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Liban - Médias

Le virus H1N1, objet de désinformation

Photo Bigstock.

Rien ne semble plus retenir certains présentateurs de programmes télévisés qui font la course à l'audimat. Partant de ce fait, toute information, aussi infondée soit-elle d'un point de vue scientifique, leur semble utile si elle peut attirer un plus grand nombre de téléspectateurs. Du coup, les règles de base de l'information journalistique sont oubliées. L'éthique et la déontologie professionnelle ne trouvent plus de place dans ce paysage de médias avides de sensationnalisme.

Le dernier épisode de cette interminable saga remonte à la soirée de lundi. Deux présentateurs de programmes similaires sur deux chaînes rivales ont affirmé à qui veut l'entendre – hélas, ils sont nombreux dans ce cas – qu'ils détiennent des preuves sur l'existence de cas de H1N1 dans le pays, « malgré les démentis du gouvernement ». Le scoop, quoi !
Assurant qu'ils n'ont nullement l'intention de « semer la panique », les deux présentateurs ont chacun de leur côté pointé du doigt le ministère de la Santé, qui aurait leurré les citoyens en cachant une telle information. Il est à signaler que pas un seul avis médical n'a été recueilli, les présentateurs en question se contentant de diffuser des témoignages d'une personne dont un membre de la famille « a succombé des suites du H1N1 ».

Malheureusement, le mal a été fait. Ces quelques minutes à l'antenne ont été suffisantes pour semer la panique. On en oublie que le A(H1N1) n'est qu'un virus saisonnier de la grippe, que celui-ci a été moins virulent qu'on ne le pensait et que la grippe entraîne chaque année des milliers de morts quelle que soit la souche, comme nous l'avons maintes fois précisé dans les pages de ce journal. Il convient également de rappeler qu'en 2009, grâce aux mesures prises par le ministère de la Santé, le Liban a été le dernier pays de la région à être contaminé par le virus A(H1N1).

Les précisions du ministère
En réponse à ces émissions, le ministère de la Santé a publié hier un communiqué rappelant que le virus A(H1N1) est apparu pour la première fois dans le monde en 2009, causant une pandémie, « la population mondiale n'étant pas protégée contre cette nouvelle souche du virus de la grippe ». En août 2010, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la fin de cette pandémie, baptisée alors grippe porcine.
Depuis 2009 donc, le virus A(H1N1) fait partie des virus saisonniers de la grippe, supplantant les souches qui l'ont précédé, insiste encore le ministère de la Santé. Il précise que cette souche du virus est comprise dans le vaccin antigrippal qui compte en plus la souche A(H3N2) et une souche de l'influenza B.

« Les symptômes d'une grippe due au virus A(H1N1) sont similaires à ceux causés par d'autres virus de la grippe, ajoute le ministère de la Santé. En cette saison grippale 2014-2015, les souches qui ont prévalu dans le monde sont les A(H1N1), A(H3N2) et B. Cela s'applique également au Liban, où la saison grippale sévit encore. Il est par ailleurs connu que la grippe est toujours associée à des complications – souvent graves – chez les enfants, surtout les nouveau-nés, les personnes âgées, les femmes enceintes, les personnes ayant une déficience immunitaire et celles souffrant de maladies chroniques comme les maladies cardiaques, le diabète et l'asthme. »
« Des cas de grippe due au virus A(H1N1) ont été diagnostiqués un peu partout dans le monde », explique à L'Orient-Le Jour le Dr Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses. « Cette année toutefois, il y a une mutation du virus A(H3N2), poursuit-il. De ce fait, la nouvelle souche de ce virus n'était plus identique à celle comprise dans le vaccin. Donc, les personnes qui ont reçu ce vaccin n'étaient plus protégées ou étaient insuffisamment protégées contre la grippe A(H3N2) de cette année. La grippe due au virus A(H1N1) était beaucoup moins fréquente, vu que les individus sont protégés par le vaccin. »
Et le Dr Mokhbat d'insister : « Il ne faut pas oublier que A(H1N1) et A(H3N2) sont des virus de la grippe. Or il est connu que la grippe entraîne une fièvre et des complications pulmonaires, souvent graves, chez les personnes à risque. »

En conclusion, il reste à préciser qu'une simple recherche sur des sites aussi crédibles que ceux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ou d'autres sociétés médicales aurait permis aux présentateurs de ces émissions de fournir à leurs audiences respectives des informations plus précises. Mais le résultat n'aurait certainement pas été le même sur l'échelle de l'audimat.

 

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