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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

Marie-Claude Assaf, une infirmière libanaise au parcours atypique, honorée par le CICR

Coupures d'électricité, crise économique, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

Remise de la médaille Florence Nightingale à l’infirmière libanaise, Marie-Claude Assaf.

À 66 ans, Marie-Claude Assaf a vu ses années de sacrifice et de dévotion appréciées à leur juste valeur. La vice-présidente de l'Association des infirmières diplômées de la Croix-Rouge libanaise a reçu la médaille Florence Nightingale, décernée chaque année par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui récompense le courage et le dévouement exceptionnels des infirmières et infirmiers à travers le monde.
Avec elle, 35 autres auxiliaires de santé, originaires de 17 pays différents, ont été récompensés par cette médaille qui porte le nom de la pionnière britannique des soins infirmiers modernes. Les lauréats ont été sélectionnés par une commission composée du Comité international de la Croix-Rouge, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et du Conseil international des infirmières.

« C'est évidemment une grande joie pour moi de recevoir cette récompense car c'est le couronnement d'une carrière », souligne Marie-Claude Assaf, 10e infirmière libanaise à recevoir ce prix, interrogée par L'Orient-Le Jour. Mais Mme Assaf n'est pas du genre à se mettre en avant. « Je n'ai pas cette culture-là, affirme-t-elle. À travers moi, c'est le travail accompli ces dernières décennies par la Croix-Rouge libanaise (CRL) qui est reconnu. »

Dans son discours prononcé à l'occasion de la remise de la médaille, elle a d'ailleurs tenu à partager sa récompense avec toutes celles et tous ceux qui l'ont soutenue et cru en elle.

Le parcours de Marie-Claude Assaf a de quoi remplir deux vies. La première commence brutalement sur le terrain en 1975. La guerre civile va précipiter sa formation, elle qui se prédestinait à une carrière classique d'infirmière enseignante après avoir obtenu son baccalauréat technique en soins infirmiers en 1970. Elle devient alors infirmière de guerre. « Entre 1975 et 1990, nous étions comme coupés du monde. Nous n'avions aucun contact avec l'extérieur. Nous avons dû composer avec les moyens du bord », se souvient Marie-Claude Assaf.

Pendant la guerre, l'infirmière écume, en compagnie d'autres infirmières, toutes les régions libanaises. Un jour, elle se retrouve sur la côte, visitant les centres de déplacés et les dispensaires. Elle prend elle-même en charge des déplacés installés dans les garages de la rue Monnot, assurant la clinique mobile. Le lendemain, elle monte une banque du sang improvisée à Baabda. Elle met ensuite sur pied un programme d'hygiène scolaire pour tous les enfants qui fréquentaient les écoles publiques sur les plages de Jnah et pour les déplacés de la Quarantaine.

En parallèle, elle donne des cours de secourisme et rédige, avec ses compagnons au sein de la commission des équipes secouristes, deux guides de formation, toujours enseignés dans les centres de secours de la CRL. Sa deuxième vie commence là, dans le fracas désordonné de la première. « Avec la guerre civile, le Liban était devenu une terre de conflit et ma seule mission était d'être une bonne infirmière et de former les autres », explique modestement Mme Assaf.

Lorsque les circonstances le permettaient, l'enseignante poursuivait sa mission de coordinatrice pédagogique et administrative des sections de l'Institut de formation des infirmières de la Croix-Rouge à Baabda. Marie-Claude Assaf aura été l'une des architectes de l'harmonisation des programmes d'enseignement sur l'ensemble du territoire libanais. Elle créera notamment, entre 1987 et 1995, des sections de l'Institut à Saïda, dans le Sud, à Karak, près de Zahlé, dans la Békaa et dans le Chouf, et contribuera à l'ouverture de centres de formation d'aides-soignants à Falougha, dans le caza de Baabda et à Jezzine, alors sous tutelle israélienne.

« Je suis extrêmement fière d'avoir contribué avec mes collègues à la professionnalisation de la formation. Toute notre énergie était concentrée sur un seul objectif, celui d'élever le niveau de ce métier et de le structurer », ajoute-elle. En 20 ans, elle a suivi et entraîné près d'un millier d'infirmières.

Quelle vision porte-elle sur le métier aujourd'hui ? « Un regard plutôt positif, répond Marie-Claude Assaf. Je considère que les infirmières employées aujourd'hui dans les hôpitaux fournissent globalement un travail satisfaisant bien que, pour nombre d'entre elles, être infirmière constitue plus un métier qu'une vocation, pour des raisons compréhensibles de commodité. »


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