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À La Une - Reportage

Ces enfants syriens réfugiés au Liban qui travaillent pour survivre...

« Le directeur nous frappe, les autres travailleurs nous frappent, mais que pouvons-nous faire? »

Des jeunes réfugiés syriens dans une rue de Beyrouth. Joseph Eid/AFP

La journée de Haytham, un Syrien de quinze ans réfugié à Beyrouth, commence à sept heures du matin. Pas à l’école, mais à garnir en produits les rayons d’un supermarché.
Haytham est l’un des milliers d’enfants syriens qui ont fui le conflit en Syrie et sont obligés de travailler pour survivre et apporter une contribution aux revenus familiaux. Les garçons cirent les chaussures pour quelques dollars, tandis que les petites filles mendient, vendent des roses ou des chewing-gum dans les rues de Beyrouth. Il n’existe pas de chiffres précis sur le nombre d’enfants syriens travaillant au Liban, mais plusieurs d’entre eux racontent des histoires d’exploitation et d’abus.
Haytham, un adolescent plein d’assurance, travaille environ dix heures par jour, mais n’a pas de salaire fixe. Il survit des pourboires de clients dont il transporte les achats. En présence de son patron, il se dit heureux mais il suffit qu’il s’en éloigne pour commencer à se plaindre. « Nous sommes humiliés et insultés », dit-il, interrogé par l’AFP. « Le directeur nous frappe, les autres travailleurs nous frappent mais que pouvons-nous faire ? Nous devons accepter pour pouvoir continuer à travailler. » Haytham, comme beaucoup d’autres enfants, dit rêver de retourner à l’école. Il n’est pas fixé sur ce qu’il veut faire plus tard, mais espère seulement devenir « son propre maître ».

Violences
Haytham est arrivé au Liban il y a trois mois, laissant derrière lui une famille qui a désespérément besoin d’argent dans la province de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie. Il partage une chambre avec neuf cousins dans un immeuble partiellement abandonné qui grouille de réfugiés.
Cette histoire est le lot commun de Abir Abi Khalil qui travaille pour l’Unicef, l’agence de l’ONU pour l’enfance. Plus de la moitié des réfugiés syriens enregistrés au Liban sont des enfants, soit près de 350 000 personnes. Et il y a environ 150 000 enfants supplémentaires non enregistrés, qui sont d’autant plus vulnérables. « En termes d’impact sur leur bien-être psychologique et social, l’effet est énorme », souligne Mme Abi Khalil, en ajoutant qu’« ils peuvent être sévèrement traumatisés ».
Avec des ONG partenaires, l’Unicef a commandé une étude sur les enfants réfugiés qui travaillent au Liban et sur les moyens de les aider. « Peu importe la raison, des enfants d’un certain âge ne doivent pas travailler », note Mme Abi Khalil. Dans la rue, les enfants qui travaillent sont exposés à la violence physique et sexuelle, et beaucoup ont tout simplement trop peur pour décrire leurs expériences.

« Le droit de savoir »
L’un des partenaires de l’Unicef, le Mouvement social, propose des cours tous les jours pour les enfants de réfugiés syriens, y compris ceux qui travaillent. Dans leur centre du quartier pauvre de Bourj Hammoud, les enfants apprennent des choses simples comme l’hygiène mais prennent aussi des cours de rattrapage qui peuvent les aider à réintégrer le système scolaire.
Le bâtiment simple est orné de dessins dont des fleurs en papier énonçant sur chacune de leurs pétales un droit des enfants. « J’ai le droit de savoir », dit l’une. « J’ai le droit de jouer », poursuit une autre.
Dans une salle de classe, un enseignant appelle les enfants au tableau pour apprendre l’anglais.
« La Syrie me manque », écrit une jeune fille en lettres colorées. Le centre accueille environ 600 enfants par semaine, des Syriens comme des Libanais.
Rim, à 15 ans, vient de la province d’Alep. Elle a travaillé pendant trois mois dans des magasins de vêtements avec des employeurs qui refusaient de la payer ou la harcelaient sexuellement. « L’un des employeurs m’a accusé de vol pour ne pas me payer (...) et un autre est venu me dire qu’il voulait m’épouser », raconte-t-elle, tremblante. Elle a cessé de travailler et fréquente le centre dont les animateurs tentent de convaincre les parents qu’il est mieux pour leurs enfants d’apprendre à lire que d’aller travailler. « Nous écoutons les familles et tentons de trouver une solution ensemble », déclare la directrice du Mouvement social, Feyrouz Salameh.

 

 

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