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Liban - Interview

L’idée-force de Gebran Bassil : « Créer des liens entre les Libanais et la diaspora »

Le chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, veut que soient partagées, le plus largement possible, les « success stories » des Libanais de l’étranger. Photo Sylviane Zehil

Comment explorer et exploiter la grande richesse et l'énergie économique de la diaspora libanaise ? En « créant des liens entre les Libanais du Liban et ceux qui sont répartis dans le monde ». Un bien bel objectif fixé par le ministre des Affaires étrangères et des Émigrés, Gebran Bassil. Le chef de la diplomatie a en effet battu le rappel des Libanais de l'étranger pour prendre part à la conférence « Lebanese Diaspora Energy », qui entame ses travaux aujourd'hui, jusqu'au 23 mai.
Ce grand rassemblement, qui se tient au Hilton Habtoor Grand Hotel, en présence de plus de 1 200 participants venant de 73 pays, fait suite à l'initiative lancée, l'an dernier, par le ministre Bassil, qui travaille sans relâche, avec détermination et enthousiasme, convaincu des profondes ramifications économiques et politiques de cette entreprise. Les « success stories » des Libanais sont nombreuses dans tous les domaines. Leurs « histoires seront partagées » lors de cette réunion.
Quels sont les objectifs et les attentes de ce vaste programme si ambitieux ? Dans une interview accordée à L'Orient-Le Jour au ministère des Affaires étrangères, au retour d'une journée bien laborieuse, le ministre Bassil s'explique.

 

« Success stories »
« 1 200 émigrés venant de 73 pays y prendront part. » Qui sont-ils ? « Des Libanais qui se sont distingués par le succès de leurs réalisations dans tous les domaines : en politique, dans l'industrie, les affaires, la finance, la banque, la médecine, la science, la recherche, la construction, l'enseignement académique, les médias, l'art, la culture, la restauration, l'hôtellerie et le tourisme », affirme le ministre. « Ils ont tous une "success story" à partager. Rassembler autant de personnes de tous les horizons, en ces temps difficiles, est déjà une grande gageure ! » lance-t-il triomphalement. « Cette conférence a été organisée par nos propres moyens avec le parrainage de nombreuses compagnies », note-t-il.

 

Droits de citoyenneté et de vote
Le chef de la diplomatie souligne que l'important discours d'ouverture qu'il prononcera ce matin constituera « la feuille de route sur les perspectives et la vision de cette ambitieuse entreprise ». Quel en est objectif ? « Il s'agit d'abord de créer des liens entre les Libanais et leur pays d'origine au niveau de la langue, de l'identité, de l'attachement à la terre, des sentiments affectifs et même de la nostalgie ; nouer ensemble des liens avec le Liban et aussi entre eux pour donner une valeur ajoutée à ce réseau disséminé dans le monde ; et enfin pour qu'ils reprennent leurs droits entiers, à savoir : droits de vote, à la nationalité et à la citoyenneté ».

 

Pas de recensement
Combien de Libanais sont établis en dehors de leur pays d'origine ? Existe-t-il un recensement officiel ? « On compte approximativement 14 millions de Libanais à l'étranger et quatre millions au Liban », estime le ministre Bassil. « Ce qui représente un énorme marché pour le pays avec d'importantes retombées économiques », confie-t-il. Quant au recensement, « c'est une des carences de la politique de l'État envers les émigrés », dit-il. « C'est dommage qu'une telle richesse ne soit pas valorisée ! Certains pays, comme l'Amérique centrale et les Caraïbes, n'ont pas de représentation diplomatique, alors qu'on y compte au moins un million de Libanais qui ont bien réussi ! Si bien que des Libanais ont été nommés Premiers ministres dans certains pays », comme c'est le cas d'Emily Saïdi de Jongh-Elhage, à la tête du parti politique Party for the Restructured Antilles, ministre-présidente des Antilles néerlandaises et ministre des Affaires étrangères depuis 2006. Elle sera d'ailleurs présente à cette conférence.

