sa mission : remettre à neuf la façade d'un mur attenant à la cour de la récréation, puis repeindre salles de classe et bancs d'école. Par ailleurs, «deux autres étudiants ont donné des cours de programmation et de saisie informatique», ajoute Tony Narcis, un autre coordinateur du programme, également interrogé par L'Orient-Le Jour.
Municipalités « coopératives »
La deuxième équipe chargée des projets à Beflay a effectué des travaux de voirie. «L'équipe comptait 25 personnes», indique l'étudiant en 4e année de génie civil. « Un rond-point et deux îlots ont été aménagés sur l'une des routes principales de la localité. Nous avons également repeint deux kilomètres de trottoir en noir et blanc puis une barrière métallique, installée par la municipalité de Beflay, en noir et or », raconte M. Narcis.
À Jbeil el-Battem, une troisième équipe a, elle, effectué de véritables travaux de construction, aménageant ainsi un nouveau terrain de jeu.
À Mansouri, les volontaires s'étaient donné pour mission de repeindre la façade de la husseiniyé de la mosquée. Les responsables de la mosquée ont également accepté que le mur du cimetière, mesurant 75 mètres de long, soit redécoré par une graphiste. Sur le mur, on peut désormais lire la phrase «Mansouri vous souhaite la bienvenue», calligraphiée en vert, rose et violet, et entourée de symboles religieux. «Nous étions déjà venus à Mansouri il y a deux ans. Nous y avions repeint l'école coranique», raconte Nihal Abou Ghali.
Comment s'est organisé le travail des étudiants de l'AUB avec les municipalités concernées? «Nos relations avec les municipalités ont été très bonnes tout au long du projet, répond la jeune étudiante. Lorsque nous leur avons présenté nos idées, elles ont été emballées.»
Tony Narcis dresse le même constat. «Cette année, les municipalités ont été extrêmement coopératives. Mais les années précédentes, il y a parfois eu quelques frictions, explique-t-il. Certains responsables municipaux ont quelquefois rappelé à ces jeunes volontaires qu'ils étaient maîtres chez eux...»
Quels enseignements les deux étudiants tirent-ils de cette expérience de terrain? Nihal Abou Ghali se félicite d'une expérience «véritablement formatrice». «Monter un projet est certes motivant, mais le réaliser par nous-mêmes procure une satisfaction supplémentaire», souligne-t-elle. De son côté, Tony Narcis estime que «ce programme enseigne plus de choses qu'à l'université». «Nous prenons conscience de la difficulté du travail manuel et de l'importance de l'esprit d'équipe.»
Forts de cette aventure, les deux jeunes Libanais lancent le même appel. «J'encourage vivement les étudiants qui n'ont jamais participé à ce programme à s'y inscrire.»
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