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À La Une - conflit

L'Onu vote vendredi sur une procédure d'enquête sur les attaques chimiques en Syrie

La guerre en Syrie a fait en quatre ans plus de 240.000 morts, dont 12.000 enfants, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le Secrétaire d'Etat américain John Kerry le 3 août 2015 à Doha POOL/AFP/Archives / Brendan Smialowski

Le Conseil de sécurité de l'Onu devrait adopter vendredi matin une résolution prévoyant la formation d'un groupe d'experts chargé d'identifier les responsables de récentes attaques chimiques au chlore en Syrie, selon des diplomates.

Ce texte a été négocié pendant de nombreuses semaines entre Washington, qui accuse le régime de Bachar el-Assad d'avoir mené ces attaques, et la Russie, qui affirme qu'il n'y a pas de preuves formelles de la culpabilité de son allié syrien.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré jeudi avoir trouvé un accord avec son homologue russe Sergueï Lavrov sur la résolution, mise sur la table en juillet par les Etats-Unis.
"Je pense en effet avoir trouvé un accord qui devrait voir cette résolution votée d'ici peu, et créer un processus qui permettrait de demander des comptes", a déclaré M. Kerry au lendemain d'une rencontre avec M. Lavrov en Malaisie.


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La Syrie est censée avoir détruit tout son arsenal chimique aux termes d'un accord américano-russe conclu en septembre 2013 et entériné par une résolution du Conseil de sécurité.
Mais l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a conclu que, depuis, du gaz de chlore avait été utilisé de manière répétée et systématique comme une arme chimique meurtrière dans le conflit syrien.
Le chlore est un produit chimique toxique facilement disponible qui peut provoquer des asphyxies.

Les Etats-Unis ont donc proposé à l'Onu de confier à une équipe d'experts la mission d'identifier les responsables de ces attaques, que les Occidentaux attribuent aux forces du président Bachar el-Assad.
Selon les témoignages de victimes, le chlore est largué par des hélicoptères, appareils que seule l'armée syrienne est réputée posséder.

Le "mécanisme conjoint d'enquête" serait composé d'experts de l'Onu et de l'OIAC et serait formé dans les 20 jours suivant l'adoption du texte. La mission serait d'un an, avec possibilité d'extension, et devrait rendre un premier rapport dans les 90 jours après le début de son enquête.
Les experts seraient chargés "d'identifier dans toute la mesure du possible les individus, entités, groupes et gouvernements" qui ont organisé, parrainé ou commis ces attaques.

Le gouvernement syrien, de même que les autres Etats membres de l'Onu, serait tenu de "coopérer pleinement" avec les experts en leur fournissant "toute information pertinente" et en leur donnant accès sur place aux endroits où des attaques chimiques ont été commises.


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L'accord de Moscou sur ce texte est vu par certains diplomates comme le signe d'un possible changement d'attitude des Russes. Ceux-ci ont jusqu'à présent toujours défendu leur allié syrien contre toute pression occidentale au Conseil, y compris en usant de leur droit de veto.
"C'est un changement de ton", estime un diplomate du Conseil. Mais, ajoute-t-il "je me garderais bien de le surestimer".

Rien n'interdit en effet à Moscou de contester les conclusions de la mission d'enquête. Et il faudra de toute façon une nouvelle résolution, que la Russie pourra bloquer, si les Occidentaux insistent pour sanctionner le régime.

Les diplomates du Conseil discutent aussi en ce moment d'une initiative française pour condamner les largages de barils d'explosifs qui font de nombreuses victimes civiles en Syrie.
Ils se penchent aussi sur un projet de déclaration de soutien au médiateur de l'Onu Staffan de Mistura. Celui-ci a présenté la semaine dernière au Conseil un nouveau plan de paix en Syrie.

 

(Pour mémoire : Assad reconnaît « un manque en ressources humaines » au sein de son armée)

 

Damas et Mascate veulent unir leurs efforts
Damas et Mascate veulent unir leurs efforts pour mettre fin à la guerre qui ravage la Syrie, ont annoncé jeudi les deux pays lors de la première visite dans le Golfe du chef de la diplomatie syrienne Walid Moallem depuis le début de la crise.

Lors d'un entretien à Mascate, M. Moallem et son homologue d'Oman, Youssef ben Allaoui, ont affirmé qu'il était "temps que les deux pays unissent leurs efforts pour mettre fin au conflit", selon l'agence syrienne Sana.

"Ils ont décidé de continuer à coopérer et à coordonner leur action pour aboutir à l'objectif que les deux pays se sont fixés", ajoute Sana.

Avant Mascate, M. Moallem avait visité Téhéran où il a rencontré des hauts responsables du régime, allié de Bachar el-Assad, dont le président Hassan Rohani.
Il s'est également entretenu à Téhéran avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial pour le Proche-Orient du président russe, lui aussi allié du régime Assad.

La visite de M. Moallem à Téhéran a coïncidé avec l'annonce iranienne d'un nouveau plan de paix pour mettre fin à la guerre en Syrie qui a fait plus de 230.000 morts.
Selon la chaîne de télévision Al-Mayadeen, favorable au régime syrien, le texte propose "un cessez-le-feu immédiat en Syrie, la formation d'un gouvernement d'unité nationale, l'amendement de la Constitution (...) en vue d'assurer le droit des minorités ethniques et religieuses et la tenue d'élections supervisées par des observateurs internationaux".