 

Le rôle des médias
Gebran Bassil met aussi l'accent sur l'importance du rôle joué par les médias libanais à l'étranger dans la réalisation de cet objectif. « Un de nos nombreux objectifs est de rassembler tous les journalistes pour donner une bonne image du pays qui est vraie et pour transmettre le message d'appui au Liban. Ce message mettra en exergue les besoins politiques et économiques du pays, et soulignera l'importance de son existence en tant que pays modèle entre les nations », note-t-il. Et le ministre d'ajouter : « Il y a un certain nombre de journalistes libanais à l'étranger qui se sont distingués en laissant leur marque. Nous profiterons de leur expertise et de leurs ressources. »

 

Diaspora diplomatique et économique
Le ministre Bassil souligne par ailleurs l'importance de la diaspora diplomatique et économique, et le rôle actif des missions diplomatiques. « La diplomatie doit avoir un volet non seulement politique, mais aussi relatif à la diaspora », précise-t-il. « Nos ambassades devraient s'occuper davantage de tout ce qui touche aux intérêts des Libanais à l'étranger, qui tombent dans le cadre de la diplomatie de la diaspora à tous les niveaux : celui des affaires, de leurs droits pour faciliter les contacts avec l'ambassade et le e-registration, mais aussi au niveau de l'assistance aux Libanais », ajoute M. Bassil.
« L'objectif est que la cellule diplomatique de l'ambassade puisse aussi travailler sur l'économie : avec la promotion des produits libanais à l'étranger, la participation à des congrès, festivals et foires ; en encourageant les jeunes à créer leurs start-up et à identifier les occasions qui existent. C'est un travail de longue haleine tant au niveau du tourisme que celui de la culture et de l'investissement. Et ce qui est tout aussi important, c'est d'encourager les Libanais et les étrangers à venir au Liban. Les diplomates ont beaucoup de travail à faire dans ce sens », estime-t-il.

 

Musée de l'émigré et création de neuf maisons à Batroun
Cette conférence sera également marquée par la mise sur pied d'un vaste projet avec la création de neuf maisons libanaises à Batroun qui comprendront cinq fonctions publiques : un musée, un café, un motel, un office de tourisme et une salle polyvalente. « Ce sera un pôle d'attraction et un foyer pour les émigrés. Ils auront ainsi une adresse et un endroit pour séjourner. Ils sentiront une certaine appartenance », juge-t-il. Pourquoi Batroun ? « Parce que c'est un site archéologique unique qui a beaucoup de charme. Tout sera pris en charge par la municipalité, qui a gracieusement offert tous ces services. Où peut-on avoir une initiative pareille ? » lance-t-il.

 

« e-voting » à l'étranger
Qu'en est-il de la participation aux élections des Libanais de l'étranger, question qui est sur les lèvres de nombreux émigrés ? « Nous voulons donner vraiment à tout le monde la chance de participer aux élections, dit-il. Voter à l'étranger, c'est aussi permettre le "e-voting" , avec un nombre restreint de députés pour chaque continent. C'est comme cela que la représentativité est proportionnelle », estime le ministre. « Ils s'intégreront graduellement à la vie politique. Nous les encouragerons au début en leur donnant un quota, un représentant par continent », conclut-il.

 

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commentaires (5)

Avec la politique que vous menez vous et votre beau-père, les émigrés ne veulent plus rentrer au Liban même pour des vacances. Moi le premier.

Achkar Carlos

16 h 53, le 21 mai 2015

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Commentaires (5)

  • Avec la politique que vous menez vous et votre beau-père, les émigrés ne veulent plus rentrer au Liban même pour des vacances. Moi le premier.

    Achkar Carlos

    16 h 53, le 21 mai 2015

  • UNE IDÉE FORCE... DU GENDRISSIME PARAVENTISSIME ? OU UNE NÉCESSITÉ NATIONALE ET HISTORIQUE ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 55, le 21 mai 2015

  • TITRE ARCHI ERRONÉ ! DEVRAIT ÊTRE : CRÉER DES LIENS ENTRE TOUS LES LIBANAIS... RÉSIDENTS ET DIASPORA !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 00, le 21 mai 2015

  • Je suis absolument sûr et certain que les Libanais et les descendants de Libanais dans les pays d'émigration se disent au fond de leur âme ceci : Tout d'abord, avant tout, par-dessus tout, de manière strictement indispensable que ces responsables qui viennent nous inciter à provoquer en nous un attrait irrésistible vers le Liban, fassent du Liban un pays démocratique normal, avec un Etat démocratique normal, avec institutions démocratiques normales, à commencer par une présidence de la République normale, pourvue d'un président de la République normalement et démocratiquement élu. Un pays hautement stable, délivré des crises régionales et à l'abri de ces crises. Est-ce le cas avec toutes les anomalies dans lesquelles se débat le Liban ? Le reste n'est qu'apparences, réunions inutiles, bavardage lassant, "haki fadi". Il faut beaucoup de sérieux dans cette question des émigrés. Sinon les résultats non seulement n'auront rien de positif, mais seront plutôt très négatifs.

    Halim Abou Chacra

    05 h 46, le 21 mai 2015

  • C'est quoi cette horloge, d'un "ordinaire!", au poignet ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 33, le 21 mai 2015

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