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Moyen Orient et Monde - Interview

« Il y a encore un désir de France au Moyen-Orient »

Trois questions à... Jean-Paul Chagnollaud, spécialiste de la question palestinienne et rédacteur en chef de la revue « Confluences Méditerranée ».

Laurent Fabius et Benjamin Netanyahu, dimanche, à Jérusalem. Crédits photo : Pool/Reuters

Tâter le terrain. Évaluer les marges de manœuvres. Poser les premières pierres. Le voyage-éclair au Proche-Orient du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, devait permettre de relancer une initiative de paix au Proche-Orient. Une mission hautement symbolique et délicate dans laquelle Paris s'engage avec beaucoup de pragmatisme. « La France n'a pas non plus la vocation à être Don Quichotte », elle doit être « réaliste » et ne pas « semer des illusions », a d'ailleurs déclaré M. Fabius. Et Paris a prévenu : si la voix diplomatique ne donne rien, l'exécutif français reconnaîtra l'État palestinien.
Si l'initiative française a été plutôt mal perçue du côté des Israéliens, M. Fabius a reçu un accueil chaleureux en Égypte, en Jordanie et à Ramallah. Retour sur les enjeux de l'initiative française avec Jean-Paul Chagnollaud, spécialiste de la question palestinienne et rédacteur en chef de la revue Confluences Méditerranée.

 

Quels étaient les enjeux de la visite de Laurent Fabius au Proche- Orient ?
Il y a deux enjeux. D'une part, la France avait besoin de rééquilibrer sa politique au Moyen-Orient. Paris a investi beaucoup d'efforts dans ses relations avec les pays du Golfe ou sur la question du nucléaire iranien, mais il y avait un vide sur la question palestinienne. De nombreux diplomates, avec qui j'ai eu l'occasion de parler, mettaient d'ailleurs en avant ce désir d'un retour de la France sur ce dossier. D'autre part, la France a agi sur un sujet que tout le monde est en train d'oublier. C'est un symbole important de voir une puissance européenne prendre ses responsabilités sur ce dossier alors que l'Europe semble l'avoir complètement abandonné. Je ne crois pas, par contre, que les motifs de politique intérieure aient joué dans cette histoire.

 

(Lire aussi : Au nez de Fabius, Netanyahu refuse tout « diktat international »)

 

De quelle marge de manœuvre dispose la France sur ce dossier ?
La marge de manœuvre existe, puisqu'il y a encore un désir de France au Moyen-Orient, particulièrement dans les pays arabes. La France bénéficie encore d'une image positive dans le monde arabe, et elle apparaît comme le seul pays européen en mesure de prendre l'initiative. À l'inverse, le gouvernement de Netanyahu ne voit pas d'un bon œil l'initiative française. Comme pour les gouvernements qui l'ont précédé, le schéma est simple : ils refusent toute forme d'action diplomatique qui pourrait remettre en question leur avantage dans le rapport de force bilatéral. Cette réaction est dangereuse pour la région, et dangereuse pour Israël, puisqu'il a intérêt à encourager les négociations de paix à long terme. Laurent Fabius l'a compris et s'est montré très lucide sur ce dossier.

 

Quelle est la réaction américaine à cette initiative ?
Les Américains veulent conserver la maîtrise du dossier. Je serai très étonné par un changement de position de leur part, mais l'accord avec l'Iran peut ouvrir de nouvelles possibilités. Cela laisse entrevoir l'idée que, dans le cas où les Français soumettraient une résolution à l'Onu concernant le conflit israélo-palestinien, les Américains pourraient décider de ne pas la bloquer, contrairement à ce qu'ils font systématiquement pour l'instant. Ils pourraient décider de s'abstenir. La marge de manœuvre est très faible, mais la volonté française reste un geste fort. Le silence serait la pire des choses. Il est important de rappeler les faits, de marquer un chemin.

 

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commentaires (5)

La France dispose toujours des mêmes moyens politiques et militaires qu'elle avait du temps du général de Gaulle : Siège permanent avec droit de véto au Conseil de Sécurité de l'ONU, bombe nucléaire, sous-marins SNLE etc... mais, à l'époque, elle avait à sa tête le général de Gaulle, ce qui n'est plus le cas depuis sa disparition. Comprenne qui pourra.

Un Libanais

13 h 40, le 23 juin 2015

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Commentaires (5)

  • La France dispose toujours des mêmes moyens politiques et militaires qu'elle avait du temps du général de Gaulle : Siège permanent avec droit de véto au Conseil de Sécurité de l'ONU, bombe nucléaire, sous-marins SNLE etc... mais, à l'époque, elle avait à sa tête le général de Gaulle, ce qui n'est plus le cas depuis sa disparition. Comprenne qui pourra.

    Un Libanais

    13 h 40, le 23 juin 2015

  • DÉSIR DE LIBERTÉ ET DE JUSTICE... MAIS... EST-CE LA FRANCE DE TOUJOURS ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 44, le 23 juin 2015

  • " ni avec l'un ni avec l'autre "..? mais il y a bien un des deux qui a refusé d'être l'autre...

    M.V.

    10 h 53, le 23 juin 2015

  • L'ONU a créé l'Etat d'Israël en divisant la Palestine en deux Etats, un juif et un arabe. C'était le 29 novembre 1947. Depuis, la France n'est ni avec l'un ni avec l'autre. Elle respecte la décision de l'ONU point final.

    Un Libanais

    10 h 07, le 23 juin 2015

  • C'est une évidence ! depuis que la France n'est plus un grande puissance...(économiquement 5ème rang ,politiquement ?) selon Mister Fabius ...elle n'a pas vocation à jouer Don Quichotte ...! ,ben voyons ....puisque elle joue depuis quelques années au moulin à vent....

    M.V.

    07 h 52, le 23 juin 2015

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