Vienne, 1815. Après la chute de Napoléon, les puissances européennes se réunissent en congrès pour réorganiser l'Europe. À l'issue d'intenses tractations diplomatiques, l'acte final met en place un nouveau système diplomatique basé sur le multilatéralisme et la recherche de l'équilibre des puissances, qui offrira 40 ans de paix relative à l'Europe.
Vienne, 2015. Après 18 jours éprouvants, marqués par le stress et l'attente, l'Iran et les 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni plus Allemagne) signent un « accord historique » concernant l'épineuse question du nucléaire iranien, mettant fin à 36 ans de silence lourd entre Téhéran et Washington. Dernière étape d'un marathon diplomatique qui aura duré 19 mois, l'acte final, signé au bout de la nuit, annonce le retour de l'Iran dans le « concert des nations » et le bouleversement des alliances au Moyen-Orient. Les Talleyrand et Metternich des temps modernes, le secrétaire d'État américain John Kerry et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, n'ont pas lésiné sur les efforts pour obtenir une victoire hautement symbolique, qui pourrait bien leur valoir un prix Nobel de la paix : celle de la diplomatie et du multilatéralisme.
Les drapeaux iranien et américain, l’un à côté de l’autre, pendant une conférence de presse à l’issue de la signature de « l’accord historique ». Photo AFP / Pool / Carlos Barria
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Tout ce qu'ils souhaitaient
Les diplomates réunis au palais de Cobourg ont réussi à s'entendre sur un socle commun qui offre des garanties suffisantes, même si forcément imparfaites, aux deux parties. L'Iran est empêché, pendant au moins 10 ans, d'obtenir l'arme nucléaire en contrepartie de quoi les 5+1 s'engagent à lever leurs sanctions.
Dans ces laborieuses négociations, les Occidentaux ont obtenu à peu près tout ce qu'ils souhaitaient : la réduction drastique du nombre de centrifugeuses et du stock d'uranium déjà enrichi, le contrôle de la production de plutonium dans le réacteur d'Arak, un break-out – c'est-à-dire le temps nécessaire pour produire assez d'uranium enrichi pour obtenir une arme atomique – d'un an, une levée graduelle des sanctions, une procédure de snap-back – permettant de réintroduire des sanctions en cas de violation constatée, un contrôle plus strict des infrastructures nucléaires iraniennes et surtout un maintien de l'embargo des Nations unies sur les armes à destination de Téhéran pendant une durée de 5 ans. Les Iraniens ont cédé sur beaucoup de points, mais peuvent se targuer, aux yeux de leur opinion publique, d'avoir obtenu une levée, et non une suspension des sanctions, et d'avoir préservé leur installation nucléaire et leur possibilité de développer le nucléaire civil.
L'accord débouche clairement sur une win-win situation, mais les plus sceptiques mettent en avant le fait qu'il ne fait que retarder, de dix ans, l'accession de l'Iran à l'arme nucléaire.
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LE plus grand moment ?
Incontestablement, c'est une victoire pour le président américain Barack Obama, qui, depuis le début de son premier mandat, n'a pas changé de ligne directrice sur ce dossier. Il a fait le pari de la diplomatie en réponse aux désastres qu'avait provoqués la politique de son prédécesseur, George Bush, au Moyen-Orient. A priori, cet accord devrait rester comme l'un des – si ce n'est « le » – plus grand(s) moment(s) de sa présidence. Bien que majoritairement opposé à cet accord, le Congrès n'aura pas la possibilité de le bloquer, à moins d'un véritable cataclysme politique. M. Obama a d'ailleurs prévenu tout le monde : en cas d'avis défavorable du Congrès, il opposera immédiatement son droit de veto.
C'est également une victoire pour le guide suprême iranien Ali Khamenei et pour l'aile réformatrice du régime qui pourrait permettre à l'Iran, qui avait manqué la première vague, de réellement rentrer dans l'ère de la mondialisation. Avec tout ce que cela ouvre comme nouvelles perspectives de développement, mais aussi tout ce que cela comporte comme risque de déstabilisation pour le régime. Accueilli dans une ambiance festive par toute une population, l'accord ne devrait toutefois pas, a priori, amener le régime à « desserrer la vis » sur le plan interne. Bien au contraire, l'aile conservatrice du régime devrait probablement encourager à davantage de restrictions pour bien montrer que la signature de l'accord n'est pas synonyme d'une américanisation de la société. Toutefois, les conservateurs ne pourront certainement pas s'opposer officiellement à l'accord, et ce en raison de la position du guide suprême.
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Nouvelle équation
Bien qu'historique, l'accord n'est que le premier jalon d'un long processus de normalisation des rapports entre l'Iran et les États-Unis. Complexe et détaillée, l'application réelle de cet accord dépend d'une relation de confiance mutuelle entre les deux parties. Entre une puissance, l'Iran, qui a fait du slogan « À bas l'Amérique » l'un des piliers de sa politique depuis la révolution de 1979, et l'autre, les États-Unis, qui a longtemps placé l'Iran parmi sa liste des pays de « l'axe du mal », tout reste à construire.
Mais si les clauses de l'accord sont respectées des deux côtés, on peut supposer qu'à moyen terme, l'équation « grand satan » contre « axe du mal » pourrait être remplacée par une autre équation : l'ex- « grand satan » se rapproche de l'ex- « axe du mal ». Une équation qui sonne encore comme une totale inconnue mais dont tout le Moyen-Orient attend déjà les possibles conséquences.
L'accord conclu à Vienne vient peut-être de dessiner une grande partie de l'avenir du Moyen-Orient, ce qui hante les dirigeants israéliens et saoudiens. Parce que, à l'exception de l'Iran, aucune autre puissance de la région n'était conviée à la table des négociations...
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Un « triomphe », une « débâcle » ou un « succès diplomatique » ?
que disais-je sur l'entente entre occidents et perses .. voila les pires ennemis se mettre d'accord !! maintenant apres maintes guerres telecommander milliers de mort a cause de leurs nonsenses et apres avoir insulter le capitalisme et imperialisme americain LES VOILA SE CHOUCHOUTANT mutuellement et vous allez voire l'ouverture prochaine des différents sociétés occidental a regime capitaliste ouvrir en iran .. que personne s'imagine que khamenai en disant nous allons aussi contre manifester contre l'arrogance des USA etait sérieux c'est juste pour amusez la galerie
15 h 40, le 15 juillet 2015