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Liban - Droits de l’homme

Amnesty International lance son rapport mondial depuis le Liban, « épicentre de la crise des réfugiés syriens »

« C'est une conspiration de négligence, et l'indifférence des dirigeants du monde condamne des millions de déplacés à la misère et à la mort », dénonce l'organisation.

Le secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty, et Khairunissa Dhala, chercheuse au sein de l’organisation, présentant le rapport. Photo Sami Ayad

« Le monde fait face aujourd'hui à la plus terrible crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. Jamais autant de personnes n'ont été contraintes de quitter leurs pays », a affirmé hier le secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shetty, depuis le siège du syndicat de la presse à Beyrouth, où il a rendu public un rapport intitulé « La crise globale des réfugiés : une conspiration de négligence ». Salil Shetty a affirmé avoir choisi de lancer le rapport depuis le Liban, « puisqu'il est en quelque sorte l'épicentre de la crise des réfugiés syriens ». « Un million de réfugiés dans le monde ont désespérément besoin d'être réinstallés. La Syrie connaît la plus importante crise de réfugiés dans le monde. Quatre millions de réfugiés syriens luttent pour survivre en Turquie, au Liban, en Jordanie et en Irak. Plus de trois millions de réfugiés sont également recensés en Afrique subsaharienne, une région oubliée. La réponse de la communauté internationale à tous ces défis a malheureusement été décevante. Elle constitue une honte et un échec. Le monde a tourné le dos aux gens les plus vulnérables, et les gouvernements privilégient leurs intérêts politiques au détriment de la compassion humaine », a poursuivi M. Shetty. Et d'ajouter : « Le monde ne peut plus rester passif tandis que des pays comme le Liban et la Turquie assument des fardeaux aussi lourds. Aucun pays ne devrait avoir à gérer une urgence humanitaire d'une telle ampleur en recevant si peu d'aide, au motif qu'il partage ses frontières avec un pays en guerre. »


S'attardant sur le dossier du Liban, Salil Shetty, reçu par le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a remercié le pays qui a toujours accueilli les Palestiniens et maintenant les Syriens, avec très peu de soutien international. « Le Liban compte un réfugié pour cinq habitants, la plus grande concentration de réfugiés par habitant dans le monde. Hier, nous avons visité la plaine de la Békaa, a-t-il raconté. Chacun des réfugiés que nous avons rencontrés voulait seulement rentrer chez lui, une option surréelle dans le futur proche. »

 

( Lire aussi : Les frontières du monde doivent être ouvertes aux réfugiés syriens, selon l'ONU)

 

La fermeture des frontières libanaises
De son côté, Khairunissa Dhala, chercheuse au sein d'Amnesty International, a assuré que seulement 23 pour cent des fonds demandés par les Nations unies pour les réfugiés syriens ont été collectés en 2015. Quant au Liban, note Amnesty, il ne reçoit que 18 % des fonds nécessaires à l'aide aux réfugiés.
« Les réfugiés que nous avons rencontrés hier au Liban ont fait part de leur anxiété concernant le renouvellement de leurs papiers, un processus qui nécessite de nombreux documents et le paiement de sommes non négligeables. Certains réfugiés ayant accompli toutes les formalités n'ont pas réussi à renouveler leurs documents. Depuis début 2015, le Liban a fortement réduit l'entrée des personnes fuyant la Syrie et mis en place de nouveaux critères et directives pour autoriser l'entrée de nouveaux réfugiés. Depuis, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a enregistré une baisse de 80 pour cent des entrées de réfugiés par rapport à la même période en 2014. »
« Nous comprenons que le Liban porte un lourd fardeau, mais fermer les frontières est une violation des lois internationales. Par ailleurs, le Liban devrait œuvrer pour améliorer les conditions des réfugiés déjà présents au Liban », a-t-elle par ailleurs confié à L'Orient-Le Jour, sans pour autant expliquer comment le Liban pourrait concilier une réouverture des frontières et une amélioration des conditions des réfugiés déjà présents.

 

( Pour mémoire : UNHCR : Le nombre de réfugiés syriens arrivés au Liban en baisse par rapport à 2014 )

 

Une série de propositions
Dans son rapport, Amnesty International présente aussi des propositions afin de redynamiser le système de protection des réfugiés dans le monde, exhortant les États à prendre des engagements fermes afin de s'acquitter de leurs obligations juridiques individuelles.
« Nous appelons les gouvernements à s'engager à réinstaller collectivement sur les quatre prochaines années un million de réfugiés qui en ont actuellement besoin, à mettre en place un fonds mondial qui servira aussi à soutenir les pays accueillant un grand nombre de déplacés », a pour sa part déclaré le responsable des droits des réfugiés et des migrants au sein d'Amnesty, Sherif el-Sayed Ali. Il a également appelé tous les pays à ratifier la Convention de l'Onu relative au statut des réfugiés, à tenir un congrès international qui s'occuperait du « partage du fardeau », et à combattre la xénophobie et le trafic humain.
« Les réfugiés, en plus de leurs souffrances liées à la fuite des zones de conflit, endurent tout genre de discrimination et une lourde négligence, sans oublier certaines violations claires des conventions internationales, qui stipulent qu'aucun réfugié ne peut être forcé à rentrer chez lui », a souligné Salil Shetty. « Au lieu de réinstaller les réfugiés, le monde les pousse à la mer », a-t-il martelé.
Le rapport note effectivement que 3 500 personnes sont mortes noyées en tentant de traverser la Méditerranée, « l'itinéraire maritime le plus dangereux » en 2014, et 1 865 depuis janvier 2015 (contre 425 pour la même période en 2014). L'ONG note également que 300 réfugiés sont morts noyés dans la mer d'Andaman durant le premier trimestre de l'année 2015.

 

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