 

(Lire aussi : Et les nouveaux alliés américains en Syrie sont...)

 

L'EI prend une ville clé à Homs
Sur le terrain, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s'est emparé dans la nuit de mercredi à jeudi d'une ville clé de la province de Homs, dans le centre de la Syrie, après des combats avec les forces gouvernementales, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'attaque de l'EI a débuté mercredi matin par trois attentats-suicide contre des postes de contrôle du régime aux entrées de la ville, d'après l'OSDH. "L'EI a pris le contrôle de la ville d'Al-Qaryatayn, au sud-est de Homs, après des combats intenses avec les forces du régime et des combattants loyalistes", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
Les affrontements ont fait 37 morts parmi les soldats et les combattants loyalistes, et 23 morts dans les rangs des rebelles, selon le directeur de l'ONG.

Il a expliqué qu'Al-Qaryatayn revêtait une importance stratégique en raison de son emplacement le long d'une route reliant la cité antique de Palmyre, contrôlée par l'EI depuis le 21 mai, à la région de Qalamoun, dans la province de Damas. "Le contrôle d'Al-Qaryatayn permet à l'EI de relier les secteurs sous son contrôle dans l'est de Homs avec les secteurs sous son contrôle dans l'est de Qalamoun, et lui permet de transférer des troupes et du ravitaillement entre les deux régions", a indiqué Rami Abdel Rahmane.

 

(Pour mémoire : Pas de réédition du scénario Qalamoun ; Zabadani serait une guerre d'extermination)

 

Plus de 240.000 morts depuis le début de la guerre
La guerre en Syrie a fait en quatre ans plus de 240.000 morts, dont 12.000 enfants, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Il s'agit d'une hausse de plus de 10.000 morts en près de deux mois, selon cette organisation basée en Grande Bretagne, qui dispose d'un large réseau de sources en Syrie et dresse méticuleusement le bilan des morts depuis le début de la guerre.

"Nous avons comptabilisé 240.381 morts depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad en mars 2011", a affirmé jeudi à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
Selon le décompte, le nombre de morts dans les rangs des civils se montent à "71.781, dont 11.964 enfants".
Ce bilan dénombre aussi 42.384 morts parmi les combattants de nationalité syrienne --rebelles, déserteurs, jihadistes et Kurdes--.
Chez les jihadistes étrangers venus combattre en Syrie, il y a 34.375 morts.

Mais le bilan le plus lourd se trouve du côté des forces du régime avec 88.616 morts, soit un tiers des personnes décédées durant cette guerre. Parmi eux, l'ONG dénombre 50.570 soldats morts, 33.839 miliciens des Forces de défense nationale, 903 membres du Hezbollah chiite libanais et 3.304 miliciens chiites venus d'autres pays.
L'OSDH rapporte également 3.225 décédés dont on ignore l'identité.

L'OSDH estime que le bilan réel est certainement plus élevé que les 240.000 comptabilisés.
Le bilan ne comptabilise pas en effet plus de 30.000 disparus, dont quelque 20.000 croupissent dans les geôles du régime, 9.000 membres des forces loyalistes chez les rebelles et plus de 4.000 personnes kidnappées par le groupe extrémiste État islamique (EI).
Il n'englobe pas non plus des centaines de Kurdes et non-Kurdes étrangers venus combattre l'EI aux côtés des Unités de protection du peuple kurde.

Le conflit en Syrie a été déclenché en mars 2011 par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales pacifiques qui ont dégénéré en révolte armée puis en guerre civile brutale, avec un bilan humanitaire dramatique.
Les combats impliquant régime, rebelles, Kurdes et jihadistes qui s'affrontent sur un territoire de plus en plus morcelé, avec plus de la moitié de la population déplacée ou réfugiée.



Pour mémoire

« Beaucoup de Syriens ont déjà intégré l'idée d'une partition du pays »

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commentaires (4)

"Une procédure d'enquête sur les attaques chimiques en Syrie." ? Pour la galerie, question de "diplomatie" !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 19, le 07 août 2015

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Commentaires (4)

  • "Une procédure d'enquête sur les attaques chimiques en Syrie." ? Pour la galerie, question de "diplomatie" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 19, le 07 août 2015

  • Il faut rappeler aux clowns de la diplomatie que plus de 14 millions de Syriens sont déplacés et/ou réfugiés dans les pays voisins, en conséquence des bombardemants par les barrils d'explosifs du petit Hitler de Damas. C'est un "petit détail" dont ils doivent tenir compte quand même pour le succès de leurs idées, surtout les élections générales et "libres" des citoyens syriens.

    Halim Abou Chacra

    17 h 50, le 06 août 2015

  • LE PLAN DE PAIX POUR LA SYRIE PROPOSÉ PAR L'IRAN... SI LA NOUVELLE EST RÉELLE ET SI L'INTENTION L'Y EST AUSSI... EST UN PLAN QUI DOIT ÊTRE APPROUVÉ PAR TOUS ! IL RESTE À LE VOIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 01, le 06 août 2015

  • Indeed, le Sultan Qaboos de Oman merite le Prix Nobel de la Paix. Certainement plus que le rigolo de la Maison Blanche en tous cas! Esperons que ces efforts de rapprochement produisent du positif. Le seul hic, mais de taille, c'est que le criminel Bashar ne reprenne du poil a la bete et ne renforce sa main-mise sur le Liban via ses protegés du parti jaune.

    Fady Challita

    13 h 34, le 06 août 2015

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