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Économie - Crise de la dette grecque

À Bruxelles, l’interminable marathon pour éviter le Grexit

Les dirigeants des pays de la zone euro ont poursuivi hier les négociations sur l'ouverture éventuelle d'un nouveau plan d'aide à la Grèce après l'adoption d'une liste de réformes par le Parlement grec. À l'heure de mettre sous presse, les chances d'un accord restaient incertaines compte tenu des tensions.

François Hollande, Angela Merkel et Alexis Tsipras ont eu un long aparté dès le début du sommet des 19 pays de la zone euro. John Mac Dougall / AFP

Les chefs d'État de la zone euro bataillaient encore, hier dans la nuit à Bruxelles, sur le maintien ou non de la Grèce dans l'euro, une hypothèse désormais envisagée noir sur blanc par l'Eurogroupe dans un texte qualifié de « très mauvais » par Athènes. Après un long aparté entre François Hollande, la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre grec Alexis Tsipras dès le début du sommet, les dirigeants des 19 pays de la zone euro examinaient toujours, à l'heure de mettre sous presse, le document ébauché par leurs ministres des Finances, qui énumère des conditions drastiques pour engager des négociations sur un troisième plan d'aide.


 

Abandons de souveraineté
Il leur restait à surmonter leurs profondes divisions pour trancher les nombreux points en suspens dans cette feuille de route, rédigée après 15 heures de discussions laborieuses et tendues (voir par ailleurs). « En cas d'échec à trouver un accord, la Grèce se verrait proposer de négocier rapidement une sortie temporaire de la zone euro, avec la possibilité de restructurer sa dette », propose le document. Ce passage figure entre crochets pour signifier qu'il n'a pas emporté l'adhésion de tous les ministres. Au final, l'Eurogroupe exige plusieurs mesures draconiennes d'Athènes, dont des abandons de souveraineté, puisque la Grèce devra soumettre aux institutions – Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI) – certains projets de loi avant de les faire passer au Parlement.
« Le texte dans son ensemble est très mauvais. Nous essayons de trouver des solutions », a réagi une source gouvernementale grecque, réclamant l'ouverture immédiate de négociations au vu de la « gravité » de la situation des banques, à court de liquidités. Car le temps presse pour la Grèce, dont les caisses sont vides et l'économie exsangue. Le pays, soumis à un contrôle des capitaux et dont les banques sont fermées depuis le 29 juin, vit désormais suspendu aux aides d'urgence de la BCE. Or celle-ci va devoir décider aujourd'hui, au vu des résultats du sommet de Bruxelles, de maintenir ou non l'économie grecque sous perfusion.


(Lire aussi : Le couple franco-allemand de nouveau à rude épreuve)


Mais alors que l'échéance de ce dimanche était présentée comme cruciale pour éviter l'effondrement financier de la Grèce, la lenteur des discussions a obligé les Européens à revoir leur calendrier. La zone euro veut à présent ajourner son possible feu vert à un nouveau plan d'aide, évalué entre 82 et 86 milliards d'euros sur trois ans, exigeant d'ici à mercredi que le Parlement grec légifère sur une première série de réformes. Il s'agit schématiquement de libéraliser l'économie, en modifiant par exemple les règles en vigueur dans le secteur énergétique, les retraites, le marché du travail, celles régissant le travail du dimanche, les périodes de soldes, sur les boulangeries ou le commerce du lait... L'Eurogroupe a ajouté quatre exigences : plus de privatisations, réduire le coût de l'administration, faciliter le travail de surveillance des institutions internationales et imposer un droit de regard des institutions sur les projets normatifs grecs. « Le gouvernement doit consulter et obtenir l'accord des institutions sur tout projet de loi dans certains domaines importants (...) avant de le soumettre à une consultation publique ou au Parlement », selon le texte de l'Eurogroupe.
La question du rééchelonnement d'une partie de la dette grecque, qui représente 175 % de son PIB, est aussi posée mais le document de l'Eurogroupe se contente à ce stade de souligner qu'il ne peut y avoir de décote pure et simple. L'aménagement de la dette grecque suscite de fortes réticences dans certains pays comme l'Allemagne mais constitue le principal argument d'Alexis Tsipras pour faire accepter par ses compatriotes les nouvelles mesures d'austérité.


 

Climat « dur »
Autant de thèmes très sensibles pour le gouvernement grec, porté au pouvoir en janvier sur la promesse qu'il ne laisserait pas imposer à son pays, épuisé par cinq années de crise et d'austérité, de nouveaux sacrifices. La marge de manœuvre pour le Premier ministre est d'autant plus étroite que les réformes à présent réclamées par les créanciers de la Grèce, hautement impopulaires, sont à peine différentes de celles rejetées massivement par 61 % des électeurs, lors d'un référendum le 5 juillet. Pour faire approuver ces réformes par le Parlement, Alexis Tsipras a dû se rapprocher de l'opposition, au prix de dissensions internes à son parti Syriza, ce qui laisse craindre une nouvelle crise politique.


(Lire aussi : « Je ne suis pas stupide ! » : quand Schaüble exaspère ses homologues)


Sur le front européen, le chef du gouvernement grec a aussi la délicate mission de rétablir la confiance qui s'est brisée au fil de ces six mois de négociations houleuses. Face à lui et à son ministre des Finances Euclide Tsakalotos, les Européens ont affiché leurs divisions tout au long de ce week-end intense : le sommet d'hier a pris d'entrée l'allure d'un pugilat entre l'Allemagne, inflexible, et la France, qui prône une ligne plus souple, autour du maintien ou non de la Grèce dans l'euro. « Cela a été extrêmement dur, si ce n'est violent samedi, car une bonne partie des ministres avaient en tête que la seule bonne solution était le Grexit », confiait hier à l'AFP une source proche des négociations.

En Grèce, l'inquiétude était palpable. « Si on sort de la zone euro, une chose est certaine, le résultat sera une dévaluation terrible », s'inquiétait Dimitri Charalambidis, un commerçant de 59 ans dans le centre d'Athènes, favorable aux mesures d'austérité. « Je me moque bien d'un retour à la drachme, ou de quoi que ce soit, nous soutenons le Premier ministre, quoi qu'il décide, mais aujourd'hui je me sens un peu mal, pas en raison de Tsipras mais à cause de l'attitude de l'Allemagne. Ce Schäuble n'aime pas les gens, je ne sais pas ce qu'il cherche... », soupire, de son côté, Panagiotis Trikokglou, un employé de 44 ans qui vit à Athènes.

 

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commentaires (3)

Ça finit par exciter tout le monde, ce Grexit !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 03, le 13 juillet 2015

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Commentaires (3)

  • Ça finit par exciter tout le monde, ce Grexit !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 03, le 13 juillet 2015

  • HARO... SUR LE BAUDET ! C'EST LA RÈGLE DE TOUS LES EXPLOITANTS SUCEURS DE SANG HUMAIN DANS CE MONDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 14, le 13 juillet 2015

  • Sans compter que ce nouveau plan d'aide, devra être ratifié par les 18 pays de l'Eurogroupe...par un référendum serait un minimum démocrate...

    M.V.

    08 h 32, le 13 juillet 2015

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