L'accord de Vienne sur le nucléaire iranien renforcera la stabilité régionale, a estimé le président iranien Hassan Rohani dans un entretien téléphonique avec le sultan Qabous d'Oman. "Contrairement à l'avis de certains dans la région, cet accord (conclu entre l’Iran et les grandes puissances) va en réalité renforcer la sécurité, la stabilité et la coopération entre les voisins", a déclaré M. Rohani, cité vendredi par l'agence officielle Irna. Il a émis l'espoir que "la paix, la stabilité et le bien-être remplaceront la guerre et l'effusion du sang" dans la région.
Puissance chiite régionale, l’Iran a conservé des relations amicales avec le sultanat d'Oman, qui a joué un rôle important pour faciliter le dialogue entre Téhéran et Washington dans les négociations nucléaires qui ont permis un accord sur ce dossier. Oman est aussi la seule monarchie arabe du Golfe à ne pas participer à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite qui mène depuis fin mars des frappes aériennes contre les rebelles houthis au Yémen, qui sont proches de l’Iran.
Les déclarations de Hassan Rohani interviennent alors que le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a mis en garde l’Iran jeudi contre toute tentative d'utiliser l'argent généré par la levée des sanctions économiques pour financer des "aventures dans la région".
"Si l’Iran essayait de commettre un acte malveillant dans la région, nous sommes résolument engagés à l'affronter", a déclaré M. Jubeir à l'issue d'une rencontre à Washington avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
Riyad a "bien accueilli" l'accord
Vendredi, la Maison Blanche a néanmoins rapporté que le ministre saoudien des Affaires étrangères, reçu par le président américain Barack Obama, avait "bien accueilli" l'accord nucléaire.
M. Obama et le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir "ont bien accueilli" l'accord conclu entre l'Iran et les grandes puissances, a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué après leur rencontre.
Dans un autre communiqué, l'ambassade saoudienne à Washington a indiqué que le ministre Al-Jubeir avait "réaffirmé le soutien de l'Arabie saoudite à un accord qui empêche l'Iran d'obtenir des capacités nucléaires".
La rencontre de vendredi, organisée à la demande du roi saoudien Salman, a eu lieu après des déclarations en privé de diplomates saoudiens qui ont exprimé leurs sérieux doutes à propos d'un accord susceptible de légitimer leur rival régional. Le soutien de Riyad est un joli coup pour la Maison Blanche, qui veut à tout prix empêcher le Congrès de saborder l'accord.
L'ancien ambassadeur saoudien aux Etats-Unis Bandar bin Sultan s'est montré moins diplomatique, qualifiant l'accord de pire que celui conclu en 1994 avec la Corée du Nord, et violé à maintes reprises depuis.
Dans un article publié par plusieurs médias au Moyen-Orient, il a estimé que les milliards de dollars qui seront générés par la levée des sanctions en Iran "feraient des ravages au Moyen-Orient, qui est déjà dans un état catastrophique".
(Lire aussi : Après l'accord sur le nucléaire, d'autres défis attendent Rohani)
Le chef du Pentagone en Israël et en Arabie
Parmi les pays de la région, Israël s'est également déclaré hostile à l'accord nucléaire.
Dans ce contexte, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter se rendra la semaine prochaine en Israël et en Arabie saoudite, a annoncé vendredi le Pentagone. Il se rendra également en Jordanie. John Kerry doit de son côté se rendre dans le Golfe le mois prochain.
M. Carter vient pour renouveler les engagements américains pour la sécurité de ses alliés dans la région, notamment face au "comportement déstabilisateur" de l’Iran, a estimé vendredi un haut responsable américain de la Défense. Mais l'accord sur le nucléaire iranien "ne va pas changer radicalement" les liens du Pentagone avec les alliés des Etats-Unis dans la région, a estimé ce haut responsable, écartant notamment toute idée de compensations militaires pour Israël ou l'Arabie saoudite.
"Nous aurons des discussions sur une grande variété de sujets, dont les ventes d'armements (...) mais franchement ce sont les mêmes conversations que nous aurions eues s'il n'y avait pas eu d'accord" sur le nucléaire iranien, a indiqué ce haut responsable. "Nous sommes ouverts" à toute discussion sur la coopération militaire, mais "nous n'avons pas de grosses propositions ou annonces à faire aux Israéliens (...) ni aux Saoudiens", a estimé cette source.
Outre Washington, Londres s'entretient également avec ses alliés dans la région, comme l'Arabie saoudite et Israël, pour tenter de dissiper leurs inquiétudes.
L'accord sur le nucléaire ne signifie pas que la Grande-Bretagne "s'aligne sur l'Iran", a ainsi déclaré vendredi le Premier ministre David Cameron, dans une interview à la chaîne Al-Arabiya. Cet accord est "bon pour la région, bon pour la stabilité régionale, mais nous ne nous alignons pas sur l’Iran", a-t-il déclaré, selon une transcription de l'interview par ses services. Le Premier ministre britannique a promis de "rester ferme comme nous l'avons toujours été" vis-à-vis de l’Iran en ce qui concerne ses relations avec la Syrie et son "soutien au terrorisme".
Il a ajouté qu'"en signant cet accord", les grandes puissances "éloignent l’Iran de l'arme nucléaire".
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10 h 33, le 18 juillet 2015