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Liban - Pédagogie

« Les jeunes ont toujours leur téléphone portable à côté d’eux, ils n’arrivent pas à s’en détacher »

La faculté des sciences humaines de l'Université Saint-Joseph (USJ) a organisé mercredi un séminaire sur la thématique « Les jeunes et le numérique ». Les écrans numériques sont devenus des outils incontournables, qui ne présentent cependant pas que des dangers.

Pour Serge Tisseron, « les dérives du numérique – privilégier les relations virtuelles, cyberdépendance – ne sont pas la faute à Internet, mais la faute à une immersion trop précoce ».

Smartphones, ordinateurs, tablettes, télévisions, les jeunes ont les yeux rivés sur (au moins) un écran tout au long de la journée. « C'est un fait : mes étudiants sont présents et motivés aux cours, mais en même temps, ils ont toujours leur téléphone portable à côté d'eux, ils n'arrivent pas à s'en détacher. » C'est ce que constate Samir Hoyek, professeur en sciences de l'éducation à l'USJ et organisateur du séminaire « Les jeunes et le numérique ».
Le numérique est partout et suscite tout de même des réflexions. Quels sont ses dangers ? Les supports numériques remplaceront-ils définitivement les livres ? Quels changements sociaux induit-il ? Toutes ces questions ont été abordées par les conférenciers invités : Pierre Léna, astrophysicien et professeur émérite à l'Université de Paris-Diderot et Serge Tisseron, psychiatre spécialiste des technologies numériques.
Pour Serge Tisseron, il est certain que cette « culture des écrans » affecte le développement intellectuel et psycho-affectif de l'adolescent. « L'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux a ses spécificités : elle a bouleversé nos habitudes sur le plan culturel, cognitif et psychologique », affirme le conférencier. Il poursuit en estimant que la culture des écrans a favorisé la création collective et conçoit le savoir comme un partage, comme sur Wikipédia par exemple.
Revenant sur la question des réseaux sociaux, dont les dangers sont régulièrement mis en exergue, M. Tisseron souligne que sur Facebook, le jeune est à la recherche du plus grand nombre d'« amis » avec qui il n'a véritablement qu'un lien amical faible. « Mais en réalité, fait remarquer le psychiatre, l'adolescent n'est pas dupe, il est conscient que ce ne sont pas des amis, mais bien des contacts. Le jour où il sera à la recherche d'un logement à l'étranger ou d'une voiture à vendre, il pourra activer ce réseau virtuel. »
Pour ce psychiatre, « les dérives du numérique – privilégier les relations virtuelles, cyberdépendance – ne sont pas la faute à Internet, mais la faute à une immersion trop précoce ». Les internautes ne sont pas « coupables, ils sont victimes d'une surexposition à Internet, sans en avoir eu les clés et les repères de compréhension au préalable ».

Enseigner la science de l'informatique
Passionné par la transmission de la science, Pierre Léna plaide pour faire entrer la science informatique à l'école. Il estime qu'« il est urgent de ne plus attendre pour enseigner l'informatique afin que l'adolescent comprenne ce qui se passe derrière les écrans ». Selon lui, « ce sont des enjeux nouveaux. Tous les pays n'ont pas encore compris la nécessité de cette science dans l'éducation. Le pays le plus évolué en la matière est le Royaume-Uni ». L'éducation à la science de l'informatique est encore très modeste, mais M. Léna est convaincu qu'elle contribuerait à une meilleure utilisation de l'outil technologique. L'objectif est de « faire comprendre aux (utilisateurs) les mécanismes et les façons de penser du monde numérique qui les entourent et dont ils dépendent ».
Il constate aussi que dans notre ère numérique, « le professeur n'est plus le seul détenteur de l'information ». Pour pallier à cette évolution pédagogique, il faut donc repenser le rôle de l'enseignant. « Le cours magistral devrait être remplacé par une leçon interactive » ajoute-t-il.

 

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